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Série documentaire 180 jours: dans l’antre de l’école Gérard-Filion

le jeudi 04 octobre 2018
Modifié à 8 h 35 min le 04 octobre 2018
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

TÉLÉ. Au-delà de la réputation, du milieu défavorisé et des statistiques qui placent l’école Gérard-Filion en fin de classement, les caméras discrètes de 180 jours témoignent de la richesse du quotidien d’une école secondaire, du dévouement de ses enseignants et des membres du personnel, ainsi que de la persévérance de ses élèves. En toute authenticité. Diffusée depuis le 20 septembre à Télé-Québec, 180 jours propose une incursion dans l’année scolaire 2017-2018 de l’école de Longueuil. Le tournage s’est échelonné d’août à juin, à raison de deux jours par semaine. Derrière un épisode se cache un mois de tournage. «Quand j’ai terminé le dernier épisode, j’ai eu l’impression de revivre mon secondaire! s’exclame la réalisatrice Mélissa Beaudet. Et c’est ce que je souhaitais.» Elle désirait également redorer le travail des enseignants et membres du personnel – rôle trop peu valorisé dans notre société, estime-elle. Il s’agissait par ailleurs d’une occasion unique de bien comprendre les enjeux du milieu scolaire, de comprendre une réalité de l’intérieur. «Quand a-t-on l’occasion de passer une année dans une école secondaire?», fait remarquer celle qui a déjà été enseignante. Voilà une force du documentaire d’observation, ce que fait à la télé 180 jours et De garde 24/7, comme Pierre Perrault l’a fait pour le cinéma, compare-t-elle. De vraies émotions [caption id="attachment_57920" align="alignleft" width="393"] Sylvie Dupuis[/caption] Si la mauvaise presse de l’école Gérard-Filion aurait pu rebuter la réalisatrice, celle-ci a été séduite après avoir rencontré le personnel. Un coup de foudre, résume-t-elle. «J’ai voulu montrer cette école telle quelle, avec franchise. C’est une belle école, mais imparfaite. Il fallait coller à sa réalité. Et j’ai senti que la direction était authentique, sincère.» Un souci d’authenticité qui habitait aussi la directrice Sylvie Dupuis. Cette dernière n’a pas hésité à faire entrer les caméras dans son école, si ce n’est au départ qu’une inquiétude quant aux jugements des autres, alors que Gérard-Filion est en vedette. «Après, bien, c’est de se montrer sous son vrai jour, constate-t-elle. Et on ne pouvait faire autrement; quand on fait une intervention auprès d’élèves, on est dans le moment présent. Ce sont de vrais ados, de vraies émotions. C’est le souci du bien-être du jeune qui passe avant tout.» Mme Dupuis assure également que les caméras, toujours à l’écart, ont su se faire oublier. Six mois avant le début du tournage, Mélissa Beaudet et son équipe allaient fréquemment à l’école «J’étais comme un membre du personnel. Les élèves étaient habitués de me voir.» Dans la manière [caption id="attachment_57919" align="alignright" width="521"] Une scène de 180 ours[/caption] De par la nature du documentaire, la réalisatrice dépendait quelque peu de l’actualité et des événements qui survenaient sous ses yeux. Si elle voulait initialement aborder un ensemble d’enjeux, elle ne pouvait les imposer. «On ne se disait pas: bon, aujourd’hui, on va filmer de l’intimidation», souligne Mélissa Beaudet. Ce thème, tout comme la drogue, la sexualité ou encore la santé mentale, s’est imposé au fil des mois, au fil des interventions. Pour traiter de ces questions délicates, pas de tabou. «C’était important de montrer la prise en charge de l’élève. Tout est hyper contextualisé», relate-t-elle. À tout moment, les élèves étaient aussi libres de retirer leur consentement à paraître à la caméra – ce qui a été assez rare. Sylvie Dupuis relate par exemple qu’un élève a demandé de ne pas être filmé lors la fête de la rentrée. «Ce n’était pas un enjeu pour nous, mais il ne voulait pas être filmé dans les jeux gonflables. Il s’amusait comme un enfant, mais à 16 ans, il ne voulait pas qu’on le voit!» Si la série donne la parole aux intervenants, elle le fait aussi pour les élèves, bien qu’ils ne s’adressent jamais à la caméra. «On entend leur point de vue, assure la réalisatrice. Dans le cours d’éthique, par exemple, on a accès à leurs réflexions. On est témoin de leur vision du monde. C’est présent tout le long.» Se reconnaître Après la diffusion du premier épisode – et avoir vu l’ensemble de la série lors d’une séance spéciale de visionnement – , la directrice Sylvie Dupuis constate que c’est le côté humain de l’école, dans «sa belle imperfection», qui ressort de 180 jours.  Des enseignants d’autres écoles auraient aussi témoigné s’être reconnus et ont souligné le réalisme de la série. Cette vue d’ensemble a également permis à celle qui dirige une école secondaire depuis 10 ans de comprendre encore davantage le travail de ses collègues. «On se côtoie constamment entre collègues, mais pas dans l’action. Ça nous a permis de mieux comprendre la réalité de chacun, les différentes approches», observe-t-elle. Et de prendre conscience à quel point les jeunes peuvent évoluer, en 180 jours. «C’est un bel album de famille. Ce sera un beau souvenir professionnel», conclut la directrice. La série 180 JOURS est diffusée le jeudi à 20h sur les ondes de Télé-Québec. Elle est également disponible en rattrapage sur telequebec.tv.