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Patrimoine bâti (13) : quand une maison nous habite : la maison Louis-Julien

le samedi 02 mars 2024
Modifié à 15 h 02 min le 01 mars 2024
Par Sylvain Daignault - Initiative de journalisme local

sdaignault@gravitemedia.com

La maison du patriote Louis Julien a été construite en 1820. (Photo: Le Courrier du Sud – Sylvain Daignault)

Il y a 40 ans, M. Génier et Mme Fournier réalisaient leur rêve d’habiter une maison patrimoniale en achetant une vieille maison de pierres à Saint-Timothée (aujourd’hui Salaberry-de-Valleyfield) sans rien connaître de son histoire. Quelle ne fut pas leur surprise de découvrir un jour que cette maison avait jadis appartenu à un patriote, Louis Julien, que les historiens soupçonnent aujourd’hui de traîtrise. Rencontre avec les propriétaires. 

Respectivement ex-directrice et ex-directeur d’école, Monique et Jean-Luc ont longtemps profité des vacances estivales pour rénover la maison qui avait subi à la fois les outrages du temps et les «mauvaises bonnes idées» des propriétaires précédents qui avaient eux aussi effectué des transformations «au goût du jour», pour reprendre une expression chère aux agents immobiliers.

Avec l’aide d’amis, Jean-Luc creuse la cave de service qui est toujours inondée de deux pieds d’eau au printemps afin d’y installer des pompes et des drains. Le sous-sol de plus de six pieds est aujourd’hui en ciment. Pour reconstruire les cheminées disparues, Jean-Luc grimpe sur les toits de maisons abandonnées environnantes afin de prendre les mesures exactes des cheminées. «Moi, j’écrivais dans un carnet les mesures qu’il me criait du toit», raconte Monique en riant.

Jean-Luc Génier a récupéré les portes d’on confessionnal pour en faire une cloison et une porte de la salle d’eau à l’étage. (Photo: Le Courrier du Sud – Sylvain Daignault) 

Tout en faisant faire le tour des lieux au journaliste, Jean-Luc est intarissable. Ici un ancien plafond d’une autre demeure a été transformé en plancher pour la salle de bains dont la baignoire ancienne provient d’une maison de Westmount. Là, les moulures du cadre de porte proviennent de l’ancienne boulangerie d’Ormstown!  

Le clou de la visite : les murs de la salle d’eau à l’étage sont en fait les anciennes portes du confessionnal de la sacristie de Saint-Louis-de-Gonzague. Ça ne s’invente pas!    

Louis Julien
Construite par lui-même en 1820, le patriote et cultivateur Louis Julien y habite toujours lors de son arrestation après la Rébellion de 1837-1838.

Emprisonné à Beauharnois avec d’autres patriotes, il est gracié par la reine Victoria non sans avoir communiqué, croit-on, des informations sensibles sur le mouvement patriote aux autorités britanniques.  Ses voisins David Gagnon, cultivateur et menuisier, et François-Xavier Prieur, marchand, qui ont participé à la prise du manoir de la famille Ellice à Beauharnois ainsi qu’à d’autres actions lors des rébellions, sont déportés en Australie.

«Avec d'autres, Louis Julien aurait trahi François-Xavier Prieur pour le faire capturer», affirme l’historien local Marcel Labelle, auteur d’un livre sur les patriotes. 

Louis Julien réintégrera son foyer le 25 septembre 1839. Prieur ne reviendra dans sa région qu’en 1846. Louis Julien et son épouse Josephte St-Michel auront dix enfants. Louis meurt en 1882. Son épouse le rejoint dans la tombe en 1890.

La maison sera habitée par la famille Julien jusque vers le début du 20è siècle. Elle sera alors achetée par la famille Deschamps. De nombreux autres propriétaires s'y succéderont jusqu'en 1984 quand Monique Fournier et Jean-Luc Génier l'achètent.

Histoire
Entourée d'une profusion de documents, d'articles de presse et de photographies soigneusement disposés sur la table, Monique relate comment Jean-Luc et elle ont découvert des fragments de l'histoire de leur demeure de manière fortuite, grâce à une publication de la société historique locale.

Progressivement, ils ont eu accès à divers documents et photographies liés à leur maison. En l'an 2000, le couple a même ouvert leur foyer aux visiteurs lors des Journées de la Culture, organisant un parcours où les invités entraient par la cave pour ressortir par le salon, tandis qu'ils leur narraient avec plaisir l'histoire de leur demeure.

En 2006, une extension a été ajoutée à l'arrière de la maison, explique Monique, soulignant qu'avec leurs deux filles, ils commençaient à se sentir à l'étroit. Deux ans plus tard, leur maison a été mise de l’avant lors d'un épisode de la populaire émission Passion Maisons  animée par Alain Choquette.

Vente
Aujourd'hui septuagénaire, le couple a pris la décision, avec un brin de nostalgie, de se séparer de cette maison à laquelle ils ont tant consacré. Monique et Jean-Luc espèrent que les futurs acquéreurs sauront en apprécier l'histoire et contribuer à sa préservation, tout en savourant ses charmes anciens dans un cadre contemporain.

Pour consulter la fiche :  https://www.centris.ca

Maison Louis-Julien

  • Construction : 1820
  • Adresse : 162, rang Sainte-Marie Est, Salaberry-de-Valleyfield
  • État : Restaurée et à vendre
     

Articles déjà publiés :

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  • La maison Gaspard-Massue (1863)
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  • La Maison LePailleur (1792)
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Prochain article : la maison du patriote Joseph Robert