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Survivantes du cancer du sein : portraits d'espoir

le mercredi 18 septembre 2024
Modifié à 15 h 43 min le 17 septembre 2024
Par Guillaume Gervais

ggervais@gravitemedia.com

En exposant son corps pour y dévoiler les ravages causés par le cancer du sein, Karo-Lyne Dion a fait «tomber des murs qu’elle s’était elle-même imposés». Elle est l’une des 44 femmes qui ont été atteintes de cette maladie et qui ont servi de modèle pour l’exposition photo de l’artiste Gaëlle Vuillaume, présentée chez Cascara Station pendant deux mois, à Delson.

Gaëlle Vuillaume est native de France, mais habite maintenant Longueuil. (Photo : Le Reflet – Denis Germain)

Quand l’occasion de poser nue lui a été proposé, Karo-Lyne Dion était craintive à l’idée d’exposer son corps au public. Toutefois, «c’était encore plus wow» que ce qu’elle espérait, confie-t-elle.

«J’étais très gênée, car j’avais peur du jugement, relate la femme de 45 ans. Je suis fière d’avoir vécu cette expérience-là. C’est comme si c’est une autre personne qui est sortie de là.»

Nathaly Downey, elle, s’est sentie «changée».

«De se mettre à nu devant quelqu’un que tu ne connais pas, c’est intimidant, mais Gaëlle était tellement gentille, explique la participante de 52 ans. C’était la première fois que je montrais mon corps depuis le cancer. Ç’a été libérateur. C’était comme un pas vers la guérison.»

Nathaly Downey. (Photo gracieuseté)

Pour Geneviève Boisvert, propriétaire de Cascara Station, ce projet s’inscrit «parfaitement» dans la communauté d’entrepreneures qui fréquente son café pour travailler.

«C’est vraiment une histoire de filles, soutient-elle. On dirait que les tableaux ont été faits pour être exposés ici.»

L’artiste Gaëlle Vuillaume ne peut que se réjouir du bonheur ressenti par celles qui ont pris part à la séance photo de son projet intitulé Women’s Waves.

«J’avais envie de montrer que la féminité passe par autre chose qu’une poitrine, confie-t-elle. Je trouve ces femmes-là extraordinairement magnifiques et sensuelles. Je voudrais que tout le monde puisse se sentir bien dans leur corps.»

Terrible nouvelle

Mme Dion était en état de choc lorsqu’elle a appris la terrible nouvelle en 2020, raconte celle qui était alors âgée de 39 ans.

«Je faisais un peu de déni, explique la résidente de Granby. J’étais une fille qui s’entraînait beaucoup et je m’assurais de garder une bonne alimentation. Je pensais que ça n’arriverait qu’aux autres étant donné mon état de santé.»

Karo-Lyne Dion. (Photo gracieuseté)

La femme de 44 ans a vécu des moments difficiles compte tenu de son rythme de vie à l’époque. Elle a dû subir l’ablation totale d’un sein.

«Pour l’image, c’était très difficile, car corporellement parlant, j’avais pris du poids, poursuit-elle. Mon sein n’était pas parfait [après les opérations chirurgicales]. Je ne pouvais plus faire de sport autant qu’avant.»

Pour sa part, Mme Downey ressent encore de la douleur physique liée à l’ablation de ses seins.

«Ils ont enlevé les mamelons aussi, indique-t-elle. De plus, j’ai eu des deuils à faire en perdant mes cheveux au 2e traitement. Mentalement, c’est assez difficile pour une femme.»

Elle confie qu’il est difficile de trouver l’amour après avoir subi des traitements de chimiothérapie.

«Il faut les prévenir de ce qu’on a vécu, souligne-t-elle. On se demande s’ils vont être prêts à rester s’il nous arrive quelque chose. Le processus [de rencontrer quelqu’un] est tellement gros que tu laisses tomber à un moment donné.»

Une 2e vie

Les deux survivantes ne cachent pas qu’elles voient la vie différemment depuis leur diagnostic.

«On a une urgence de vivre et une conscience face au fait que nous ne sommes pas éternelles, poursuit Mme Dion. On apprécie chaque bonheur et chaque moment.»

Nathaly Downey considère vivre «sa 2e vie».

«Ç’a changé beaucoup de choses, c’était très difficile pour moi puisque je n’ai pas pu reprendre le travail que je faisais, indique celle qui évoluait dans le domaine de la comptabilité. J’avais beaucoup d’anxiété, mais ça va de mieux en mieux. L’épreuve m’a amené beaucoup de résilience et d’empathie.»

«Ce projet est pour aider les femmes à se réconcilier avec leur corps.»

-Gaëlle Vuillaume