Sur le carburant des écoles de pilotage

Les avions à pistons emploient du carburant 100LL. (Photo : Le Courrier du Sud – archives)
Dans l’article Pollution de l’air : « Un sujet fondamental, mais personne ne veut en parler » paru dans l’édition du 4 février, la Coalition Halte-Air Saint-Hubert soutenait que les avions à pistons des écoles de pilotage employaient du kérosène avec du plomb. Selon les écoles Cargair et Air Richelieu basées à Saint-Hubert, le kérosène n’est pas compatible avec les avions à pistons. Ces modèles recourent néanmoins à un carburant contenant du plomb.
«Nous utilisons du 100LL (Low Lead, faible en plomb) comme les voitures au sans plomb», indique Thierry Dugrippe, directeur d’exploitation du Collège Air Richelieu.
«L’équivalent de la consommation en essence des écoles de pilotage représente environ 12 voitures en circulation en tout temps pour l’agglomération de Longueuil et la Rive-Sud!» ajoute-t-il.
Chez Cargair, on confirme que 95% des avions utilisent également le 100LL (Avgas).
Les avions à réaction emploient quant à eux du kérosène.
Plomb
S’il est à basse teneur en plomb, l’essence 100LL contient tout de même du tétraéthylplomb (TEL), ajouté «pour augmenter l’indice d’octane et prévenir le cognement des moteurs d’avions à hautes performances», selon FA Aircraft Sales & Acquisitions. Il existe toutefois certains types d’essence, tels l’UL91 et l’UL94, sans plomb.
Pour le professeur Julien Keller de la Coalition Halte-Air Saint-Hubert, qui est bien au fait de la distinction entre le kérosène et l’avgas, cette mention «low lead» relève du marketing.
«Ce carburant est à une concentration deux fois supérieure à celle qu'on autorisait pour les automobiles dans les années 80», avance-t-il.
Durant cette période, aux États-Unis, les voitures utilisaient de l’essence contenant environ 1g par gallon, selon l’Institut de l’énergie de la Haas School of Business de l’Université de Californie à Berkeley.
L’avgas (100LL), utilisé en aviation, peut contenir jusqu’à 0,56 gramme de plomb par litre, soit 2,12/gallon.
L’Agence de protection de l’environnement des États-Unis (EPA) a affirmé que le plomb émis par les avions cause ou contribue à la pollution de l’air et pourrait raisonnablement mener à des dangers pour la santé et le bien-être de la population. La Federal Aviation Administration entend éliminer le recours à l’essence contenant du plomb d’ici 2030. «Que fait le Canada?» demande M. Keller.
«On sait, sur Longueuil, qu'il y a un rejet de 1,48 kg de plomb par le Centre d'épuration Rive-Sud en 2023, déclarés en bonne et due forme, expose-t-il. Cependant, il n'y a aucune information sur les rejets en plomb de l'aéroport. Pourquoi? Je m'attends à un résultat de l'ordre de 100 à 500 fois plus que ce que rejette le CERS, car l'on parle de milliers de litres utilisés.»