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Tensions politiques à Longueuil: «L’image de ville paralysée, c’est très dangereux», croit Danielle Pilette
le mardi 19 juin 2018
Modifié à 14 h 47 min le 19 juin 2018
LONGUEUIL. Les tensions qui perdurent entre l’opposition et la mairesse Sylvie Parent depuis les élections de novembre donnent «l’image d’une ville paralysée» qui est très «néfaste» pour Longueuil. Sans l’accompagnement d’un médiateur ou un expert externe, c’est sans issue, croit la professeure de l’UQAM spécialisée en affaires municipales Danielle Pilette.
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«On investit beaucoup dans les processus administratifs, sur les questions d’adjudication de contrats, par exemple. Mais on n’investit pas assez dans le processus politique, note-t-elle. On ne se fait pas assez aider dans la conduite du processus politique par un expert ou un médiateur.»
«Je ne vois pas comment ce mandat sera fructueux, si on continue dans cette voie», ajoute la professeure.
Elle estime de plus que certains promoteurs pourraient profiter de cette «image de ville paralysée».
Sous la pression des développeurs
Bien que Longueuil et Laval soient structurellement opposées – Longueuil est décentralisée; Laval centralisée – Mme Pilette compare la situation que vivent actuellement ces deux villes plongées dans une «paralysie politique».
Toutefois, en raison des importants projets à venir qui engendreront des charges financières importantes, tels que le REM et le déploiement du centre-ville autour de la station de métro, Longueuil a davantage une obligation de résultats et subit une plus forte pression des développeurs, rappelle-t-elle.
«Derrière les gué-guerres, il y a des enjeux tellement importants, qui nous dépassent, expose Mme Pilette. On agite des drapeaux rouges, mais les drapeaux sont rouges vifs à cause d’autres enjeux.»
Ainsi, les demandes de promoteurs pour les modifications de zonage menant à un grand projet comme Longueuil centre-ville sont davantage «engageantes» que les adjudications de contrats – qui ont récemment été source de débats. Il sera alors intéressant de voir comment le conseil votera sur ces importants points.
«On s’obstine sur des contrats de trois ou cinq ans, mais la proposition de centre-ville des promoteurs, la Ville va vivre avec pendant plus de 50 ans…», compare-t-elle.
Danielle Pilette croit que les élus auraient avantage à se pencher sur les grands enjeux et à se doter rapidement d’une vision commune.
Tous «au-dessus de la mêlée»
Si elle ne considère pas «nécessairement grave» de suspendre temporairement le travail des commissions, Danielle Pilette estime que le temps est mal choisi pour revoir les mandats. Ce travail aurait dû être fait au tout départ, et non à l’intérieur d’une «crise».
De plus, en revenant dans le débat de la nomination (partisane) des présidents de commissions, imposée par l’opposition, Mme Parent a commis une «erreur politique», avance la professeure.
«Elle ne doit pas y aller sur les personnes, mais sur les enjeux qui doivent être traités à ces commissions, analyse-t-elle. Elle devrait se mettre au-dessus de la mêlée et dire "Voici le principal enjeu de cette commission, et on va décider d’un commun accord qui est la meilleure personne pour la présider".»
«L’opposition entre les personnes est futile et complètement nuisible, et actuellement, Mme Parent ne donne pas l’image de quelqu’un qui a l’élévation nécessaire pour occuper la fonction de mairesse.»
«Je souhaiterais que tout le monde fasse preuve de plus de hauteur», résume-t-elle.
Son regard est le même quant à la motion de blâme que déposera l’opposition contre la mairesse, ainsi que la motion de non-confiance que déposera le parti de la mairesse à l’égard du conseiller Jonathan Tabarah. Malgré son poste de président du conseil, ce dernier a signé la demande de convocation d'une séance extraordinaire, qui inclut motion de blâme.
Ces motions mèneront probablement à des enquêtes et peut-être même à des sanctions, «mais ça ne nous sort pas des pressions politiques», rappelle Mme Pilette.
Si elle admet que c’est de «bonne guerre» de la part de Mme Parent que d’adresser une motion de blâme à M. Tabarah, Danielle Pilette hésite à avancer que le poste de président du conseil dictait à M. Tabarah de ne pas signer cette demande de motion.
Mais puisque son appui n’était pas nécessaire à l’approbation de la demande, «ç’a mis de l’huile sur le feu, et il y avait déjà pas mal d’huile dans la poêle!»