Meurtre de Jenique Dalcourt: aucune accusation ne sera déposée
C'est le retour à la case de départ dans le dossier de Jenique Dalcourt, assassinée sur une piste cyclable de l'arr. du Vieux-Longueuil l'an dernier. Le Directeur des poursuites criminelles et pénales a annoncé qu'aucune accusation criminelle ne peut être déposée avec les informations qu'elle détient.
Le DPCP en arrive à cette conclusion en considérant la norme de preuve requise pour porter des accusations criminelles.
«Le dossier, tel que soumis, ne comporte pas les éléments essentiels suffisants pour porter de telles accusations», indique l'organisme sur son site web.
Selon le DPCP, le Service de police de l'Agglomération de Longueuil (SPAL) pourrait soumettre de nouveau le dossier s'il considère avoir des preuves suffisantes qui lui permettent de le faire.
Deuxième fois
C'est la deuxième fois que le SPAL est sommé de refaire ses devoirs dans cette affaire. Un suspect avait été arrêté le 25 octobre 2014, quelques jours après le meurtre, mais le DPCP avait déterminé, cette fois aussi, que la preuve était insuffisante pour déposer des accusations criminelles.
Le service de police a redéposé le dossier aux procureurs au mois d'octobre, après avoir reçu certaines analyses en laboratoire des effets personnels du suspect. D'autres analyses sont toujours en cours et, le 19 octobre, le SPAL a demandé au tribunal de prolonger la confiscation de ces effets personnels pendant 60 jours.
Des reportages de La Presse et JE diffusées plus tôt cette année laissent entendre que le SPAL aurait bâclé l'enquête sur le meurtre de Jenique Dalcourt, notamment en rouvrant la scène de crime à plusieurs reprises et en tentant une opération ratée d'agent double.
Par voie de communiqué de presse, le SPAL a indiqué respecter la décision du DPCP.
«Il va de soi que le SPAL respecte cette décision et réitère son engagement à tout mettre en oeuvre pour que justice soit rendue dans ce dossier. Comme dans tous les cas d'enquête d'homicides, celle-ci demeure active et le restera jusqu'à la résolution du crime», indique le corps policier, qui rappelle que les 28 dossiers d'homicides survenus au cours des 10 dernières années ont tous été résolus.
Monique Dalcourt réagit
En entrevue avec Le Courrier du Sud, la mère de la victime, Monique Dalcourt, était visiblement choquée par ce nouveau rebondissement. Elle n'a toutefois pas souhaité commenter la décision de ne pas porter d'accusations.
Mais elle en avait long à dire sur la façon d'annoncer la nouvelle au DPCP.
«J'étais encore dans leurs bureaux qu'ils avaient déjà un communiqué sur leur site web. Je n'avais même pas eu le temps d'appeler ma famille, ils l'ont appris aux nouvelles», a-t-elle lancé, outragée.
Chronologie de l'enquête
21 octobre 2014: Jenique Dalcourt est sauvagement attaquée sur une piste cyclable située entre le chemin de Chambly et la rue de Normandie. Son décès est constaté à l'hôpital le lendemain.
23 octobre 2014: La scène de crime est rouverte. Des passants déposent des fleurs à l'endroit où le corps de Jenique a été retrouvé. La scène est bouclée de nouveau en soirée.
24 octobre 2014: Des employés de la Ville de Longueuil émondent des arbres situés dans la scène du crime, contaminant davantage les lieux.
25 octobre 2014: Un homme de 26 ans est arrêté et interrogé par la police. Il sera relâché deux jours plus tard sans qu'aucune accusation ne soit portée contre lui.
28 octobre 2014: 300 personnes participent à une première veillée et à une course à pied à la mémoire de Jenique.
25 novembre 2014: Le SPAL confirme la réception de certaines analyses de laboratoire, sans en préciser la nature.
3 février 2015: Carole Thomas affirme avoir été agressée sur le même site, deux jours avant le meurtre. Elle accuse le SPAL de ne pas l'avoir prise au sérieux.
2 avril 2015: Mme Thomas est arrêtée et interrogée par le SPAL, qui l'accuse d'avoir créé de toute pièce son histoire de viol. Elle comparaît en cour le 7 juillet.
31 août 2015: La Ville de Longueuil annonce qu'il y aura une consultation sur la sécurité des lieux publics.
28 septembre 2015: La mère de Jenique, Monique Dalcourt, lance une pétition pour que les familles des personnes assassinées soient considérées comme des victimes afin d'obtenir une aide financière de l'IVAC.
15 octobre 2015: La Ville de Longueuil dévoile son tout premier Plan d'action pour améliorer la sécurité en milieu urbain.
19 octobre 2015: Le SPAL demande une prolongation du délai pour la confiscation des biens du suspect. On apprend que le dossier a été transféré au Directeur des poursuites criminelles et pénales.
21 octobre 2015: La Ville dévoile un «espace de recueillement» à la mémoire de Jenique Dalcourt et de toutes les femmes victimes de violence.