Michèle Richard, une passion intacte et une vie à raconter
Soixante-trois ans de carrière. Soixante-trois ans de chanson, d’animation, de cinéma, de variétés. Et pourtant, à l’aube de la tournée Michèle Richard se raconte, la star retrouve la fébrilité qui habitait la jeune fille de Sherbrooke qui, à 10 ans, a été projetée pour la première fois sous les feux de la rampe. *Michèle Richard a annoncé le 12 septembre le report de sa tournée à l'automne 2020. L'entrevue a été réalisée en août. «C’est le secret pour durer: la passion. Quand je travaille, le cœur bat toujours aussi fort que lorsque j’ai eu mon premier engagement professionnel, à 13 ans, au plus grand cabaret de Montréal, le Casa Loma.» Avec chansons, musique, photos, vidéos, histoires et anecdotes à l’appui, Michèle Richard promet rien de moins qu’une «biographie vivante». «C’est une chance que j’ai. Il n’y a pas beaucoup de chanteuses au Québec, peut-être deux ou trois, qui auraient pu le faire, avec beaucoup de matériel. Il y a Ginette, bien sûr. Et Céline, mais c’est une autre paire de manche...» À travers ce spectacle, Michèle Richard revient entre autres sur les chansons marquantes de sa carrière, celles qui l’ont le plus touchée, qui revêtent un caractère «historique» pour elle. Elle ne passera pas non plus sous silence les chansons fétiches qui ont marqué les esprits. Elle donne en exemple Verse-moi du champagne, associée au succès de Garden Party qu’elle animait avec Serge Laprade. Réentendre des entrevues, replonger dans les photos d’archives ne peut faire autrement que d’éveiller des souvenirs, tant de sa vie personnelle que professionnelle. «Chaque minute, une image me revient. Que ce soit la mort d’un parent, une séparation. Toutes les photos me bouleversent; je ne peux pas et je ne veux pas passer à côté.» Ce fil du temps amènera forcément le public à se questionner sur sa propre vie, croit la chanteuse. «En 1967, je chantais la "toune" de l’Expo, "Un jour, un jour, quand tu viendras...", entonne-t-elle. C’est sûr que je m’arrête là-dessus. Et le public va aussi se demander: "ah oui, j’étais où à ce moment?"» Le spectacle est aussi une occasion de revenir sur les décisions, bonnes et moins bonnes, qu’elle aura prises tout au long de ce riche parcours professionnel. Elle évoque entre autres lorsque, à la fin des années 1970, elle a opté pour le Québec plutôt que de saisir une occasion d’aller à Las Vegas. Des regrets? Non, Michèle Richard regarde devant. Et sur scène, pas de règlement de compte non plus. «Mais il y a des histoires qui doivent se raconter sans détour. On doit appeler un chien un chien», tranche-t-elle, avec son franc parler habituel. La dernière partie du spectacle sera réservée à une période de questions du public. Et elle répondra à tout. Appréhende-t-elle les interrogations des spectateurs? «Je ne m’attends à rien... je n’ai pas le temps! Là, je m’occupe de mes chansons, de la mise en scène, de mes présentations!» Les «joies» d’une première représentation Le spectacle du 16 septembre à Brossard sera la toute première représentation de la tournée. Une expérience toujours intéressante pour le public, décrit-elle, car il assiste à une première mouture du spectacle, avec ses quelques imperfections ou pépins techniques peut-être, mais donnant toujours à voir des choses surprenantes. «Pour le public, c’est un ravissement», résume-t-elle. Et pour l’artiste? «C’est l’enfer! Moi qui dort très bien d’habitude, en ce moment, je ne dors pas», confie-t-elle en entrevue, quelques semaines avant le spectacle... et quelques heures avant que Mouffe, qui signe la mise en scène du spectacle, la rejoigne pour poursuivre le travail. En acceptant de se lancer dans ce projet – une idée du producteur Pierre Marchand, derrière les tournées Le retour de nos idoles –, elle n’était pas entièrement consciente du travail que ça impliquait, pour elle et son équipe. Mais s’adapter est le propre de l’artiste, croit-elle, évoquant les façons de travailler des idéateurs, des scripteurs et de tout ceux qui gravitent dans le milieu artistique, qui ont grandement évolué au fil des décennies. «Mais les artistes, eux, ne changent pas. Ils sont toujours aussi fébriles, extravagants, sensibles. Et le public est toujours là [pour moi]. C’est pour ça que j’ai encore envie de donner: je reçois tellement!» «Oui, dans la vie j’aime voyager, j’aime la nature, le bord de mer... mais mon vrai leitmotiv, mon baromètre, c’est le show-business. Je suis née là-dedans, je ne l’ai pas choisi. Et j’aime ça!»