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Regard sur les organismes d’ici : le CALACS de Longueuil aura un an… ou pas

le mardi 18 avril 2023
Modifié à 10 h 42 min le 13 avril 2023
Par Sylvain Daignault, Initiative de journalisme local

sdaignault@gravitemedia.com

En activité depuis juin 2022, le CALACS de Longueuil espère souligner son 1er anniversaire sous peu. (Photo: CALACS de Longueuil)

Mis sur pied en avril 2022 et opérationnel deux mois plus tard, le Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) de Longueuil aura bientôt un an… s’il peut trouver du financement pour maintenir ses activités. Bilan de cette première année riche en défis avec Sylvie Langlais, coordonnatrice.

L’une des missions du CALACS est d’enlever la honte et la culpabilité qui accablent encore en 2023 les femmes victimes d’agressions sexuelles. «On accompagne, entre autres, les femmes pour le dépôt de la plainte. Les policiers viennent rencontrer les victimes à nos locaux», raconte Mme Langlais. 

Le CALACS a aussi comme mandat d’informer et de sensibiliser la population à la violence sexuelle, de susciter la réflexion sur les inégalités et les iniquités entre les femmes et les hommes ainsi que d’organiser et de participer à des activités de prévention et des actions qui visent à mettre fin à toute forme de violence envers les femmes.

On reconnaît la mairesse de Longueuil Catherine Fournier sur cette photo prise à l’occasion de l’ouverture officielle du CALACS de Longueuil. (Photo: CALACS de Longueuil)

Beaucoup d’appels 
Entre le 1er juin 2022 et le 31 mars 2023, le CALACS de Longueuil a reçu 216 appels et effectué 175 rencontres de suivi individuel. «Quarante-deux suivis sont en cours dont cinq concernent des adolescentes», indique Mme Langlais. 

En d’autres mots, les deux intervenantes attitrées et la coordonnatrice ne chôment pas.  

«On reçoit entre deux et trois nouvelles demandes par semaine», ajoute la coordonnatrice qui compte plus de quatre décennies d’expérience à défendre le droit des femmes, tant en ce qui concerne les violences conjugales que sexuelles.

«Malgré les difficultés, nous allons bientôt ouvrir également un soir par semaine, lance-t-elle avec fierté. À toutes les femmes; vous n’êtes plus seules!»

Sylvie Langlais constate que depuis le Mouvement #MeToo, un plus grand nombre de femmes se donnent le droit de dénoncer des agressions subies parfois il y a plusieurs années. 

«L’un de nos groupes est constitué de femmes âgées de plus de 50 ans qui ont dénoncé des abuseurs pour des actes commis quand elles étaient enfant, souligne la coordonnatrice. Les femmes refoulent souvent ces souvenirs qui ressurgissent parfois en raison de l’actualité.»

Le CALACS de Longueuil vient en aide aux femmes victimes de violence sexuelle. Entre juin 2022 et mars 2023, l’organisme a reçu 216 appels et effectué 175 rencontres de suivi individuel. (Photo: Le Courrier du Sud – Denis Germain)

On remarque aussi un plus grand nombre d’appels quand une personnalité publique est impliquée dans une affaire d’agression sexuelle. «Durant le procès de l’ancien député Harold Lebel par exemple, nous avons reçu plus d’appels», relève Mme Langlais.

Rappelons qu’Harold Lebel a été reconnu coupable en novembre 2022 d’agression sexuelle. Il n’a pas porté la décision en appel et a été condamné à huit mois de prison. 

Financement
Malgré ces chiffres imposants qui prouvent selon Sylvie Langlais que Longueuil a besoin des services du CALACS, la survie de l’organisme est loin d’être assurée.

En mars 2022, la Ville de Longueuil a versé la somme de 40 000$ au CALACS à même son Fonds pour le développement social. D’autres dons ont suivi.

«Il nous reste de l’argent pour quatre mois. Nous avons besoin de 18 000 $ par mois pour fonctionner», lance Mme Langlais qui ajoute avec inquiétude qu’avec les bals de finissants qui approchent, et le GHB (drogue du viol) dans les bars, plusieurs femmes risquent d’avoir besoin du CALACS cet été. 

En février, le député de Taillon et ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, a remis 3000$ au CALACS de Longueuil dans le cadre du programme de soutien aux organismes. Des demandes d’aide financière ont aussi été déposées auprès du ministère de la Santé et des services sociaux dans le cadre de ce même programme. Les bureaux des différents députés locaux ont aussi été approchés. «Certains sont plus généreux que d’autres», laisse tomber Mme Langlais, qui consacre une grande partie de son temps à la recherche de fonds. 

Le CALACS est à mettre sur pied une campagne de financement. Mais comme un organisme ne peut pas émettre de reçus d’impôt pour charité avant sa première année d’existence, les choses sont assez compliquées, admet la coordonnatrice.  

Partenariats
Malgré les nombreuses embûches, le CALACS a développé plusieurs partenariats avec des acteurs du milieu depuis son ouverture. «Le partenariat le plus récent est avec l’Hôpital Pierre-Boucher de Longueuil pour la trousse médico-légale qui permet de relever des échantillons divers qui peuvent être utiles au tribunal», soutient Mme Langlais.

Il y a aussi une entente avec le Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Centre pour communiquer avec les victimes dans les 72 heures.

Le CALACS de Longueuil compte aussi un partenariat avec le Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) de la Montérégie et le Carrefour pour Elle, maison d’hébergement.

«En septembre prochain, précise la coordonnatrice, le CALACS de Longueuil sera présent, nous l’espérons, au cégep Édouard-Montpetit.»

Pour rejoindre le CALACS de Longueuil : 450 616-8580, https://www.calacslongueuil.org/, info@calacslongueuil.org et https://www.facebook.com/calacslongueuil 

Harold Lebel
Élu député de Rimouski à l'Assemblée nationale du Québec sous la bannière du Parti québécois en 2014 et réélu en 2018, Harold Lebel est exclu du caucus péquiste en décembre 2020 à la suite d’une plainte pour agression sexuelle. Reconnu coupable pour ce crime en novembre 2022, il ne fait pas appel et est condamné à huit mois de prison en janvier 2023. La Commission québécoise des libérations conditionnelles lui a accordé sa libération conditionnelle après huit semaines d’emprisonnement.

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