Rencontre avec l’espoir : des témoignages touchants aux Narcotiques Anonymes
Trois membres des Narcotiques Anonymes (NA) ont accepté de témoigner de leur parcours lors d’une rencontre empreinte d’émotions et de sincérité. Éric, Marie et Steve (noms fictifs) ont partagé leurs luttes, leurs victoires, mais surtout, leur résilience face à une dépendance qui a marqué leur vie.
C’est dans un local qui sentait bon le café du Centre communautaire Saint-Robert, rue Duhamel à Longueuil, que le trio a rencontré Le Courrier du Sud, en décembre.
Steve : «On est unis par notre souffrance, pas par ce qu’on consomme»
Steve, 36 ans, a trouvé un nouveau souffle au sein des Narcotiques Anonymes depuis quatre ans. Pour lui, l'identification à d'autres membres qui partagent une souffrance commune est un pilier du rétablissement. «On arrive ici quand on est au bout du rouleau. Moi, j’ai tout essayé pour arrêter seul, mais rien ne fonctionnait. C’est dans ce désespoir que je suis venue chercher de l’aide.»
Il souligne l’importance de l’espoir dans son cheminement : «Voir des gens qui s’en sont sortis m’a donné envie de me battre.» Steve n’hésite pas à critiquer le système judiciaire, estimant qu’orienter les personnes dépendantes vers des thérapies et des groupes comme NA est bien plus bénéfique que l’incarcération.
Aujourd’hui, Steve parraine deux membres, un rôle qui lui procure un immense sentiment de gratitude : «Redonner, ça m’a sauvé la vie. J’ai perdu 20 ans dans la consommation, mais je me sens enfin libre.»
Éric : «Le programme m’a appris à être responsable»
À 53 ans, Éric cumule 13 ans d’ancienneté grâce au programme des 12 étapes de NA. Pour lui, la consommation n’était qu’un symptôme d’un problème plus profond : «15 % du problème, c’est la consommation. Les 85 % restants, ce sont les comportements.»
Éric insiste sur l’importance du parrainage, une relation basée sur la confiance et le soutien. «Mon parrain a été le premier homme à qui j’ai fait confiance. Avant, tous les hommes voulaient ma femme ou ma drogue. Aujourd’hui, je suis parrain à mon tour, et c’est un immense privilège.»
Il évoque également l’impact de la communauté : «Quand je ne consomme pas, je suis un père présent, un conjoint responsable. Mais surtout, je suis là pour ceux qui comptent sur moi.»
Marie : «Réparer ce qui a été brisé»
Dans la quarantaine, Marie a rejoint NA pour rétablir un équilibre dans sa vie. «Rétablir, c’est réparer ce qui a été brisé en moi, ce qui m’a empêchée d’avoir un parcours comme les autres.»
Elle insiste sur l’importance du groupe : «C’est un soutien collectif, mais aussi une transmission d’un humain à l’autre. Pour elle aussi, le parrainage est un outil puissant qui permet de tisser des liens profonds et de grandir ensemble.
Un lieu d’accueil sans jugement
Tous trois s’accordent sur un point : NA est un lieu d’amour inconditionnel. «Peu importe ton passé ou ce que tu as consommé, tu es accueilli ici. La seule condition pour devenir membre, c’est de vouloir arrêter», explique Steve.
Avec un nombre croissant de jeunes parmi ses membres, la fraternité s’efforce d’offrir un espace d’identification pour tous. «L’identification est essentielle. Quand un jeune de 20 ans voit quelqu’un de son âge s’en sortir, il se dit que c’est possible pour lui aussi», souligne Marie.
Plus qu’un groupe d’entraide, les Narcotiques Anonymes sont une véritable communauté où l’on apprend à reconstruire sa vie. Les membres s’unissent autour d’une mission commune : rester sobres et s’entraider. Comme le dit Steve : «Ce qui compte, c’est ce que tu es prêt à faire aujourd’hui pour changer ta vie.»
À travers leurs témoignages, Éric, Steve et Marie rappellent que l’espoir existe, même dans les moments les plus sombres.
Depuis 1984, Narcotiques Anonymes (NA) soutient les Québécois confrontés à la dépendance, offrant plus de 325 réunions hebdomadaires gratuites dans toutes les régions de la province. Ces rencontres, également accessibles en ligne, permettent à chacun d’obtenir de l’aide sans délai d’attente. Pour rejoindre Narcotiques Anonymes : 1 855-LIGNENA, www.naquebec.org