Refonte de la Loi concernant les soins de fin de vie : la député de La Pinière vote contre
Linda Caron, députée de La Pinière, est l’une des deux seules élues à avoir voté contre la refonte de la Loi concernant les soins de fin de vie adoptée le 7 juin à l’Assemblée nationale. Elle aurait aimé un meilleur équilibre entre deux principes fondamentaux : le respect du droit à l’autodétermination des individus et le rôle qui incombe à l’État de protéger les personnes vulnérables.
La position de la députée Caron s’harmonise avec celle de la Commission spéciale sur l’évolution de la Loi concernant les soins de fin de vie de la législature précédente.
@Ci:«À mon humble avis, malgré la qualité des travaux que nous avons menés, le PL 11 ne va pas assez loin pour protéger les personnes vulnérables.»
@Csi:-Linda Caron, député libérale de La Pinière
Banalisation
La députée s’est dite choquée par certains des témoignages entendus durant les consultations, laissant craindre que la banalisation de l’aide médicale à mourir est commencée.
«J’ai été marquée par le témoignage d’une personne en situation de handicap. C’est une personne qui a besoin de soins, d’un appartement adapté et de transport adapté. Avec ces aides, il est capable de travailler, de contribuer positivement à la société, de vivre sa vie. Eh bien, savez-vous quoi? Il s’est fait dire par un professionnel de la santé qu’il avait toujours l’option de demander l’aide médicale à mourir, raconte Mme Caron. Il nous a dit qu’il avait reçu ça comme une grande violence. La seule chose qu’il demande, c’est de pouvoir vivre sa vie.»
Elle poursuit : «D’autres groupes sont aussi venus nous dire qu’avant de penser à leur offrir l’AMM, ils aimeraient bien qu’on leur offre de l’aide à vivre. J’ai été vraiment touchée par ces témoignages, que j’ai pris en quelque sorte comme des appels à l’aide.»
Selon la députée Caron, aucune disposition du projet de loi ne garantit clairement l’accès à tous les services et soins revendiqués par les personnes qui préfèrent recevoir ce qu’elles appellent l’aide médicale à vivre.
Elle dénonce aussi le fait qu’aucune disposition du PL ne garantit l’accès aux soins palliatifs aux personnes qui préféreraient cette option plutôt que de se tourner vers l’AMM.
«Aucune disposition du PL ne vient protéger les personnes vulnérables contre la banalisation de l’AMM ou interdire à quiconque d’exercer des pressions plus ou moins subtiles, que ce soit dans l’espace médical, public, voire familial, pour recevoir l’AMM», estime Mme Caron.
Dans ce contexte, la députée est d’avis que le projet de loi ne protégeait pas suffisamment les personnes vulnérables, qu’il s’agisse de personnes aînées ou en situation de handicap, d’Autochtones, de personnes seules ou malades, de personnes itinérantes ou autres.
«C’est pour ces personnes que j’ai voté contre le PL 11. Et je suis reconnaissante que le caucus libéral ait permis le vote libre sur ce projet de loi», de conclure la députée de La Pinière.
D’accord avec les grandes lignes
Par ailleurs, la députée précise être d’accord avec plusieurs aspects de cette loi dont les demandes anticipées d’AMM et le fait de permettre aux personnes qui ne sont pas en fin de vie d’avoir accès à l’AMM si elles ont des souffrances persistantes et inapaisables qu’elles ne veulent plus endurer. Elle appuie aussi le fait que les infirmières praticiennes spécialisées (IPS) puissent administrer l’AMM et constater les décès.
Outre Mme Caron, Filomena Rotiroti (Jeanne-Mance–Viger) a également voté contre ce projet de loi. Un autre député libéral, André A. Morin (L’Acadie) s’est abstenu.
Ce que permet la nouvelle loi
- Les personnes touchées par une maladie neurodégénérative cognitive peuvent demander l’AMM afin de terminer leur vie dans la dignité.
- Elle permet aux personnes souffrant de maladies graves et incurables, comme l’Alzheimer, de faire une demande anticipée pour recevoir ce soin ultime.
- Les infirmières praticiennes spécialisées (IPS) pourront aussi administrer l’aide médicale à mourir.
- Il sera permis de recevoir l’aide médicale à mourir à l’extérieur d’un établissement de santé ou du domicile, comme au salon funéraire ou tout autre lieu qui n’était pas prévu par la loi.