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Présumé poste de police chinois à Brossard : une présence soupçonnée depuis longtemps

le jeudi 09 mars 2023
Modifié à 15 h 22 min le 09 mars 2023
Par Sylvain Daignault, Initiative de journalisme local

sdaignault@gravitemedia.com

Le Centre Sino-Québec, boulevard Taschereau à Brossard. (Photo: Le Courrier du Sud – Google Maps)

La présence de présumés postes de police chinois au Québec en général n’est pas une surprise pour Danielle Pilette, spécialiste de la gestion municipale et métropolitaine et de la gouvernance des organisations territoriales.

«Mes étudiants m’en parlent depuis plusieurs années et plusieurs en souffrent», indique la  professeure associée (Ph.D.) au Département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale à l’UQAM, à qui Le Courrier du Sud a parlé à la suite des révélations du Journal de Montréal.

Le quotidien nous apprenait ce matin que la Gendarmerie royale du Canada enquêtait sur la présence de deux présumés «postes de police» chinois au Québec, un à Montréal et l’autre à Brossard, dirigés par une conseillère municipale de Brossard, Xixi Li.

Pressions
Selon la spécialiste, ce sont surtout les ressortissants chinois arrivés récemment et au statut précaire comme les étudiants qui sont victimes de ces pressions. «On leur demande de se surveiller les uns les autres afin de savoir qui parle contre le régime communiste chinois. On fait pression sur les familles. On veut éviter qu’ils s’affranchissent du groupe», soutient-elle.

«On reproduit ici le même type de surveillance que dans les régimes autoritaires.»
- Danielle Pilette, spécialiste de la gestion municipale et métropolitaine et de la gouvernance des organisations territoriales

Illégal
D’un point de vue institutionnel, Mme Pilette est catégorique : un service de police d’une puissance étrangère ne peut pas exercer sur un territoire étranger. «Même la GRC ne peut pas intervenir partout au Canada. La répartition des services de police est une responsabilité provinciale», précise-t-elle.

Que peuvent faire les municipalités s’il s’avère que la Chine a installé des postes de police clandestins sur leur territoire? «Les municipalités peuvent vérifier s’il n’y a pas un usage dérogatoire d’un bâtiment. Dans l’affirmative, elles peuvent ensuite fermer l’établissement», répond-elle.

Des antennes partout
Mme Pilette avance que la Chine a profité du fait que les yeux du monde entier ont longtemps été tournés vers les États-Unis et la Russie pour installer des antennes partout. 

«L’Occident a été aveuglé par la supposée victoire des États-Unis sur l’URSS, analyse-t-elle. Pendant ce temps, la Chine a placé ses pions pour remplacer les États-Unis comme gendarme du monde.»

Une ligne téléphonique spéciale, le 514 939-8301, a été mise sur pied pour recevoir les signalements concernant la présence présumée de ces postes de police clandestins.

Au moment de publier ces lignes, le Centre Sino-Québec de la Rive-Sud, à Brossard, visé par ces allégations, n’avait pas répondu à nos appels.

Dans un autre dossier, en novembre 2021, Mme Li, alors candidate de la Coalition Brossard pour le poste de conseillère dans le district 8, avait été sommée par le Directeur général des élections du Québec (DGEQ) de ne plus utiliser le logo d'Élection Québec dans ses communications.

@T