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PHOTOS et VIDÉO - Un boisé sur boulevard Quinn

le mardi 12 septembre 2023
Modifié à 9 h 22 min le 27 décembre 2023
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

La maison est à peine visible de la rue. (Photos: Le Courrier du Sud - Ali Dostie)

Sur la terre battue du petit sentier qui traverse le parterre de la maison de Gilles Junior Charbonneau, on ne se sent pas dans la cinquième plus grande ville du Québec. Et pourtant, cet amoureux de la nature et de la simplicité a bel et bien «apporté la campagne en ville», sur le boul. Quinn de l’arr. du Vieux-Longueuil.

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L’odeur apaisante de bois et de sapin nous chatouillent les narines. Les plans de framboises se mélangent aux plantes potagères, fines herbes et amas de roches rondes.

Gilles Charbonneau (Photo : Le Courrier du Sud - Ali Dostie)

Pas un grain de pelouse n’y pousse, mais plutôt d’immenses conifères, des dizaines de plantes aux allures de plants de maïs qui longent le trottoir et des asclépiades pour attirer les monarques – «je n’en ai vu que trois cette année», confie M. Charbonneau.

«Le pouce vert, il vient de ma grand-mère. La pionnière, c’est Aurore! Elle faisait ses semis, ne gaspillait rien, même pas un pépin de pomme ou une pelure de banane!, lance-t-il. Mais elle n’imposait rien. Elle montrait par l’exemple.»

Visiblement, la technique a porté fruit. Les parents de Gilles (et lui-même) ne boivent que de l’eau distillée, son père suit le régime paléo – protéines animales et végétaux, pas d’aliments transformés – sans même en connaître le nom. Le couple n'a jamais eu de voiture. 

Cet amour de la nature est résolument une affaire familiale. «Le "pas de gazon" a fait des petits», résume M. Charbonneau.

 

 

 

Ce dernier a d’ailleurs acheté la maison de ses grands-parents sur le chemin de Chambly, face au cimetière. Elle a aujourd’hui été vendue et démolie. M. Charbonneau en a ramené entre autres des dizaines de plans de framboises. «Le terrain là-bas avait 170 pieds de creux. Il y en avait une quantité industrielle», relate-t-il.

Plusieurs poussent ainsi sur le terrain devant sa demeure, qui elle, est la maison de ses parents – et de son enfance – acquise il y a plus de 30 ans. «Je les ai mis dehors! dit-il en riant. Je les adore!»

D’aussi loin qu’il se souvienne, le terrain a toujours eu cette même allure sauvage. «Les tempêtes de neige, ici c’est féérique. Mes amis aiment encore venir chez moi, parce que c’est pas pareil comme ailleurs.»

«Mon père m’a dit que j’étais «un original». Mais je ne suis pas d’accord avec ce terme. La nature n’est pas originale. Elle est belle.»

-Gilles Junior Charbonneau

La nature et ses mystères

En faisant le tour du propriétaire, il parle de ses plans de céleri, de la faible récolte cette année de framboises rouges et noires. «Et ça, tu vois, je n’ai jamais planté ça», dit-il, en pointant une plante basse à grandes feuilles, de laquelle pend un fruit – ou un légume? – aux allures de petit melon.

«C’est la nature, elle fait son propre environnement», exprime-t-il, admiratif. 

Il s’étonne tout autant de ses «étrangleurs» qui, à force de se faire couper régulièrement pour qu’ils cessent de s’attaquer aux plants de tomates voisins, ont arrêté de pousser de ce côté. «Ils comprennent!»

Des histoires

L’homme de 57 ans ne manque pas de verve; tout ce qui l’entoure recèle une histoire. 

Tels les petits monticules de roches, qui jonchent son terrain. Il y a plusieurs années, il les a récupérées, avec permission, d’une église du chemin Ste-Foy qui était en pleine démolition.

S’il peut même accepter lorsque quelqu’un lui en demande, il se désole de constater qu’il se fait parfois voler de ces pierres. «Ce sont des roches de rivière à saumon. Elles sont un peu mauves», décrit-il, pour expliquer leur caractère distinctif. 

Mot d’ordre : simplicité

Ce débardeur du Port de Montréal semble presque vivre selon les standards d’une autre époque : pas de cellulaire, pas d’Internet. Seul un téléphone résidentiel, sans boîte vocale. Il est le seul à son boulot qui va encore chercher son talon de paie en format papier.  

«J’ai toujours été attiré par la simplicité», avance-t-il.

À part pour la bière qu’il s’offre de temps en temps, sa facture d’épicerie n’affiche aucune taxe. «Pas d’aliments transformés», explique-t-il. 

La conversation avec la journaliste est interrompue à quelques reprises par des salutations de voisins qui passent devant.

M. Charbonneau raconte avoir offert des framboises à l’une d’entre elles et qu’elle lui a apporté un pot de confiture en retour. «Quand tu donnes, tu reçois», dit-il, appréciant cette entraide et cet esprit de communauté.

Il déneige l’entrée d’un voisin, et reçoit en échange le Journal de Montréal de la veille. Une copie qu’il transmet à son tour à sa mère. 

Quant à son fils, Gilles III, il n’a pas forcément adopté le même mode de vie que la famille. «Mais il voit bien que ce n’est pas un feu de paille et il va souvent voir ses grands-parents. Je pense que ce qu’on enseigne à un enfant, ça va rester.»