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Patrimoine bâti : vieille maison sauvée par un jeune couple !

le vendredi 28 juin 2024
Modifié à 11 h 16 min le 27 juin 2024
Par Sylvain Daignault - Initiative de journalisme local

sdaignault@gravitemedia.com

Julie Casgrain et Alexandre La Madeleine en compagnie de leurs deux enfants, Zoé et Charles. En mortaise, l’allure de la maison avant les travaux. (Photo – Gracieuseté)

En mai 2016, las d’être en appartement, Julie Casgrain et Alexandre La Madeleine ont acheté une vieille maison en mal d’amour située rue Guillaume à Longueuil. Le 1er juin dernier, le couple s’est mérité le premier prix dans la catégorie Patrimoine – Architecture remis par la Ville. Histoire d’une rencontre pas banale.

Technicienne en travaux pratiques au collège Charles-Lemoyne de Longueuil, c’est à bicyclette que Mme Casgrain revient du travail en cette fin d’après-midi du mois de juin. «Je passe par derrière et je vous ouvre la porte!» lance-t-elle au journaliste du Courrier du Sud venu la rencontrer.

«On voulait une maison avec du vécu, avec des planchers qui craquent. Nous avons été bien servis», raconte Mme Casgrain en invitant le journaliste à l’intérieur de la demeure datant de 1895 ou 1900 selon les sources consultées. 

Mme Casgrain indique la hauteur originale des entrées des chambres à l’étage. (Photo: Le Courrier du Sud – Sylvain Daignault)

Une bonne affaire
Mme Casgrain raconte que l’ancien propriétaire avait vécu 40 ans dans cette maison pratiquement sans isolation. Plusieurs offres d’achat avaient été annulées après l’inspection des lieux, notamment en raison du vide sanitaire qui était souvent inondé au printemps, et à la fondation en pierres et moellons qui montrait des signes d’usure. Mais à la suite des conseils prodigués par le beau-père de Mme Casgrain, entrepreneur en construction, le jeune couple a décidé d’acheter en sachant que des travaux seraient nécessaires.

Un avant/après de la cuisine. (Photos – Gracieuseté)

Intérieur peu modifié
À l’intérieur, on constate que la maison a résisté aux tendances modernes, notamment au chapitre des aires ouvertes. En effet, on y retrouve encore les divisions d’origine. «Quand nous avons acheté, l’intérieur de la maison était figé dans les années 1970 avec les couleurs et les tapis d’époque», lance Mme Casgrain.

Sous le contreplaqué et le stuc qui recouvraient le plafond du salon, le couple découvre avec plaisir le plafond d’origine. Même chose pour le plancher qui était recouvert d’un tapis. 

De longues plaintes d’origine courent le long des  murs.

«La pièce que nous avons la plus transformée est sans contredit la cuisine», indique Mme Casgrain.  

La maison a été déplacée pour permettre la construction d’une nouvelle fondation et d’un sous-sol, un moment fort stressant selon la propriétaire. (Photo – Gracieuseté)

À l’étage, l’entrée des chambres a été modifiée car elle ne faisait à peine plus de cinq pieds. «Au début, mon mari a dit qu’il s’habituerait, mais je l’ai convaincu du contraire!»

«Au grenier, on aperçoit une poutre avec des traces d’incendie. Nos recherches laissent à penser qu’elle provient d’une église qui aurait brûlée à une certaine époque.»

Nouveau revêtement extérieur
Le revêtement de briques à l’extérieur de la maison n’a pu être conservé quand celle-ci a été reculée sur le terrain afin de permettre la construction d’une fondation en béton et d’un sous-sol pour remplacer le vide sanitaire. 

Durant trois mois, la maison surélevée de la rue Guillaume a été le centre d’attraction du quartier. «Les enfants de la garderie arrêtaient tous les jours pour regarder notre maison!» lance en riant Mme Casgrain.

Les enfants d’une garderie voisine passaient tous les jours devant la maison surélevée de la rue Guillaume. (Photo – Gracieuseté)

«En enlevant les briques, ajoute Mme Casgrain, nous avons découvert que le revêtement d’origine était en clin de bois. Quant à la charpente à proprement dit, celle-ci est en pièce sur pièce.»

Comme une dérogation aurait été nécessaire pour reconstruire le revêtement à l’identique, le couple a opté pour du bois naturel de type Maibec.

Des prières et un fer à cheval
Fait inusité, des prières écrites ont été retrouvées à l’intérieur de certains murs et un fer à cheval a quant à lui été découvert dans les anciennes fondations du vide sanitaire, amalgame intéressant de croyances religieuses et profanes. «Mais on n’a pas trouvé d’argent!» lance à la blague la propriétaire.

Récompense
Le 1er juin dernier, Julie Casgrain et Alexandre La Madeleine, propriétaires du 90, rue Guillaume, ont reçu le prix Patrimoine – Architecture de la Ville de Longueuil.

Créé en 2019, ce prix reconnaît l’excellence d’un projet architectural qui se distingue ou qui est remarquable dans les sites patrimoniaux longueuillois.

Nathalie Duchesneau, représentante du Conseil local du patrimoine et membre du jury, Julie Casgrain, copropriétaire gagnante du prix 2024 Patrimoine – Architecture et son beau-père Gaétan La Madeleine, Nathalie Delisle, conseillère municipale à la Ville de Longueuil responsable du dossier patrimoine. (Photo: Ville de Longueuil)

Le dossier gagnant s’est distingué par la grande qualité d’exécution et de choix de matériaux dans ce projet d’envergure de remplacement du revêtement, des portes et fenêtres, la réfection du balcon et du garde-corps, qualité qui sublime l’ancien bâtiment ouvrier datant originellement du XIXe siècle et qui apporte une véritable harmonie avec son environnement.

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