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Pierre Lambert: de Saint-Hubert à la grande ligue
le mercredi 05 septembre 2018
Modifié à 7 h 15 min le 05 septembre 2018
HOCKEY. Alterner entre la Ligue nationale de hockey (LNH) et la Ligue américaine de hockey (LAH) est officiellement chose du passé pour l’arbitre Pierre Lambert, qui a récemment signé son premier contrat à temps plein avec la grande ligue. Le Courrier du Sud l’a rencontré afin de discuter de cet accomplissement.
Le 17 novembre 2016, Pierre Lambert recevait un courriel lui annonçant qu’il devait se rendre à Buffalo dans les 72 heures afin d’arbitrer son premier match dans la LNH.
«J’étais nerveux, avoue le natif de l’arr. de Saint-Hubert. Les cinq premières minutes, le feeling est bizarre, se souvient Pierre Lambert. Le premier appel en est un bon, le deuxième aussi, puis le troisième aussi… Et tu deviens confortable. Mais j’ai une nervosité et des papillons avant chaque match. C’est ce qui me garde compétitif.»
Jusqu’à la fin de la saison 2018, Pierre Lambert avait un contrat à deux volets, alternant entre la LNH et la LAH. Mais en septembre, il foulera les patinoires de la grande ligue afin d’entamer sa première saison à temps plein.
«On ne le réalise jamais. Quand j’ai eu mon premier contrat, je n’en revenais pas. Je me lève le matin et je ne vais pas au travail; pour moi ce n’est pas un travail, c’est une passion.»
Pierre Lambert est le premier arbitre issu du réseau Midget Espoir de Hockey Québec à avoir atteint la LNH. Jusqu’à maintenant, il y a officié 37 parties. Pour sa première saison à temps plein, il devrait en arbitrer environ 70.
Suivre les étapes
Bien avant d’être arbitre, Pierre Lambert était un joueur de hockey. Il avait 14 ans lorsque son père l’a inscrit comme officiel à Saint-Hubert.
«Il voulait que j’améliore mon coup de patin. Sur la patinoire, j’avais un gros caractère, mais à l’extérieur, j’étais timide. L’arbitrage m’a beaucoup aidé, admet-il. Quand j’ai commencé, je n’aimais pas ça dealer avec les parents. Jusqu’à 16 ans, j’arbitrais du hockey mineur simple lettre à Saint-Hubert.»
En même temps, Pierre continuait à jouer dans les hauts calibres. À 18 ans, l’entraîneur du Collège Français Pierre Petroni l’a toutefois retranché du junior AAA; un tournant dans sa carrière de joueur… et d’arbitre.
«Il m’avait dit “Tu pourrais jouer dans la ligue, mais tu devrais commencer à prendre l’arbitrage plus au sérieux”... Ça m’avait motivé. À partir de ce jour-là, mon but était d’arbitrer junior AAA pour voir Pierre Petroni et lui montrer que j’étais capable de me rendre là. C’était une source de motivation», relate celui qui arborera désormais le numéro 37.
Aujourd’hui, le stress habituel d’avant-match est bien présent, mais il affirme se sentir en contrôle. Selon lui, l’important est de ne jamais sauter d’étapes; c’est ainsi qu’un arbitre est toujours prêt pour le calibre suivant.
«Quand tu ne brûles pas d’étapes, tu arrives prêt. Il y a certains arénas, comme celui de Baie-Comeau (dans la LHJMQ), qui sont très bruyants, mentionne-t-il. L’année où le Drakkar s’est rendu en finale, c’était intense. Tu apprends de ça.»
Un mental à toute épreuve
Comme la plupart des arbitres, Pierre Lambert a souvent eu à composer avec des joueurs, des entraîneurs et des parents mécontents.
«C’est très psychologique. On fait des erreurs, mais il faut avoir la capacité de passer à autre chose. L’été, je vais courir. Je repense à ce que j’ai fait de bon et de moins bon. J’essaie de ne pas reproduire mes erreurs, mais je sais que je ne serai jamais parfait», indique celui qui s’entraîne six jours par semaine à raison de deux heures par jour tout au long de l’été.
Questionné sur un match qui l’a marqué davantage que les autres au cours de sa carrière, sa réponse est instantanée. «En 2011, dans un match de junior AAA, à Valleyfield. À la suite d’un appel que j’ai fait, les poubelles se sont ramassées sur la patinoire et j’ai eu une escorte policière de Valleyfield à Brossard», se remémore-t-il.
Malgré les matchs où les équipes et les foules ne coopèrent pas, Pierre assure qu’il a toujours su bien gérer ses émotions. «Je n’ai jamais perdu mon sang-froid., mais par moment, je lève le ton. Il faut faire attention de parler de la situation et non s’attaquer à la personne.»
Match sept
La Coupe RBC, le Défi mondial des moins de 17 ans, le Championnat universitaire canadien et la finale de la LHJMQ ne sont que quelques-uns des événements d’envergure dans lesquels a arbitré Pierre Lambert. Que peut-il vouloir de plus? Pour lui, la réponse est facile.
«Le rêve ultime pour tous les arbitres est de faire un match numéro 7 de la finale de la Coupe Stanley. Mais j’y vais étape par étape. Je veux commencer par m’acclimater à la Ligue et faire les séries. Je veux être un gars de séries. C’est mon but.»
Même si son contrat s’étale sur 15 ans, l’homme de 30 ans sait qu’il peut perdre sa place à n’importe quel moment.
«C’est ce qui me garde compétitif. Il n’y a rien d’acquis. J’ai atteint mon rêve, maintenant je veux rester au sommet. Il y a plusieurs bons et jeunes arbitres qui s’en viennent, et maintenant il y en a de l’Europe qui sont engagés; il faut donc toujours être le meilleur», conclut-il.