Maison incendiée : un an d’attente pour un permis de démolition
Une résidente de la rue Wolfe a eu la malchance d’être victime d’un incendie le 8 mai 2024. Rien pour lui simplifier la vie, elle attend depuis près d’un an que la Ville de Longueuil lui remette un permis de démolition pour pouvoir reconstruire sa demeure.
Sue-Hellen Rivera se souviendra toujours du 8 mai 2024. Ce matin-là, comme d’habitude, après le petit-déjeuner, l’infirmière souhaite une bonne journée à ses deux chiens et à son chat et quitte pour le travail. «Je m’étais levée en retard et je n’avais pas joué comme d’habitude avec eux. Quand je suis partie, j’ai vu mon chat qui me regardais par la fenêtre et je lui ai dit que je jouerais avec lui à mon retour», raconte-t-elle devant cette même fenêtre, la voix enrouée par l’émotion.
Victime d'un incendie en mai 2024, Sue-Hellen Rivera aura attendu près d'un an pour obtenir un permis de démolition. (Photo: Le Courrier du Sud – Denis Germain)
«Vers 8h20, quelqu’un m’a appelé pour me dire que ma maison était en feu. Mais je ne comprenais pas vraiment ce qu’il disait. Il disait qu’il avait eu mon numéro d’Hydro-Québec. Je me demandais s’il ne s’agissait pas d’une blague ou de voleurs.»
Elle appelle donc sa mère qui habite à cinq minutes. Le pire se confirme.
De retour chez elle, l’infirmière est informée de la perte de son chat et de l’un de ses chiens. «J’étais dévastée, indique la jeune femme avec émotion devant sa maison barricadée. Je ne pensais même pas aux pertes matériels.»
Et des pertes, il y en a. Selon ses assurances, la maison est une perte à 50,3 % et il en coûtera moins cher de démolir et reconstruire à neuf que de rénover. «Dès le lendemain, la Ville m’a avisée que j’étais responsable de mon terrain et que j’avais entre 24 et 48 heures pour tout nettoyer ce que les pompiers avaient laissé derrière eux. Mon assureur n’était même pas encore venu. Et là on me demandait de nettoyer ma cour! C’était impossible!»
En octobre, Mme Rivera a reçu une amende de 500 $.
Depuis qu’elle en était propriétaire en 2021, Mme Rivera avait investi quelque 70 000 $ en rénovations dans sa maison datant de 1952.
Dédale administratif
La Ville explique à Mme Rivera qu’elle doit maintenant obtenir un permis de démolition. Mais un employé de la Direction de l'aménagement et de l'urbanisme lui signale que son dossier doit passer devant le comité d'étude des demandes de démolition d'immeubles et que l’attente est d’au moins un an.
Selon les pompiers, l’incendie aurait débuté près de la cuisinière. (Photo: Le Courrier du Sud – Sylvain Daignault)
En décembre, une fois la réponse reçue de son assureur, Mme Rivera dépose finalement son dossier (arpentage, plan d’architecte, etc.). Mais on l’informe qu’il lui manque un document et qu’elle doit effectuer une analyse patrimoniale de sa maison. Cette fois, Mme Riviera estime qu’il en est assez et dépose une plainte auprès du Protecteur du citoyen de la Ville de Longueuil. «Ce n’est pas par caprice que je veux reconstruire ma maison! J’ai passé au feu et ma maison est inhabitable», lance-t-elle au milieu des ruines de son ancienne cuisine.
Violence psychologique
Depuis un an, Mme Rivera se rend fréquemment à sa maison afin de s’assurer que tout est en ordre. Elle a dû faire face à une invasion de rats qui avaient envahi les ruines de sa maison. «Chaque fois que je reviens ici, c’est de la violence psychologique. Je revois mes chiens et mon chat par la fenêtre…» avoue-t-elle, visiblement épuisée.
Des excuses
Le 1er avril, Mme Rivera est contactée par le directeur de la Direction de l'aménagement et de l'urbanisme. «Il s’est excusé au nom de la Ville en ajoutant que mon dossier aurait dû être prioritaire et qu’en moins de trois semaines après ma demande, le processus aurait dû s’enclencher.»
Puis, deux jours plus tard, Mme Rivera a enfin obtenu son permis de démolition. Le dossier doit maintenant passer devant le Comité consultatif d’urbanisme (6 mai) puis devant le conseil d’arrondissement du Vieux-Longueuil (3 juin) afin de s’assurer que les plans de sa nouvelle résidence répondent au règlement sur les Plan d’implantation et d’intégration architecturale.
Questionnée par Le Courrier du Sud concernant les multiples imbroglios dans le dossier de Mme Rivera, la Ville indique «qu’à la suite d’un incendie, les dommages de la propriété, considérée comme perte totale, font en sorte qu’une demande d’autorisation au Comité de démolition n’est pas requise».
Par ailleurs, la Ville remboursera les frais reliés à la demande discrétionnaire de démolition, soit 3889 $. «Nous sommes sincèrement désolés de la détresse qu’a causée le sinistre et tous les inconvénients que cela a pu lui causer», souligne la Ville.
Toutefois, concernant l’amende de 500$, un avis certifié avait bien été envoyé, en mai 2024, demandant de nettoyer le terrain pour des raisons de sécurité et de bien-être des citoyens. «Un constat d’infraction a été livré beaucoup plus tard après l’incendie, en octobre 2024, étant donné que les infractions étaient toujours présentes», soutient la Ville.
Une bonne nouvelle pour Sue-Helen Riviera dans cette histoire mirobolante : sa chienne Hinata, une dalmatienne, se porte très bien. D’ailleurs, Mme Rivera rencontrera bientôt les pompiers qui lui ont sauvé la vie grâce, entre autres, à un masque à oxygène spécialement adapté aux chiens.