Rien ne va plus à la Caisse Desjardins de Brossard

Plaintes, congédiements, harcèlement, dépressions, voies de fait et audiences devant la Commission des normes du travail: voilà une liste des problèmes qui affligent la Caisse Desjardins de Brossard depuis deux ans. Des problèmes qui culminent maintenant avec une poursuite judiciaire de la part de l'ancien président du conseil d'administration contre sa caisse et la Fédération des caisses Desjardins. Selon la requête déposée en cour par l'ancien président, Chiheb Charchour, l'origine de cette affaire serait un simple conflit entre deux employées de la Caisse. L'une d'elles, Sonia-Annie Bergeron, s'est adressée à M. Charchour pour se plaindre de voies de fait de la part d'une subalterne. Son supérieur immédiat, le directeur général Sylvain Maher, aurait refusé d'agir. M. Charchour a lancé une enquête interne avec l'aide de la Fédération des caisses Desjardins. Au cours de cette enquête, d'autres employés ont dénoncé des agissements inacceptables de la subalterne, agissements qui étaient connus de M. Maher. Celui-ci a été suspendu avec solde pendant l'enquête, puis congédié avec l'approbation des ressources humaines de la Fédération. La subalterne a aussi perdu son emploi. Entretemps, Mme Bergeron avait remis sa démission, mais celle-ci n'a pas été acceptée par le C.A. Elle a pu réintégrer ses fonctions à la Caisse. Revirement de situation Or, toujours selon la requête de M. Charchour, les événements ont pris une tout autre tournure lorsque la haute direction de la Fédération des caisses Desjardins a pris connaissance du dossier. Lors d'une rencontre tenue deux semaines après le congédiement de M. Maher, deux vice-présidents de la Fédération ont proposé à la Caisse de Brossard d'annuler ce congédiement pour qu'une seconde enquête soit lancée. Cette demande a été refusée par M. Charchour et son conseil d'administration. Dans une série de tractations qui ont mené à l'embauche et au renvoi de deux directeurs généraux par intérim, ainsi qu'à la suspension du C.A. de la Caisse de Brossard par la Fédération, ce sont finalement M. Charchour et Mme Bergeron qui ont perdu leur emploi. Sylvain Maher, lui, a été réintégré comme directeur général le 8 septembre 2014. Dans sa requête, M. Charchour accuse la Fédération de mauvaise foi et d'avoir fait tout en son pouvoir pour favoriser M. Maher. Il demande à la Cour supérieure d'ordonner sa réintégration au sein du C.A. de la Caisse, et il poursuit la Fédération, la Caisse et deux de ses administrateurs pour un total de 100 000$. Mme Bergeron, quant à elle, a porté plainte pour harcèlement psychologique et congédiement abusif auprès de la Commission des normes du travail. Recyclage des produits de la criminalité Selon le document de M. Charchour, la Fédération a mené une inspection à la Caisse de Brossard en mai 2014, soit au beau milieu de cette saga. Les inspecteurs se seraient beaucoup attardés aux comptes personnels du président. La Fédération l'aurait congédié pour le motif qu'il aurait participé au recyclage de produits de la criminalité, notamment en effectuant un retrait dans le compte de la compagnie tunisienne Syphax sans avoir reçu une procuration de la compagnie. Syphax est une compagnie aérienne qui a vu le jour après la période dite du printemps arabe. Elle s'est récemment placée sous la protection des tribunaux tunisiens pour éviter la faillite. M. Charchour, qui est aussi chargé de cours à l'Université de Montréal, réfute toute allégation de conduite inappropriée. Selon lui, la Fédération cherchait un moyen de le tasser. Le Brossard Éclair a contacté la Caisse Desjardins de Brossard pour obtenir un commentaire. Notre appel a été transféré à Sylvain Maher, qui ne nous a pas rappelé.