De porte en porte, on parle vraiment de tout à Loïc Blancquaert, candidat à la mairie de Saint-Lambert. Pendant environ une heure sur l’avenue de Dulwich et la rue Logan, le même sujet revient rarement deux fois. Le conseiller sortant écoute avec attention, tout en se voyant répondre à chacune de ces inquiétudes s’il devient maire.

À l’occasion de l’élection municipale à Saint-Lambert, les deux principaux candidats à la mairie, Loïc Blancquaert et Pascale Mongrain, ont accepté que Le Courrier du Sud les accompagne pendant leur porte-à-porte respectif.

Changement de quartier, changement de réalité. Si avec Mme Mongrain, les gens s’informaient beaucoup de quelques enjeux qui les touchaient directement, avec M. Blancquaert, les conversations vont dans tous les sens : la chicane au conseil, les finances et l’agglomération, le manque d’écoles, les taxes, le climat sur les médias sociaux.

Une résidente se dit ouverte à l’idée de rejoindre l’agglomération de Longueuil. Un autre profite de sa présence pour exposer ses nombreuses doléances envers la Ville.

Entre deux portes, une régulière des séances publiques s’arrête en voiture et discute brièvement du plan de match de la journée avec le candidat à la mairie.

Une chose est claire : rares sont les gens qui ne sont pas politisés dans ce quartier.

L’expérience municipale

Fier de ses huit années comme conseiller municipal, M. Blancquaert croit que cette expérience est cruciale afin de diriger la ville.

«Les gens sous-estiment la complexité du milieu municipal, le nombre de réglementations, que le palier municipal est loin d’être autonome, souverain. Notre carré de sable, il est extrêmement restreint. Il faut connaître les lois, comprendre les lois pour savoir comment on peut gérer les choses à notre manière», soutient-il.

Celui-ci admet avoir appris énormément lors de son premier mandat en 2017 et que le deuxième mandat lui a permis de parfaire cet apprentissage.

«Je sais où agir, où frapper, où mettre les efforts dès le jour 1 du mandat», assure M. Blancquaert.

Taxes et orientations

D’ailleurs, lorsqu’on lui demande ses priorités, il parle d’abord de certaines actions qu’il poserait dès le début, notamment avec le budget de 2026 et sa proposition de gel de taxes pour la première année de son mandat. «Faire le ménage dans les finances», il le réitère au journaliste après l’avoir dit à plusieurs citoyens.

Mais aussi, M. Blancquaert veut dans les 100 premiers jours d’un éventuel mandat organiser un lac-à-l’épaule avec tous les élus. Il souhaite aussi convoquer une rencontre stratégique avec les organismes de la Ville afin de connaître leurs besoins et attentes, entre autres.

«Une fois fait, on va prendre et analyser ça, puis établir nos orientations stratégiques. Ça va servir de base à notre action pour les quatre prochaines années», explique-t-il.

Développement immobilier et hôtel de ville

Lorsque la conversation tangue vers le développement immobilier, M. Blancquaert parle d’abord de surveiller l’impact des nouveaux projets qui ont été acceptés dans les dernières années. Il estime que ceux-ci vont amener à Saint-Lambert entre 1500 et 2000 nouveaux résidents.

«On a approuvé énormément de projets dans le dernier mandat, on ne sait pas l’impact sur nos services, le réseau scolaire, le réseau routier. On ne le vit pas encore», souligne-t-il.

Le candidat à la mairie argue cependant que la Ville peut faire mieux dans son redéveloppement. «Les projets qui vont être approuvés dans les quatre prochaines années, je veux absolument qu’on fasse les choses différemment. Je ne veux pas juste du résidentiel, je veux qu’on fasse de la mixité au sein même des projets, avec des commerces, des bureaux, des garderies», plaide-t-il.

M. Blancquaert souhaite aussi une plus grande mixité sociale, avec plus de logements sociaux ou abordables dans les nouvelles constructions.

Pour l’hôtel de ville, fermé depuis 2022, il estime lui aussi que «ça urge» de prendre une décision.

Enfin, par rapport aux relations avec l’agglomération de Longueuil, il entend «aller chercher plus de services en échange de la quote-part qu’on leur donne», donnant en exemple des patrouilles de police plus nombreuses. Il souhaite aussi implanter le principe de l’utilisateur-payeur pour l’enfouissement des déchets.

Pas un élu d’opposition

M. Blancquaert a été au cœur de situations tendues avec les deux derniers maires de la Ville, Pascale Mongrain et Pierre Brodeur. Lorsqu’on lui demande s’il se voyait un peu comme un élu de l’opposition lors des deux mandats, il assure que non et se voyait plutôt comme quelqu’un qui faisait valoir son opinion sur les dossiers.

«Ça m’est arrivé d’exprimer beaucoup d’inquiétude, de prendre position dans des dossiers que je jugeais importants. Ça m’est arrivé de voter contre, même si la majorité du temps, je votais avec le conseil. […] Les gens sont parfois déçus, une fois élu, que les gens deviennent un peu muets, deviennent un peu des rubber stamp comme on dit. Alors que de mon côté, je pense que ça enrichit le débat de se prononcer», suggère-t-il.