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Sylvain Massé primé pour son adaptation déjantée des œuvres de Shakespeare
le jeudi 28 décembre 2017
Modifié à 9 h 53 min le 28 décembre 2017

THÉÂTRE. Les chefs-d'œuvre de William Shakespeare revisités par Richard, un professeur de littérature loufoque interprété par le comédien Sylvain Massé, auront séduit les membres du jury des Prix de la critique de l’Association québécoise des critiques de théâtre (AQCT).
Pour son adaptation de la pièce belge Richard, le Polichineur d’écritoire, l'artiste longueuillois a reçu le 13 décembre le Prix de la critique de l'AQCT pour la saison 2016-2017, dans la catégorie Jeune public.
Présenté sous la forme de théâtre d'objets, ce spectacle propose une relecture drôle et délirante des grands classiques shakespeariens. Seul sur scène, en interaction directe avec son public, Sylvain Massé y raconte tour à tour l'histoire d'Hamlet, à l'aide d'un journal; de Roméo et Juliette, en utilisant les vêtements qu'il porte sur lui; et enfin celle de Richard III, avec… un rôti de porc.
Critiques unanimes mais programmation frileuse
Créée par la compagnie belge Les Chemins de Terre, d'après le texte de Stéphane Georis, la pièce Richard, Le Polichineur d’écritoire aura été un véritable coup de cœur pour Sylvain Massé qui en a acquis les droits en 2014. Grâce à une bourse du Conseil des arts de Longueuil, l'artiste s'est même rendu en Belgique pour adapter le spectacle avec les créateurs.
«Réussir à émouvoir les gens en jouant Roméo et Juliette avec deux gants, c'est quand même une grande satisfaction et très payant sur le plan de l'imaginaire et de la créativité!» ‒ Sylvain Massé«J'ai adoré interpréter le personnage de Richard, ce faux professeur un peu fou et simple d'esprit, exprime-t-il. Il y a une grande liberté dans cette pièce et je prends un plaisir immense à la jouer. C'est un cadeau que je me fais et je pense que ça se ressent.» Bien que la pièce n'ait été programmée qu'une vingtaine de fois depuis 2015 au grand dam du comédien, les critiques de théâtre auront souligné «l'originalité de la proposition, l'ingéniosité dans la narration, dans les matériaux et dans les manipulations». Saluant en outre «une vive invitation à aimer la littérature, la culture, le théâtre et l’humain», les membres du jury de l'association de critique théâtrale ont encensé la pièce qui les a «ravis par sa cohérence, sa pertinence et sa belle folie». «Je suis vraiment heureux et touché par ce prix, commente-t-il. Je voulais montrer qu'on pouvait être délinquant et déjanté. Le fait que la pièce ait été retenue dans la catégorie jeunesse me fait encore plus plaisir, car on s'adresse directement à l'intelligence des enfants.» Des compliments qui vont donc droit au cœur de Sylvain Massé, en plus d'être un pied de nez à certains établissements ayant jugé l'œuvre trop «déjantée» pour la programmer. «Je ne l'ai pas jouée autant que je l'aurais voulu, déplore-t-il en rappelant que la compagnie belge a présenté cette pièce plus de 300 fois dans une dizaine de pays. Ça s'est terminé trop vite pour moi, et c'est certain que ça m'a fait de la peine. Il y a peu de compagnies qui font du théâtre d'objet et plusieurs théâtres se sont montrés frileux. Mais pour ceux qui ont eu l'audace et le courage de la proposer, il y a eu de très belles critiques.» Le spectacle qui s'adresse à un public adulte a aussi été adapté par Sylvain Massé pour un public adolescent. Il y a ainsi une large place à l'improvisation et à la discussion avec des spectateurs de tous âges. Shakespeare pour tous Le théâtre d'objet implique de prendre un objet et de le détourner de sa fonction première, explique Sylvain Massé. «Par exemple, Richard III, c'est une vraie boucherie! Ça peut paraître extrême, mais quand tous les personnages de la famille royale sont des tranches de viande, ça devient vraiment intéressant! s'esclaffe-t-il en soulignant que le public est alors libre d'en discuter et de partager ses réflexions avec le comédien durant la présentation. Ce qui est fascinant, c'est que les gens ne réalisent pas à quel point nos vies sont shakespeariennes. Beaucoup de jeunes du secondaire ont vu Le Roi lion de Walt Disney sans savoir que le dessin animé était inspiré d'Hamlet. Shakespeare est partout, il est criant de vérité et d'actualité.» Bien que le comédien soit engagé dans différents projets artistiques, il espère que ce prix aura un impact sur la programmation de cette pièce, qu'il affectionne tout particulièrement, et que celle-ci pourra être jouée dans les écoles et théâtres durant la saison 2018-2019. https://www.youtube.com/watch?time_continue=9&v=h8mgRH6uwiU