Monsieur Serge, un brigadier pas comme les autres
Depuis cinq ans, Monsieur Serge aide les élèves de l’école primaire Curé-Lequin à traverser le boulevard Désaulniers. Un homme bon apprécié de tous. Si bien que lorsqu’il s’est fait voler son vélo électrique tout neuf en octobre, les gens du quartier se sont mobilisés. Ils ont organisé une collecte de fonds pour remplacer la bicyclette de celui qui est l’ami de tous.
«Monsieur Serge, c’est un brigadier qui est bien plus que ça, a tenu à mentionner Katrine Parent. Il est un homme d’une très grande générosité, d’une très grande bienveillance.»
Monsieur Serge est en réalité Serge Deschamps.
Il connaît le prénom des enfants et prend le temps d’admirer les cadeaux qu’ils lui font, que ce soit un dessin ou une belle roche. Il écoute aussi avec attention leurs anecdotes.
Le brigadier a aussi noué de bonnes relations avec les parents. Il est un peu le confident de leurs bonnes nouvelles ou leurs soucis.
«Être brigadier, c’est bien plus qu’un métier, a-t-il avoué. Ce sont des rencontres qui illuminent le quotidien et qui parfois changent une vie. Laissez-moi vous dire que ce métier, qui de prime abord se résume à faire traverser les enfants vers et au retour de l’école, s’est avéré être bien plus que cela. J’y ai découvert des amis, petits et grands, des histoires rocambolesques, des blagues, de la générosité, de l’amour, mais surtout la force incroyable d’une communauté tissée serrée.»
Après une carrière passée de façon un peu isolée derrière un clavier d’ordinateur, il sort de sa coquille. Les rencontres réalisées depuis qu’il œuvre comme brigadier ont changé sa vie, dit-il.
Communauté tissée serrée
En octobre, il s’est fait subtiliser son nouveau vélo électrique durant son quart de travail. Devant ses yeux et ceux des enfants.
«Juste avant l’Halloween, alors que j’aidais les enfants à traverser et ne pouvais quitter mon poste pour intervenir, j’ai eu la malchance de me faire voler mon vélo, a raconté le brigadier. À 70 ans, je dois avouer que mes réflexes et talents de sprinteur ne sont plus ce qu’ils étaient. Tristan, un élève témoin de la scène, s’est élancé vers le voleur, y donnant tout ce qu’il pouvait, mais sans succès. Déjà bouleversé par l’incident et touché par le geste du garçon, je n’avais aucune idée à ce moment de l’ampleur que cet événement allait prendre.»
Le père d’un enfant a trouvé le geste déplorable et injuste. Il a rapidement mis sur pied une campagne de sociofinancement afin d’amasser un montant pour acheter un nouveau vélo à Monsieur Serge. Le montant a dépassé les attentes et atteint 1630$.
«Le geste en soi a été suffisant pour m’amener les larmes aux yeux, déjà ému par les gestes et paroles des gens autour de moi, a avoué le brigadier. Je n’étais pourtant pas au bout de mes surprises. Dans cette communauté tissée serrée, plusieurs ont contribué à leur manière, jusqu’à organiser une course dans les rues du quartier sur un trajet en forme de vélo. En 70 ans, c’est un des moments qui m’a le plus surpris et le plus touché.»
Katrine Parent était touchée par le dénouement heureux. Au-delà du geste de réparation et de solidarité envers Monsieur Serge, il reste un enseignement important pour les enfants.
«On leur a enseigné qu’au lieu de mettre ses énergies à être fâchés contre le voleur, il valait mieux mettre nos énergies à réfléchir à des solutions pour réparer ce qui a eu lieu.»
Le parcours en forme de vélo créé par l'artiste Maryna Pawlik. Plusieurs personnes ont fait la course sur ce trajet pour amasser des fonds pour remplacer le vélo volé au sympathique brigadier. (Photo : gracieuseté)