Opinion

OPINION. Longueuil : interculturelle ! Au-delà du mois de l’histoire des Noirs

Il y a 4 heures
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Lovejoyce Amavi, lors du lancement de la programmation (Photo : gracieuseté - Lerami Ramirez)

État des lieux
C’est en février que l’histoire des peuples noirs captive l’attention en Amérique du Nord ; comme une convergence d’intérêts subits pour la présence, la culture et la contribution des noirs, à la construction des sociétés nord-américaines. Février, mois de l’histoire des noirs pour se rappeler ou tenter d’oublier le poids de l’histoire des noirs.

C’est complexe et délicat. Pour les uns, célébrer, féliciter et revendiquer la place des individus et des communautés noires. Pour les autres, se souvenir d’autant de souffrances passées, et souffrir ensuite de tout le chemin qu’il reste à faire. 

C’est donc un moment crucial où se joue le croisement entre les luttes passées et actuelles, versus l’exaltation de la richesse des accomplissements des noirs ; quand il n’est pas question de relancer l’éternelle réflexion sur la place du noir dans la société et même, dans l’humanité. Le mois de l’histoire des noirs n’est donc pas une fin en soi, mais une piqûre de rappel qui nous répète chaque année, qu’il nous reste encore beaucoup à améliorer pour régler les impacts de notre passé commun. 

Longueuil : incontournable

C’est avec un sentiment de responsabilité et un certain sens du devoir que j’ai accepté d’être le porte-parole du mois de l’histoire des noirs cette année. Comme un jalon sur ma trajectoire, une récompense pour mes implications communautaires, ou juste un choix fortuit, l’important c’est ce que je fais de cette fonction. J’ai décidé d’en faire une tribune pour porter les messages sur lesquels je me prononce depuis près de trois ans, depuis la sortie de mon livre sur mon arrivée au Canada(1). Ces messages sont en faveur d’un meilleur accueil pour les nouveaux arrivants ; d’une meilleure intégration par ceux qui sont là et par ceux qui arrivent ; d’un cadre de vie inclusif qui accepte, accueille et accompagne ces hommes et ces femmes qui viennent renforcer nos sociétés. Un autre de mes messages est celui du refus de la discrimination, de la stigmatisation, du racisme sous toutes ses formes, surtout les plus insidieuses. Mon approche se veut pragmatique et sensibilisatrice, plutôt que dénonciatrice. Parce que je suis convaincu que c’est dans l’éducation et le dialogue ouvert, que nous sortirons tous ensemble des schémas narratifs historiques qui fondent nos opinions sur nos différences. De nos discussions et échanges naîtront nos convictions nouvelles, pour faciliter l’ancrage de toutes et tous, l’épanouissement collectif qui est l’objet de tout vivre-ensemble.

Longueuil: interculturelle

Inévitablement. Plus aucune société moderne dans le monde ne peut se soustraire à la présence sur son sol de cultures diverses. Et même les homogénéités que l’on pensait n’étaient pas toujours vraies, il s’agissait juste de consensus voulus comme unicités. Parce que l’homme de nature est diversité et sur tous les plans. Cette diversité est la richesse de l’humanité et c’est pour cela que l’Interculturalisme est la finalité incontestable pour toutes les sociétés occidentales. Longueuil devrait se positionner parmi les pionnières et raffermir sinon construire un cadre de vie où les différences sont proscrites et la citoyenneté consacrée pour tous. Cela passe par le bannissement des classifications et des catégorisations des citoyens. D’ailleurs cela n’est en rien pertinent dans le cadre de la mission de la Ville et c’est encore moins sa prérogative. L’espace municipal doit être l’espace ou les citoyens se sentent égaux et sont traités équitablement. C’est le cadre de vie immédiat où se joue la solidarité entre les hommes et les femmes. Identifier voire indexer la souche des citoyens est contradictoire avec le lien nécessaire à la vie de quartier et la vie dans la commune-auté. De souche, de première ou deuxième génération, nous sommes citoyens de la même ville et nous sommes appelés à en prendre soin, et surtout prendre soin les uns des autres.

L’Interculturalisme est cette démarche de dialogue permanent, ouvert et conséquent, qui permet la cohésion sociale et l’enrichissement mutuel. C’est l’avenir de Longueuil. Loin du logiciel de fonctionnement obsolète qui veut imposer un modèle d’intégration aux seuls nouveaux arrivants, sous prétexte d’un contrat social auquel sont uniquement soumis les étrangers, ceux-là qu’on fait venir pour nos besoins et qui doivent se dissoudre dans le format décidé pour eux.

Chez nous à Longueuil

Plus de 25 % des Longueuillois sont issus de minorités visibles(2) mais les inégalités persistent, la surreprésentation des personnes appartenant aux groupes minoritaires est réelle dans les cas de chômage et de pauvreté. Chez nous à Longueuil, l’envie de vivre ensemble et en harmonie est manifeste. La Ville s’est récemment dotée d’un Plan d’action pour contrer le racisme et la discrimination et pour favoriser l’inclusion (PA-RDI)(3), un Conseil interculturel(4) est mis en place depuis 2022 et le projet Policier RÉSO (5) (réseau d’entraide sociale et organisationnel) fait ses preuves depuis 2021. 

Chez nous à Longueuil, il existe plusieurs autres mesures et signes d’ouverture à la différence et de conscience interculturelle. Ce qu’il reste à faire est juste de faire mieux qu’hier et davantage demain. Bon mois de l’histoire des Noirs 2025.


Lovejoyce Amavi – Porte-parole du mois de l’histoire des Noirs 2025

 


1-     Je n’ai pas choisi de partir, une histoire du chemin Roxham — 2022.
2-    https://extranet.santemonteregie.qc.ca/app/uploads/2024/03/pf-longueuil-2024.pdf 
3-    https://longueuil.quebec/fr/nouvelles%2Flongueuil-adopte-son-plan-daction-pour-contrer-le-racisme-et-la-discrimination-et-pour
4-    https://longueuil.quebec/fr/nouvelles%2Fnouveaux-comites-et-conseils-consultatifs-de-la-ville-de-longueuil-le-conseil-municipal
5-    https://www.longueuil.quebec/fr/services%2FSPAL%2Fprofilage-racial-et-social