Paie-t-on vraiment trop pour Longueuil ? La véracité des chiffres

Depuis plusieurs mois, les maires de Brossard, Saint-Bruno-de-Montarville et Saint-Lambert font campagne sous le thème On paie trop pour Longueuil, afin de décrier les coûts dont sont frappés non seulement leurs citoyens, mais également les gens de Boucherville, avec leur maire qui semble ignorer l’appel qui lui est lancé.

Sur le site internet du même nom, ces maires exposent, chiffres à l’appui, leur point de vue en comparant leur ville – y compris la "rebelle" Boucherville – avec une ville du Québec de taille comparable.

Pour ceux qui ne sont pas rompus à la mécanique des quotes-parts – la source de discorde et de conflit avec Longueuil ?, il peut être difficile de se laisser convaincre par l’argumentaire des trois villes dissidentes, qui se placent ainsi comme juges et parties.

Le sujet est complexe et aride. Le citoyen fait les frais des positions de Longueuil et de Boucherville d’une part et de celles de Brossard, Saint-Bruno et Saint-Lambert de l’autre.

Qui dit vrai? Les chiffres sont-ils truqués? Y a-t-il un tour de passe-passe?

Faisant carrière dans le secteur financier, la meilleure façon de valider ou infirmer la conclusion de trois maires dissidents de l’agglomération est, dans un premier temps, de demander directement à la Ville de Longueuil les renseignements qu’elle a en sa possession et qui lui ont permis de calculer les quotes-parts de l’agglomération, puis, ensuite, de reconstituer les formules qui ont permis à Longueuil de produire les quotes-parts.

La preuve est simple, car la formule doit reconstituer les calculs de Longueuil, ce à quoi je suis arrivé, à 20$ près sur un montant de 321 573 461$.

(Je ne souhaite pas continuer ici dans cette veine de chiffres et d’explications, au risque de vous écœurer. Toutefois, ceux qui sont sceptiques ou dubitatifs et qui souhaitent tout valider, je vous invite à consulter le chiffrier en format Excel que j’ai bâti; vous le trouverez ici, sur mon blogue: www.agglomerationlongueuil.ca/quotes-parts. Tout est là, et solidement documenté.)

Ainsi, dans la formule de Longueuil, si on remplace les paramètres actuels par une formule simple de 50% pour la population et 50% pour le potentiel fiscal, pour se rapprocher indirectement de ce qui se fait dans les MRC, plutôt que 0% pour la population et 100% pour le potentiel fiscal comme c’est le cas actuellement, on obtient les résultats indiqués dans le tableau plus bas.

Le constat est simple, mais très percutant. Si l’agglomération était gérée, sur le plan fiscal, comme une MRC, Boucherville serait la Ville qui économiserait le plus chaque année, soit 7,3 M$ ou 173$ par habitant, sans égard à son âge, ce qui représente plus de 400$ par unité d’habitation.

Les trois autres villes toucheraient des économies importantes également.

Sans surprise, la ville perdante est Longueuil, avec une augmentation des taxes de 66$ par habitant. Et toujours sans surprise, on retrouve la totalité des quotes-parts du budget de 321,6 M$ dans la nouvelle formule.

«Rien ne se perd, rien ne se crée», comme disait l’illustre savant Lavoisier.

Si on retenait une formule avec un poids de 100% pour la population, les écarts doubleraient.

Ce calcul, qui utilise la formule de base de Longueuil, mais avec des paramètres pour rapprocher les villes de Boucherville, Brossard, Saint-Bruno et Saint-Lambert avec d’autres villes de MRC, vient étayer ces comparaisons inter-villes présentées dans le site internet www.onpaietrop.com et permet de valider l’affirmation On paie trop pour Longueuil.

La question importante qu’il faut se poser maintenant, et pour laquelle je n’ai pas de réponse, est la suivante: «On comprend que la mairesse de Longueuil ne veut pas changer les paramètres de la formule. Par contre, pourquoi le maire de Boucherville ne veut pas les changer, lui?»

Louis Mercier,

Saint-Bruno-de-Montarville