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Nissan prépare la succession de son PDG Makoto Uchida

le samedi 08 mars 2025
Modifié à
Par Benoit Charette

Une réunion décisive prévue le 11 mars

Le conseil d'administration de Nissan, troisième constructeur automobile japonais, se réunira le 11 mars pour discuter de la succession de son PDG, Makoto Uchida. Trois sources proches du dossier indiquent que sa position est devenue intenable en raison de la dégradation des performances de l'entreprise.

Parmi les candidats pressentis figurent Jérémie Papin, directeur financier, et Ivan Espinosa, directeur de la planification. Toutefois, leur nomination reste incertaine, notamment en raison de leur implication dans les erreurs de gestion actuelles. Selon une quatrième source, Nissan pourrait opter pour un PDG transitoire, le temps de trouver un successeur définitif.

Le nom de Guillaume Cartier, directeur de la performance, est également évoqué, selon le journal Yomiuri. Cette incertitude autour de la direction n’a cependant pas freiné la bourse : les actions Nissan ont progressé de 1,8 % à Tokyo, malgré un repli de l’indice Nikkei de 2,2 %.

L’échec des négociations avec Honda précipite la crise

Le possible départ d’Uchida survient après l’échec des discussions entre Nissan et Honda pour une fusion estimée à 60 milliards de dollars. Les négociations ont achoppé sur la répartition du pouvoir entre les deux entreprises, Honda souhaitant faire de Nissan une filiale, ce que ce dernier a refusé.

Désormais, des rumeurs suggèrent que Nissan pourrait se rapprocher de Foxconn, géant taïwanais de l’électronique qui développe une branche dédiée aux véhicules électriques. Jun Seki, ancien dirigeant de Nissan désormais chez Foxconn, est même cité parmi les potentiels successeurs d’Uchida si un accord devait être conclu.

Cette instabilité marque un nouvel épisode dans la crise de gouvernance qui secoue Nissan depuis l’arrestation de Carlos Ghosn en 2018. Si Uchida devait partir, Nissan connaîtrait son quatrième PDG en moins de six ans.

Un avenir incertain pour Nissan

Nissan fait face à des défis bien plus profonds que ses concurrents. Alors que les constructeurs traditionnels luttent contre l’essor des véhicules électriques chinois, Nissan peine encore à se relever des années d’instabilité provoquées par l’affaire Ghosn.

L’entreprise a privilégié le volume sur la rentabilité, affaiblissant son image de marque. Pionnière des véhicules électriques avec la Leaf, elle n’a jamais capitalisé sur cet avantage comme Tesla. Elle a aussi mal évalué la demande de modèles hybrides aux États-Unis, une erreur coûteuse qu’elle tente de corriger en urgence.

Autre menace : la possible imposition de nouveaux tarifs douaniers aux États-Unis sur les véhicules produits au Mexique, où Nissan dispose d’une importante base manufacturière.

Une santé financière fragilisée

Le mois dernier, Fitch Ratings a dégradé la note de Nissan à "junk", le privant de son dernier statut d’investissement auprès des grandes agences de notation. Cette décision reflète la faible rentabilité persistante de Nissan et les incertitudes entourant son plan de redressement.

Avec 1,8 trillion de yens (17,5 milliards de dollars) d’obligations en circulation, dont 233 milliards de yens arrivant à échéance cette année, Nissan conserve une trésorerie solide. Mais les analystes préviennent : sans un redressement rapide, l’avenir de la marque pourrait être compromis.

En 2019, après le départ de Hiroto Saikawa, Nissan avait déjà dû installer un PDG intérimaire, Yasuhiro Yamauchi. Aujourd’hui, le scénario pourrait se répéter avec le départ annoncé d’Uchida, qui déclarait encore récemment vouloir remettre Nissan sur pied avant de céder sa place.

Reste à savoir si son successeur parviendra enfin à stabiliser l’entreprise, ou si Nissan continuera de naviguer en eaux troubles.

Avec des renseignements de Reuters

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