Petit Continental : ensemble et tout le monde en même temps, on danse !
Ça travaille fort, dans le Foyer Jean-Louis Millette du Théâtre de la Ville (TDLV). Une cinquantaine de danseurs amateurs exécutent les mouvements d’une chorégraphie qu’ils apprennent graduellement depuis quelques semaines, suivant les indications du chorégraphe Sylvain Émard, en action sur une petite scène. Petit Continental en cours de préparation.
Le Petit Continental, ce sont 50 citoyens qui apprennent une chorégraphie alliant danse en ligne et danse contemporaine, d’une dizaine de minutes, au fil de huit répétitions, pour présenter le résultat final dans un lieu public inusité, devant spectateurs. Ce dérivé du Grand Continental, concept imaginé par Sylvain Émard et né en 2009, s’est promené un peu partout dans le monde.
Longueuil est la scène de la plus récente mouture. Deux prestations auront lieu le 28 septembre, à 17h et 18h30, dans le stationnement du Cégep Édouard-Montpetit.
En cette soirée du 3 septembre, c’est la mi-parcours. Les participants – en très grande majorité des femmes – révisent les pas et mouvements auxquels ils sont familiers, au son du décompte d’un à huit du chorégraphe.
Quelques fois sans musique, ensuite au rythme d’une musique techno.
(Photo: Le Courrier du Sud – Ali Dostie)
Tout n’est pas encore au point, on se mélange un peu, on demande des clarifications et… on rit. Comme spectateur, le tout est assez impressionnant.
«On apprend phrase par phrase, comme dit Sylvain Émard. Il met des mots sur les mouvements, pour nous aider à nous en rappeler», évoque Marie-Anne Poussart, adjointe à la direction générale du Théâtre de la Ville.
Celle-ci a participé à trois Petit Continental, puis au Super Méga Continental en 2017. Lorsque le TDLV cherchait un projet citoyen à intégrer à sa programmation, elle a suggéré cette aventure de danse.
Elle a aimé le défi d’apprendre une chorégraphie, d’intégrer des mouvements auxquels elle n’est pas habituée. «Et d’en apprendre plus sur l’univers de la danse aussi! On l’apprécie davantage, on voit tout le travail derrière. Ça requiert beaucoup d’énergie et de temps.»
(Photo: Le Courrier du Sud – Ali Dostie)
La majorité des participants sont des résidents de Longueuil, à l’exception de quelques vétérans qui, comme Mme Poussart, n’en sont pas à leur premier Petit Continental. «Et ça aide à la dynamique du groupe, estime-t-elle. Si à côté de toi, quelqu’un connaît bien les pas, c’est rassurant.»
Une partie de la chorégraphie demeure la même d’une édition à l’autre. Toutefois, Sylvain Émard en conçoit chaque fois une nouvelle partie en s’inspirant de la créativité du groupe. «Il a demandé aux gens de proposer des mouvements. On était en groupe de 4 et 5, et il a tout filmé», explique l’adjointe à la direction.
Le chorégraphe confirme que cette nouvelle chorégraphie est prête, mais que les danseurs n’en ont encore rien vu. «On va peut-être en faire un bout ce soir si on a le temps», a-t-il souligné quelques minutes avant la répétition.
Tout un défi
«J’avais besoin d’un défi, exprime Huguette, à propos des raisons qui l’ont poussée à s’inscrire. Y’a du stock, mais c’est un très beau défi!»
Huguette, l'une des participantes. (Photo: Le Courrier du Sud – Ali Dostie)
«On sort de notre zone de confort, même à la retraite! C’est merveilleux!» s’exclame Dominique, tout sourire.
Francine Couture a toujours rêvé de participer à un flashmob, lorsqu’elle en voyait circuler sur le Web. «Et un moment, j’ai vu ce projet au Théâtre de la Ville, je me suis dit : c’est le moment, j’y vais!»
Quelques participants insistent aussi sur l’aspect social de l’expérience. «C’est pas stressant d’être ici, même si on se met un peu de stress de tout retenir. On rit beaucoup c’est très agréable», avance Mme Couture.
«Sylvain Émard est un prof exceptionnel, ajoute Nicole Richard. Il a de la patience, c’est très fluide, il a du plaisir autant que nous.»
Plusieurs ont ciblé la mémorisation de la chorégraphie comme principale difficulté. «J’ai trouvé ça difficile, mais ça s’apprend», assure Mme Couture.
Elle qui est habituée d’assister aux spectacles de danse de sa petite-fille a bien hâte aux représentations du 28 septembre : ce sera au tour de Magalie de voir sa grand-maman danser.
«J’espère que le 28 septembre, beaucoup de monde vont venir! lance pour sa part Huguette. Je peux vous dire que toute ma gang est au courant!»
«Tout le monde devrait participer à un projet comme ça, renchérit-elle. C’est tellement valorisant. On ne pense pas qu’on est capable de faire des choses comme ça, mais <@Ri>Saint-Apolite<@$p>, c’est merveilleux!»
En groupe
Le chorégraphe et directeur artistique Sylvain Émard affirme avoir toujours été fasciné par la danse en ligne. «Probablement parce qu’enfant, c’est la première forme de danse en groupe que j’ai pratiquée. J’en ai peut-être gardé une affection. Et j’ai toujours aimé observer des groupes dans des espaces publics.»
Ce concept est donc né de tous ces ingrédients et du désir de faire rencontrer danse contemporaine et danse en ligne. «Traditionnellement, la danse en ligne, c’est concentré sur les pas, mais la danse contemporaine permet de solliciter tout le corps.»
Et il ne faut pas s’y méprendre : apprendre Le Petit Continental est assez exigeant. «C’est un défi, une nouvelle façon de bouger qui demande une maîtrise, une coordination, de la mémoire, expose-t-il. Ça leur ouvre les yeux sur leur propre capacité. Et tout le monde s’entraide beaucoup.»