Tarifs douaniers : une riposte bien accueillie, mais...

Le Canada a annoncé des droits de douane sur 30 G$ de marchandises des États-Unis, et une deuxième phase de tarifs sur 125 G$ de marchandises américaines.(Photo: Pixabay)
La Chambre de commerce et d'industrie de la Rive-Sud (CCIRS) et la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) accueillent favorablement la «riposte forte» des paliers de gouvernement à la guerre tarifaire déclenchée par les États-Unis. Ils clament que des mesures à long terme sont tout aussi importantes que l’aide d'urgence.
«Alors que la survie d’une entreprise sur trois serait en péril si les tarifs venaient à perdurer dans le temps, toutes les énergies doivent se concentrer à déployer rapidement les programmes, limiter les impacts et mettre fin à ce conflit le plus rapidement possible», évoquent-ils.
Les entreprises québécoises sont déchirées entre refiler les coûts aux clients, réduire leur production, déplacer leurs opérations ou fermer. C’est pourquoi l’aide gouvernementale annoncée, dont le programme Frontière qui offre des liquidités pour les entreprises affectées à court terme, est essentielle, selon Véronique Proulx, présidente-directrice générale de la FCCQ. «Ce ne sont pas toutes les entreprises exportatrices qui ont les reins assez solides pour absorber une augmentation de tarifs de 25%.»
Elle soutient qu’il faut aussi penser à moyen et long terme, «en mettant rapidement en place des mesures permanentes assez efficaces pour améliorer la productivité et protéger la compétitivité des entreprises».
En Montérégie, le secteur manufacturier représente 17% du PIB. Il s’agit d’un «pilier économique majeur de notre région, notamment dans les secteurs de l’aviation/aérospatiale, de la construction et de la transformation/distribution alimentaire», indique Jean-François Lévesque, président-directeur général de la CCIRS.
«Il est impératif d’agir rapidement afin de protéger nos chaînes d’approvisionnement, préserver nos emplois et maintenir la compétitivité de nos entreprises», fait-il valoir.
Deuxième vague à surveiller
La CCIRS et la FCCQ croient que la riposte à ces tarifs doit notamment éviter de taxer les composantes critiques importées des États-Unis et pour lesquelles il n’y a pas de fournisseur alternatif.
Rappelons que le Canada a annoncé des droits de douane sur 30 G$ de marchandises des États-Unis et une deuxième phase de tarifs sur 125 G$ de marchandises américaines.
«Si cette deuxième liste de produits à taxer inclut les intrants des entreprises qui sont déjà touchées par les tarifs américains, cela pourrait mettre en péril la survie de dizaines d’entre elles», met en garde Mme Proulx.
Des attentes
Les deux organisations suggèrent des mesures supplémentaires pour protéger la compétitivité des entreprises, dont le moratoire déjà réclamé aux nouvelles restrictions liées à la rétention et au renouvellement des travailleurs étrangers temporaires.
«Depuis le mois de novembre, des employés ayant des compétences particulièrement importantes doivent rentrer dans leur pays parce que leur permis n’est pas renouvelé, relève Véronique Proulx. D’un côté, on demande aux entreprises d’être résilientes, mais de l’autre, le gouvernement empêche des entreprises prospères d’honorer leur carnet de commandes. Ça crée une crise par-dessus une crise», mentionne Mme Proulx.
La FCCQ et la CCIRS proposent de favoriser les entreprises québécoises dans les contrats publics; renoncer à hausser les tarifs d’électricité pour les industriels; éliminer les barrières au commerce entre provinces; moderniser et bonifier les crédits d'impôts à la recherche scientifique et développement expérimental ; et réduire le taux d’imposition québécois sur le revenu des sociétés de 11,5% à 10%.
« Se battre »
Le député de Longueuil—Saint-Hubert Denis Trudel a pour sa part réitéré l’importance pour le Québec, le Canada, le Mexique et l’Europe d’établir une stratégie commune, tant en matière de commerce que de sécurité.
«On doit procéder sans tarder : l’agriculture, l’aluminium, le bois, l’aérospatiale ou la culture du Québec sont aux premières lignes. Ces secteurs sont des proies clairement identifiées par [Trump]. Quelqu’un devra les protéger, parler pour le Québec. Au Bloc, on va se battre pour nos industries, nos ressources, nos PME et les emplois de notre monde, ainsi que pour les retraités, dont le pouvoir d’achat est de nouveau affaibli», affirme Denis Trudel.
Il s’inquiète des données du sondage de Développement économique de l’agglomération de Longueuil (DEL), selon lequel 32% des PME anticipent des pertes d’emplois.
«Je sais que le secteur aérospatial risque d’être directement affecté. J’ai confiance en notre monde, en nos industries et en nos décideurs locaux. Nous avons une magnifique zone d’innovation, c’est le genre de projet qui fera une différence. Je vais continuer de porter leur voix pour que nos entreprises locales soient défendues», soutient le député.
Il croit qu’un programme de prêts au bénéfice des entreprises doit être déployé pour assurer des liquidités transitoires et «que les secteurs propres au Québec ne seront pas sacrifiés au profit du secteur automobile de l’Ontario ou des pétrolières de l’Ouest».
«Il faudra prendre la mesure des revenus que généreront les contre-tarifs et inviter Ottawa à s’aligner sur la réponse rapide de Québec», maintient-il aussi.