Culture

Longueuil fait retirer une œuvre qui a dérangé

le vendredi 21 juin 2024
Modifié à 9 h 30 min le 10 juillet 2024
Par Eric Tremblay

etremblay@gravitemedia.com

Une œuvre d’art public a dérangé à Longueuil, au point où la Ville a fait retirer le personnage réaliste qui était installé pour donner l’impression qu’une fille se balançait d’un arbre du parc St.Mark.

L’installation a été retirée après que des plaintes aient été formulées. Des gens ont été confondus par le réalisme de l’oeuvre, croyant à tort qu’une personne pouvait être en détresse.

«La Ville a décidé de faire retirer l’œuvre d’art de Mark Jenkins étant donné qu’elle créait une certaine confusion parmi les citoyens de par la nature de l’œuvre», a laissé savoir le service des communications de la Ville de Longueuil.

Vincent Roy, codirecteur général et directeur artistique chez Exmuro, responsable de l’installation, a été informé de la situation après que l’œuvre ait été retirée. «Je suis déçu pour l’artiste, a-t-il confié. C’est aussi une diffusion de moins.»

Le panneau explicatif devait être installé vendredi [21 juin], au lendemain du retrait de l’œuvre, ce qui a sûrement contribué à l’incompréhension des visiteurs du parc de l’arr. du Vieux-Longueuil. 

Néanmoins, le directeur artistique d’Exmuro n’est pas totalement surpris. L’œuvre sans titre de Mark Jenkins avait suscité des réactions auparavant à Québec, Gatineau et Boston. «L’artiste est connu par ce désir d’étonnement, a poursuivi M. Roy. À Boston, des gens ont contacté les pompiers. Finalement, la médiation a permis de comprendre l’œuvre et a servi à la promotion.»

L’œuvre retirée devait au départ rester au parc St.Mark jusqu’au 1er octobre. 

Le parc St.Mark. (Photo: Le Courrier du Sud - Ali Dostie)

Laisser le temps 

Vincent Roy est un défenseur du principe de laisser les œuvres parler, de leur accorder du temps. «On réagit vite alors que l’on aimerait laisser la chance au projet de vivre, a-t-il résumé. À peu près n’importe quelle œuvre d’art public, même si elle n’est pas perturbante, bouscule. Il faut laisser le temps au temps.»

Il observe que parfois, les plaintes ne proviennent pas de ceux qu’on aurait cru susceptibles d’être choqués. Souvent, ceux-ci deviennent plutôt de bons ambassadeurs de ces œuvres.

L’art qui bouscule

Mark Jenkins est un artiste américain qui réalise des installations sculpturales. Celles-ci sont reconnues pour être très réalistes. Pour lui, la rue est une scène et ses œuvres trouvent leur place dans l’environnement, au point où les passants deviennent à leur insu des acteurs de ces installations.

Celle installée à Longueuil était fabriquée à partir de plastique et de bois avant d’être recouverte de vêtements. Les cheveux, plaqués sur le visage, contribuent à cacher les émotions et accentuent ainsi au réalisme.

«Ses œuvres sont ludiques, parfois troublantes, reconnaît M. Roy. Mais pour moi, c’est ça que ça crée, l’art. Parfois, il faut bousculer les conventions.»

Les critères d’Exmuro pour la gestion de sa collection sont de ne pas y inclure d’œuvres à caractère violent ou sexuel. Ensuite, comme le directeur artistique le dit, c’est une question d’appréciation. 

L’œuvre retirée devrait retourner dans les entrepôts d’Exmuro à Québec. Mark Jenkins sera aussi contacté pour lui expliquer la situation. «Je pense qu’il pourrait être déçu, mais peut-être qu’il n’en est pas à sa première controverse. »

Le Courrier du Sud a tenté, sans succès au moment de mettre en ligne, d’obtenir des commentaires de l’artiste Mark Jenkins.