Marcel Mussely : « Tant que je pourrai tenir un pinceau, je continuerai! »

Marcel Mussely dans son atelier. (Photo : Le Courrier du Sud – Ali Dostie)
Marcel Mussely a remporté l’or au Mondial Art Academia en 2024 grâce à sa toile «Saveurs de Charlevoix». Un honneur international qui s’ajoute à l’histoire de cette œuvre aussi récompensée à l’American Art Awards. Si ces prix – nombreux dans le parcours du Longueuillois – font plaisir, l'artiste-peintre semble en avoir davantage à raconter sur l’histoire derrière ses œuvres.
Des centaines de paysages qu’il a peints depuis le début de sa carrière, aucun n’a été créé sans un passage du principal intéressé sur le terrain, pour en dessiner les premières esquisses et prendre des photos en guise d’aide-mémoire. Il en est de même pour «Saveurs de Charlevoix».
«J’ai beaucoup parcouru cette région dans ma vie, depuis Tex Lecor et Bruno Côté. J’ai voulu revisiter un même endroit que j’avais peint, mais c’était tout construit, c’était privé. J’ai demandé une permission spéciale, et ç’a été une très belle découverte», raconte M. Mussely.
Bien qu’il en conserve les droits, cette toile fait aujourd’hui partie de la collection d’œuvres d’art de la Ville de Brossard.
L’œuvre Saveurs de Charlevoix. (Photo : gracieuseté)
Période difficile
Depuis ses débuts comme artiste professionnel, Marcel Mussely peut compter sur le soutien de sa conjointe, Denise Poulin, qui se charge de sa carrière. «C’est devant un chevalet qu’un artiste est le plus payant!» résume-t-il.
Ses plus grands succès, M. Mussely les a connus aux États-Unis. Y faire carrière est toutefois plus difficile financièrement, car pour exposer en galerie, l’artiste paie un montant mensuel, contrairement à la pratique au Québec d’accorder un pourcentage par toile vendue.
Et le contexte économique actuel ralentit les affaires chez les artistes. «Ça refroidit les collectionneurs, ils sont sur «hold». C’est la première année que c’est dur à ce point», constate celui qui se dévoue pleinement à son art depuis 1988.
«Mais je continue de peindre. Si tu ne vends pas, continue de travailler, de t’améliorer. Et quand ça va reprendre, tu seras meilleur», ajoute-t-il avec optimisme.
La nature, rien de moins
Parmi les diverses formations et expertises acquises au fil des ans, ses années à la Famous Artist School de Westport, au Connecticut, alors qu’il était dans la vingtaine, occupe une place spéciale dans le cœur de l’artiste. «C’est là où j’ai appris le dessin, et la discipline», exprime-t-il.
À 82 ans, Marcel Mussely demeure aussi discipliné, tous les jours installé devant son chevalet pour créer ses grands paysages hyperréalistes. «Tant que je pourrai tenir un pinceau, je vais continuer», dit celui qui a obtenu en 2021 le titre de Grand Maitre de l’Académie des beaux-arts du Québec, quelque huit ans après y avoir été nommé académicien.
Et même si l’appétit pour les paysages est en ce moment moins grand auprès des galeristes et amateurs d’art, Marcel Mussely continuera à peindre «en étroite collaboration avec Dame-Nature».
En bas de chaque toile est identifiée la région qui y est mise en couleurs, toutes saisons confondues : Chaudière-Appalaches, Cantons de l’Est, Gaspésie, Charlevoix, mais aussi les beautés régionales telles que le parc Michel-Chartrand.
«Quand tu regardes la nature, il y en a des détails! Elle a pris le temps! Alors, je ne ferai pas un arbre en trois coups de pinceau», lance-t-il, lorsqu’interrogé sur son souci du détail et son choix du réalisme.
Bonheur de création
L’atelier, au sous-sol de sa maison, est un peu chargé, mais surtout bien ordonné. À l’instar de sa palette de couleurs – qu’il a élaboré avec minutie dès ses débuts et qu’il conserve depuis.
La palette de couleurs du peintre (Photo : Le Courrier du Sud - Ali Dostie)
Devant un tableau représentant un paysage des Éboulements, il se remémore avec enthousiasme du moment où il a trouvé cet emplacement parfait pour une œuvre.
«Ici, ce sont les nuages en vedette, montre-t-il ensuite, sur la grande toile «presque terminée» posée sur son chevalet. Et on voit en bas les nuages d’arbres.»
Voilà trois mois qu’elle occupe la plus grande place de son atelier. «En même temps, j’ai fait une quatre pieds par huit pieds, livrée à la galerie, et quatre autres toiles», énumère l’artiste qui peint plus d’un tableau à la fois.
Une technique imposée par son recours à la peinture à l’huile – plutôt que l’acrylique – qui doit sécher avant d’y ajouter une couche.
Par ailleurs, beaucoup de préparation précède le premier coup de pinceau sur une grande toile blanche. Car en plus des photographies et esquisses qu’il crée sur le terrain, Marcel Mussely en dessine plusieurs versions à la maison.
Différentes esquisses (Photo : Le Courrier du Sud - Ali Dostie)
Celui qui se dit rendu «à l’âge de transmettre» a récemment publié l’ouvrage Marcel Mussely, artiste peintre, fruit d’un travail de deux ans avec sa conjointe. Généreusement illustré de ses œuvres, il retrace sa vie et son parcours.
«Je crois que ce livre sert à la transmission, exprime-t-il. Il peut apporter aux gens : c’est une belle aventure.»
La couverture du livre (Photo : Le Courrier du Sud - Ali Dostie)
(Photo : Le Courrier du Sud - Ali Dostie)