Réduire le parc automobile de moitié ? Comment cela se traduirait sur le territoire
Le superministre du gouvernement provincial, Pierre Fitzgibbon, a lancé une déclaration fracassante le 14 août, indiquant que le Québec devrait réduire de moitié son parc automobile s’il veut atteindre la carboneutralité en 2050. Que le ministre soit sérieux ou non, Le Courrier du Sud a voulu découvrir comment cela se traduirait sur le territoire. Portrait automobile de Longueuil, Brossard et Saint-Lambert.
Selon les données de la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ), on retrouverait en 2022 tout juste un peu moins de 200 000 automobiles ou camions de promenade dans ces trois villes.
Ce serait donc 100 000 véhicules à retirer des routes, seulement sur ce territoire d’ici 2050. Un défi colossal, considérant qu’entre 2012 et 2022, près de 22 000 véhicules ont été ajoutés sur les routes dans cette région.
Au Québec en entier, uniquement pour les véhicules ou camions de promenade, on retrouvait près de 5 millions de véhicules en 2022, soit plus de 500 000 véhicules de plus qu’en 2012
Plus de véhicules par adresse à Brossard
En comparant les données de la SAAQ à celles du recensement canadien de 2021, on note que c’est à Brossard que l’on retrouve le plus de véhicules par adresse.
En effet, 90% des ménages de Brossard possèdent au moins une automobile ou un camion de promenade. Les pourcentages à Saint-Lambert (84%) et à Longueuil (83%) sont un peu plus bas.
De plus, Brossard remporte également la palme pour le nombre de ménages possédant deux véhicules de promenade ou plus, alors que plus d’un tiers de ses ménages (36%) ont plus d’un véhicule. Longueuil suit avec 30%, puis Saint-Lambert avec 27%.
Un monde un peu différent
On a demandé au titulaire de la Chaire sur la décarbonisation de l'ESG UQAM, Mark Purdon, s’il était réaliste de réduire le parc automobile d’ici 2050, ne serait-ce que d’une seule voiture.
Sans répondre directement à la question, M. Purdon note toutefois un changement dans la façon de voir le secteur automobile.
«Il y a 10, 20 ans, l’idée était encore d’augmenter le nombre de voitures, d’autoroutes. Le secteur automobile est un grand secteur industriel, il y avait un grand intérêt économique, de croissance de ce secteur. Mais on vit dans un monde un peu différent», estime-t-il.
Si ce dernier ne connaît pas d’endroit en particulier où il y a eu une réduction notable du parc automobile, il voit d’un bon œil le développement des technologies comme la voiture autonome, le déploiement du transport en commun et une conception différente des villes, afin de diminuer l’utilisation quotidienne de la voiture.
Habitudes à changer
La population serait-elle prête à changer ses habitudes pour réduire les gaz à effet de serre?
D’une certaine façon, oui, selon le professeur. M. Purdon évoque une de ses recherches auprès du public, dans laquelle on leur demandait s’ils étaient prêts à accepter une hausse importante du prix à payer à la pompe pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
«De manière significative, les gens qui avaient une voiture électrique n’avaient aucun problème avec l’augmentation. On doit traiter un peu ces données-là, mais ça suggère qu’un certain appui est là», affirme-t-il, en ajoutant que le développement des technologies permettrait de faciliter les transitions.
«Je pense qu’il y a une volonté, mais l’ampleur du défi est tellement importante que si on dépend juste du comportement de monsieur et madame Tout-le-Monde, on ne va pas y arriver», ajoute Mark Purdon.