Tiques et gestion écologique de la végétation : la butte du parc Michel-Chartrand fraîchement tondue

Après avoir reçu des commentaires de citoyens, la Ville de Longueuil a tondu le 2 juillet les herbes hautes qui couvraient la butte du parc Michel-Chartrand faisant face au chalet d’accueil. Parmi ces citoyens, Renée Marc-Aurèle, qui s’inquiétait de la présence de tiques dans cette broussaille où va courir les enfants.

En maintenant en friche la butte qui sert de pente à glisser l’hiver, la Ville mettait «en péril la sécurité des usagers», craignait Renée Marc-Aurèle, qui a contacté le Journal à ce sujet en juin.

Elle s’inquiète que les tiques, qui peuvent transmettre la maladie de Lyme, prolifèrent dans ce grand espace non entretenu. 

D’autant plus que selon l’Institut national de santé publique du Québec, «la maladie de Lyme est dorénavant endémique dans le sud du Québec». Toute la Montérégie se trouve ainsi dans une zone endémique.

La Longueuilloise a d’ailleurs obtenu l’avis d’une vétérinaire épidémiologique de l’Agence de santé publique du Canada sur la question. 

«Des herbes longues vont conserver l'humidité davantage (versus un gazon court de 2-3 pouces de long). C'est le principe que l'action du soleil sur un gazon court sera plus efficace pour dessécher les tiques», explique l’épidémiologiste Catherine Bouchard par courriel. 

Elle soutient que les herbes hautes sont à éviter pour les aires de jeux où les enfants sont susceptibles d’aller. 
Mme Marc-Aurèle a contacté le service 311, le Protecteur du citoyen de la Ville ainsi que le conseiller municipal Jonathan Tabarah, dans l’espoir que les herbes soient taillées. Elle dit remarquer souvent des enfants s’aventurer dans ce secteur du parc, de même que des adultes y faire de leur entraînement. 

Gestion écologique

Depuis 2023, la Ville de Longueuil a mis en place un projet pilote de gestion écologique de la végétation, qui limite les interventions humaines sur certains espaces verts sélectionnés. À ces endroits choisis, la fréquence de la tonte est réduite et plus d’espace est laissé à la flore présente.

Mme Marc-Aurèle estime qu’il aurait été plus judicieux de laisser en friche un autre endroit que la butte fréquentée, suggérant par exemple un site de l’autre côté des jardins communautaires du parc-nature.

Son souhait de voir la butte entretenue aura été exaucé.

«Il est normal de procéder à quelques ajustements si des enjeux apparaissent», avance pour sa part la Ville, à propos de la tonte de la butte.

Concernant l’enjeu des tiques à cet endroit précis, la Ville se fait toutefois rassurante.

«Il est important de noter que les tiques préfèrent les milieux humides pour s’établir plutôt que les milieux ouverts et secs, explique-t-elle. L’ensemble des parcelles visées par la gestion écologique de la végétation se trouvent donc en milieux ouverts et secs, limitant les risques de présence de tiques et le contact avec les usagers des parcs.»

La Ville collabore avec des chercheurs de l’Université de Montréal dans le cadre du programme Parcs en santé afin notamment d’étudier certains enjeux comme les tiques dans les parcs. 

Sensible à la cause

Renée Marc-Aurèle est particulièrement au fait des ravages que peut entraîner la maladie de Lyme, alors que son fils a été piqué par une tique en 2017; il s’agissait de l’un des premiers cas dans la région de Montréal, la maladie n’était pas reconnue à cette époque.

Aujourd’hui âgé de 33 ans, il en porte encore les séquelles, ayant recouvré 60 à 70% de sa santé d’avant.

Arthrite sévère, impression d’état d’ébriété, perte de vision, raideurs, grande fatigue sont parmi le lot des symptômes. «Il doit mener une vie monastique, avoir une alimentation parfaite. Quand il l’a contracté, il était l’ombre de lui-même, raconte Mme Marc-Aurèle. Aujourd’hui, il doit avoir un travail où il peut aller s’allonger.»  

Elle ne souhaite cela à personne.