Quatre mois à vider sa toilette à la chaudière

Nancy Thompson a cru vivre, bien malgré elle, à l'époque des pots de chambre. Elle a dû vider sa toilette à la chaudière pendant quatre mois avant que l'organisme propriétaire de son immeuble ne la remplace. Ce n'est là qu'une seule des nombreuses doléances des locataires du 970-990, Terrasse Dessaules.

«On est carrément laissés à nous-mêmes, affirme Nancy Thompson. Il fallait que je sorte dehors avec une chaudière à tous les jours. C'était comme avoir une toilette extérieure!»

Son voisin, Martin Beaudoin, a été victime d'un dégât d'eau le 17 avril. Il a appelé l'organisme qui gère l'immeuble, Écologement, mais ce dernier a mis deux semaines à faire venir un plombier. Selon lui, les dommages causés par le dégât d'eau n'ont pas encore été réparés, ni même évalués.

«Ça n'a pas de bon sens, il y a un risque de moisissures», déplore-t-il.

Parmi les autres problèmes, on trouve des murs fissurés, une pelouse mal entretenue et une porte d'armoire tombée sur la tête d'une vieille dame. Plusieurs locataires refusent maintenant de payer leurs loyers, et la cause est devant la Régie du logement.

300 000$ à investir

Écologement est une filiale de la Fédération des coopératives d'habitation montérégiennes (FÉCHAM). Elle gère des immeubles qui ont perdu leur statut de coopérative. En entrevue avec Le Courrier du Sud, le directeur général de la FÉCHAM, Daniel Godin, refuse de répondre aux doléances précises des résidents du 970-990, Terrasse Dessaules.

«Je ne veux pas rentrer dans la poutine quotidienne, affirme-t-il. Mais pour les problèmes urgents, c'est comme partout ailleurs: les résidents peuvent appeler un plombier et nous envoyer la facture.»

Selon M. Godin, Écologement et la FÉCHAM ont investi 22 000$ l'an dernier dans cet immeuble. Un chiffre qui grimpera à 300 000$ au cours des 10 prochaines années.

Se débarrasser du 970-990

Ce n'est pas la première fois que la FÉCHAM éprouve des problèmes avec le 970-990, Terrasse Dessaules. Il y a 15 ans, l'endroit a perdu son statut de coopérative d'habitation à cause d'une importante fraude de la part de certains administrateurs, qui sont tous partis depuis. C'est d'ailleurs ce qui a mené à la création d'Écologement.

Selon Daniel Godin, la FÉCHAM veut se départir de cet immeuble. Mais l'organisme ne compte pas le céder aux résidents, qui ont pourtant lancé un projet pour redevenir une coopérative d'habitation, surnommée la Coopérative du Phoenix.

«La coopération entre locataires a toujours été bonne ici. On a fait une demande pour devenir une coop en 2013, mais depuis, ça stagne», affirme Ghyslaine Martel, qui mène le projet. Cette dernière a déjà été concierge de l'immeuble pour le compte de la FÉCHAM, mais a démissionné à cause de différends avec l'administration.

M. Godin affirme n'avoir jamais reçu d'offre d'achat de la part du Phoenix. Mais peu importe, car il a d'autres plans pour l'immeuble et pour toutes les autres coopératives d'habitation du secteur.

«Bientôt, on n'aura plus accès à une subvention de la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL), explique-t-il. Il faut qu'on vise l'autonomie financière. C'est pourquoi on propose de regrouper les coopératives et d'en créer une nouvelle, plus grosse.»

Selon lui, la nouvelle entité permettra des économies d'échelle en regroupant les services et en partageant les connaissances.

Le plan de regroupement a été présenté le 10 juin aux membres des différentes coopératives du secteur. Mme Martel s'est dite intéressée par le projet. Il n'a toutefois pas été possible d'obtenir ses commentaires après la présentation du plan.