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Patrimoine bâti (6) : les ruines de la maison Petit-Beauchemin

le samedi 13 janvier 2024
Modifié à 14 h 10 min le 12 janvier 2024
Par Sylvain Daignault - Initiative de journalisme local

sdaignault@gravitemedia.com

Aujourd’hui, il ne reste que des ruines de la maison Petit-Beauchemin. (Photo: MCC)

Coincée dans un véritable vide juridique, la maison Joseph-Petit-Dit-Beauchemin – ou ce qui en reste – est située dans l'ancienne seigneurie de Cap-de-la Trinité, l'une des cinq seigneuries concédées au 17è siècle à l'origine du territoire de Varennes. 

Vers le milieu du 18è siècle, Joseph Petit dit Beauchemin (né en 1704) érige une maison en pierres sur sa terre. En 1774, il offre sa propriété, où se trouve aussi une laiterie en pierre, à son fils Basile à l'occasion de son mariage. 

La maison Petit-Beauchemin lors de ses meilleurs jours. (Photo: MCC)

En 1858, Joseph-Xavier Perrault (1836-1905), alors secrétaire du Bureau d'Agriculture et de la Chambre d'agriculture du Bas-Canada, tente de mettre sur pied deux fermes-écoles, dont l'une à Varennes. Dans le cadre de ce projet, il acquiert l'ancienne propriété de la famille Petit dit Beauchemin. 

«En 1860, la Société provinciale agronomique y fonde une ferme expérimentale et nomme Perrault directeur ainsi que professeur de l'école d'agriculture qui lui est rattachée, raconte Jacques Dalpé, président de la Société historique de Varennes. La maison aurait alors servi de logement aux employés. Toutefois, les activités de la ferme et de l'école cessent dès l'année suivante.» 

En 1953, une usine de pétrochimie s'installe tout près de la maison Joseph-Petit-Dit-Beauchemin, dont elle est séparée par la rivière Notre-Dame. 

En 1981, la maison et son terrain sont acquis par la compagnie pétrochimique Shawinigan Chemical qui possède une usine à proximité. Par cette acquisition, elle désire consolider ses actifs immobiliers et assurer la sécurité de ses installations. 

«En 1982, les derniers occupants quittent la maison. La compagnie pétrochimique propriétaire procède alors à la démolition de la grange et du hangar», poursuit M. Dalpé. 

Classée puis vandalisée
Classée monument historique en 1984, la maison Joseph-Petit-dit-Beauchemin est laissée à l'abandon et, comme c’est souvent le cas, les vandales s’en donnent à cœur joie à plusieurs reprises. 

La maison Petit-Beauchemin avant l’incendie de 2005. (Photo: MCC)

Ce qui devait arriver arriva et, en 2005, un incendie la consume entièrement, à l'exception des quatre murs de pierres. 

Vide juridique
Selon le président de la SHV, cette maison est dans un vide juridique car personne ne veut en devenir propriétaire. 

«Lorsque la Ville de Varennes acquiert les terrains de l’ancienne usine pétrochimique Pétromont en 2016, la maison Petit-Beauchemin ne fait pas partie de la transaction, car celle-ci est toujours la propriété de Gulf Canada (ancien propriétaire avant la création de Pétromont)», observe M. Dalpé. 

Comme la maison est classée bien culturel, elle ne peut être démolie. On laisse donc le temps et la température faire leur œuvre respective jusqu’à qu’il ne reste qu’un tas de pierres. Aucun organisme, entreprise et ou municipalité ne veut se porter acquéreur de cette ruine ni s’aventurer dans la restauration de cette maison dans de telles conditions. 

«Une reconstitution de la maison est difficilement envisageable et peu recommandable d'un point de vue patrimonial. La question du déclassement de la maison se pose sérieusement dans ce cas-ci. Un autre bel exemple de notre patrimoine en perdition», se désole M. Dalpé.  

Maison Petit-Beauchemin

  • Construction : milieu du 18è siècle
  • Adresse : 2712, montée de la Picardie, Varennes
  • État : incendiée

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