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Terrain sur Grande-Allée : Brossard rêve d'un projet Unitaînés

le jeudi 05 décembre 2024
Modifié à 16 h 55 min le 05 décembre 2024
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Le 6405, boul. Grande-Allée. (Photo : Google Map)

La Ville de Brossard tente d’acquérir le 6405, boul. Grande-Allée dans l'espoir qu’une partie du terrain puisse y accueillir un projet Unitaînés, soit une centaine de logements abordables pour aînés. Un second projet domiciliaire pourrait aussi éventuellement s’installer sur une autre partie de ce vaste terrain.

Tels sont des éléments de réponse qu’a fournis la mairesse Doreen Assaad aux nombreuses questions et inquiétudes formulées par des citoyens à la séance du conseil du 3 décembre.

Rappelons qu’en novembre, le conseil a approuvé à la majorité une promesse d’achat du 6405, boul. Grande-Allée, au coût de 16,8 M$, ainsi qu’un règlement d’emprunt de 25 M$ qui constitue un «règlement parapluie» aux fins d’acquisition d’immeubles et qui servira à cet achat. 

Le recours à une taxe spéciale pour payer cet emprunt et le coût du terrain, entre autres, a suscité une levée de boucliers. Pas moins de 3463 citoyens auraient signé le registre réclamant la tenue d’un scrutin référendaire. Le nombre nécessaire de 6617 signatures pour forcer un référendum n’a toutefois pas été atteint. 

Le projet

Une parcelle du terrain de près de 27 300 mètres carrés pourrait être dédiée à un projet Unitaînés, soit une centaine de logements pour aînés à faible revenu. Selon Mme Assaad, ce projet est «essentiel pour maintenir nos aînés dans la communauté» et s’inscrit dans «l’intérêt collectif». La mairesse s’est gardée de dévoiler davantage de détails. 

La Ville de Brossard confirme avoir voulu faire partie de la phase 1 de Mission Unitaînés, à laquelle 10 villes du Québec participent. Elle n’avait toutefois pas de terrain à ce moment. 

«Si la transaction se réalise, nous deviendrons admissibles pour la phase deux, indique Colette Ouellet, directrice des communications. La confirmation de la phase 2 n’est pas encore officialisée. Nous estimons que nous avons de bonnes chances d’être inclus.»

L’offre d’achat de la Ville pour le 6405, boul. Grande-Allée est valide jusqu’au 13 décembre.

La formule de l’organisme Mission Unitaînés, qui implante des projets de logements abordables pour aînés dans plusieurs villes du Québec dont à Longueuil, peut impliquer une participation financière du gouvernement provincial.

Un deuxième projet de logement pourrait voir le jour sur le terrain, mais il en est à une étape très embryonnaire, a signifié Mme Assaad.

La mairesse a tenu aussi à rectifier les perceptions : la Ville n’aurait aucunement la charge de la construction de ces projets, mais agirait comme partenaire.

De plus, l’idée d’avoir de la mixité, avec un parc par exemple, est à explorer. «Le reste du terrain pourrait aussi se vendre. C’est envisageable», a-t-elle soumis, en réponse aux inquiétudes à l’égard de l’impact financier de cette acquisition.

«Ça entre dans la mission d’une municipalité, on doit aménager le territoire, a-t-elle soutenu. On a vu une opportunité de revitaliser le secteur.»

Chiffres et explications

La promesse d’achat de la Ville à 16,8 M$, par rapport aux 6,5 M$ payés par un acquéreur en 2021, a figuré parmi les interrogations de la dizaine de citoyens qui se sont prononcés sur le sujet, dont les interventions ont été ponctuées d’applaudissements. 

«Un terrain de cette grandeur, c’est d’une rareté que ce soit disponible. C’est très intéressant», a justifié Mme Assaad, rappelant qu’un expert agréé en a fait l’évaluation.

La menace d’une taxe spéciale a aussi suscité des craintes. Dans un courriel au citoyens, la Ville a indiqué qu’il n’y aurait pas de taxe spéciale «de 1000$», ciblant ainsi précisant une rumeur à cet effet. La semaine dernière, la Ville a aussi fait une sortie en ce sens. 

«Si l’achat du terrain n’entraînera aucune augmentation de 1000$, ce sera une augmentation de combien?, a demandé une citoyenne. Si c’est inscrit au plan des investissements, pourquoi il y aura une taxe spéciale?»

Diane Girard, qui s’est identifiée comme une représentante du «Comité Sauver Ville de Brossard», a réclamé au nom de ce groupe l’abandon de la taxe spéciale et «la révision des acquisitions immobilières controversées».

Mme Assaad a justifié le besoin pour la Ville de rectifier la «mésinformation» qui circulait à propos de ce 1000$. Elle n’a pas nié qu’il y aura une taxe. «C’est sûr que c’est pas zéro. Rien n’est zéro», a-t-elle affirmé. 

Une fois propriétaire du terrain, la Ville pourra travailler à «faire un montage financier, pour un impact le plus minimal possible sur les citoyens», selon la mairesse.

«Il faut voir le règlement d’emprunt de 25 M$ comme une marge de crédit, a-t-elle imagé. Si tu ne piges pas dedans, tu ne paies pas, mais c’est accessible.»

Elle a laissé entendre que les mots «taxe spéciale» ont incité la «créativité d’adversaires politiques», en référence à la contestation suscitée.

Le «Comité Sauver Ville de Brossard» a tenu une manifestation devant l’hôtel de ville, le 29 novembre. À la séance, Mme Girard a soutenu que 200 citoyens y étaient. 

Des citoyens ont aussi estimé que les cinq jours alloués pour la signature du registre étaient insuffisants pour récolter le nombre nécessaire de signatures. Le «Comité» a demandé une prolongation de deux semaines.

Mme Assaad a rappelé que ces procédures étaient encadrées par des normes provinciales. «Tous ceux qui voulaient signer ont pu signer. C’est régi.»

Deux citoyens ont pour leur part souligné les besoins en matière de logements abordables. «Ça ne me dérangerait pas, une augmentation de taxes, si ça aide les gens dans le besoin à mieux vivre», a indiqué Manon Girard. 

Proximité d’une voie ferrée

Selon les nouvelles orientations gouvernementales en aménagement du territoire en vigueur depuis le 1er décembre, la construction d’immeubles résidentiels, comme tout «usage sensible», est interdite à moins de 300 mètres d’une voie ferrée, à moins que la construction soit dotée de mesures pour protéger du bruit et des vibrations.

Cette nouvelle norme a-t-elle été considérée par la Ville?, ont interrogé des citoyens.

«Ce n’est pas une interdiction de construire, précise Colette Ouellet. La Ville devra faire des études sur les niveaux de bruit et de vibration et apporter des mesures de mitigation.»

Elle respectera le guide Lignes directrices applicables aux nouveaux aménagements à proximité des activités ferroviaires de l’Association des chemins de fer du Canada et de la Fédération canadienne des municipalités.

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