Percevoir 10$ pour le no-show : une demi-solution

La perte de marchandise et les revenus versés aux employés qui entrent pour rien, font mal aux finances des restaurateurs qui se plaignent de la situation des no-shows depuis longtemps. (Photo : pxhere)
À titre d’effet persuasif pour les clients qui réservent dans les restaurants et ne se présentent finalement jamais, les no-shows, Québec entend permettre aux restaurateurs de percevoir des frais de 10$ par personne.
Un pas dans la bonne direction pour une demande qui date de fort longtemps, mais qui n’est pas suffisant selon plusieurs.
«C’est un problème dans tous les restaurants et c’est revenu plus fort après la pandémie. Parfois, ce sont des groupes de 20 à 40 personnes qui réservent sans se pointer et sans même avertir. Ce n’est pas facile de remplacer à la dernière minute un tel groupe. Ça coûte trois employés et beaucoup de nourriture pour rien. Une chef, une serveuse, un busboy, c’est encore arrivé récemment avec un groupe de trente et tu ne peux pas remplacer ta marchandise. C’est une solution avancée par le gouvernement, mais qui est insuffisante. Disons que c’est la moitié d’une solution et que c’est très décevant», lance Julie Dallaire, copropriétaire de la Marine Marchande à Saint-Stanislas-de-Kostka.
Même son de cloche de Jean-Claude Trottier de Chez Julien et L’Ours Caverne Culinaire à La Prairie.
«Nous, ça n’arrive pas très souvent, même si c’est plus fréquent qu’avant la pandémie, mais quand ça arrive, il est difficile de remplacer les tables cancellées. Nous sommes des restaurants de destination, il n’y a pas beaucoup de passants. Alors quand c’est cancellé, mais pas au moins trois ou quatre heures d’avance, il est difficile de récupérer des clients. On peut donc se dire que le 10$ par personne, ce n’est pas grand-chose», plaide-t-il.
Pas partout pareil
Or, si plusieurs s’entendent pour dire que les no-shows sont catastrophiques pour les affaires, pour Jocelyn Arcand qui possède Le Reggiano Four à Bois à Sainte-Martine, il en va tout autrement.
«Certains exagèrent, ils amplifient la situation. En réalité, tu as ton menu, ta table d’hôte et tu connais la capacité de ton restaurant. Quand un groupe de dix annule un soir, tu le passes le lendemain. La nourriture reste bonne», lance celui qui n’a jamais demandé de dépôt, sauf pour ses locations de salles de réception.
«C’est pire parce que souvent, ça réserve pour une cinquantaine et ils arrivent 40 ou même 30. C’est des pertes pour nous», ajoute le restaurateur qui possède aussi une salle de spectacle et se targue d’être passé aisément à travers la pandémie parce qu’il s’organise pour bien gérer ses affaires.
Dans le cas de Martin Vallée du Toro Bistro & Grill à Valleyfield, la situation n’est pas si pire parce qu’il possède une belle clientèle d’affaires.
«Je ne suis pas tant touché. Je pense que c’est plus difficile pour les destinations familiales. Je ne demande pas de dépôts pour les repas, mais je le faisais déjà pour les partys de groupe. En plus, je prends la peine d’appeler la veille pour m’informer auprès de mes clients de leurs intentions, ou je leur demande de m’appeler s’il y a un changement dans le nombre de convives», explique celui qui n’entend pas changer ses manières de faire.