PHOTOS ET VIDÉO - Saint-Lambert exaspérée par un promoteur qui ne respecte pas les règles

Des dizaines d’infractions à la réglementation, plus d’une centaine d’anomalies de construction, l’usage non conforme d’une des bâtisses et un mur de protection qui ne voit plus l’heure d’être construit… Exaspérée par les problèmes du Quartier Victoria et le peu de collaboration du promoteur Habitations Trigone, la Ville de Saint-Lambert se tourne vers les tribunaux.
Le 14 septembre, le conseil municipal a mandaté le cabinet Morency afin qu’il entame des procédures judiciaires contre le Quartier Victoria et Trigone pour des manquements à la réglementation municipale.
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Selon la Ville, le projet, tel que construit et utilisé depuis 2014, enfreint plusieurs règlements d’urbanisme, dont un nombre insuffisant de cases de stationnement pour les visiteurs, pour les personnes handicapées et pour les vélos; un aménagement paysager jamais entamé ou complété; et le non-respect de différentes conditions du Plan d’implantation et d’intégration architecturale.
[caption id="attachment_102428" align="alignright" width="444"] Le projet comporte un nombre insuffisant de cases de stationnement. (Photo : Le Courrier du Sud - Geneviève Michaud)[/caption]
La tour n°2, située au 60, rue Cartier, ne respecte par ailleurs pas l’usage prévu. Le permis de construction octroyé par la Ville prévoit une habitation multifamiliale de type centre d’hébergement et de soins de longue durée et doit donc suivre des normes particulières, entre autres quant au nombre d’espaces de stationnement pour visiteurs et pour handicapés.
Or, le projet Viva Cité installé dans la tour n°2, bien que vendu comme un concept tout inclus pour les 50 ans et plus, est un bâtiment d’usage résidentiel qui n’est pas réservé aux aînés et qui ne respecte pas les normes spécifiques du permis.
Selon un rapport d’architecte, le Quartier Victoria présenterait 160 anomalies de construction, sans compter le mur de protection toujours inexistant entre le projet et la voie ferrée, de même qu’une passerelle piétonne souterraine pour accéder au centre-ville qui n’a jamais été construite.
Plusieurs rencontres ont eu lieu entre la Ville et le promoteur par le passé, mais les corrections demandées n’ont jamais été apportées.
«Ça suffit!»
«On n’avait plus le choix, indiquait le maire Pierre Brodeur au Courrier du Sud, à la fin du mois de septembre. On essaie toujours d’éviter les procédures judiciaires, mais c’est un peu comme le tango : ça se joue à deux. On a laissé la chance au coureur un bon bout de temps mais là, on a fait ce qu’il fallait.»
«On tournait en rond et là on a dit : ça suffit!»«Les discussions ne menaient à rien avec Trigone, indiquait quant à elle la conseillère municipale du district France Désaulniers. Il y a un enjeu de sécurité, à la fois pour les citoyens et pour les résidents, mais aussi un message à passer aux promoteurs qu’ils doivent respecter les permis émis; ce sont les règles du jeu.» Le mur de la discorde Au centre des nombreux manquements reprochés à Trigone et au projet Quartier Victoria se trouve le fameux mur anticollision devant protéger les résidents en cas de déraillement de train, mur qui n’a toujours pas été construit ni même entamé. Une protection jugée d’autant plus nécessaire par les résidents depuis la tragédie de Lac-Mégantic, alors que près de 40 convois dans lesquels se trouvent des wagons-citernes circulent chaque jour sur le tronçon ferroviaire à l’arrière du projet. https://www.dailymotion.com/video/x7x5iuf Lors d’une entente hors cour signée par Habitations Trigone le 5 février 2018, l’entrepreneur s’engageait à construire le mur de sécurité dans les 12 mois suivants. Le CN, qui bénéficie d’un droit de regard sur les plans et les travaux, s’engageait en contrepartie à rembourser la moitié des coûts de construction. Selon les plans de la firme de génie civil Maccaferri qui accompagnent l’entente, la construction du mur était alors évaluée à près de 900 000$. «Ce mur-là va être construit sans faute, mais il y a des petits détails à peaufiner», expliquait la directrice adjointe de Trigone Stéphanie Cocozza à TVA Nouvelles en juillet 2019, près de 6 mois après la date limite de construction. Le lendemain de la diffusion du reportage, des employés étaient présents sur les lieux et auraient enlevé environ 150 pieds de la clôture qui sépare le projet de la voie ferrée. Depuis, aucune trace de ces employés et une ouverture béante dans la clôture, que certaines personnes emprunteraient pour traverser la voie ferrée. [caption id="attachment_102427" align="alignleft" width="2560"]– France Désaulniers
