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Tout un projet pour Exporail : redonner à La Saskatchewan sa beauté d’antan !

le lundi 30 décembre 2024
Modifié à 10 h 11 min le 27 décembre 2024
Par Sylvain Daignault - Initiative de journalisme local

sdaignault@gravitemedia.com

 

 


Un ambitieux plan de restauration de la voiture Saskatchewan, l’un des joyaux de la collection d’Exporail, le musée ferroviaire canadien à Saint-Constant, sera lancée en 2025.

Conservateur à Exporail, Jean-Paul Viaud confirme au journal qu’un plan de restauration de l’intérieur de la voiture sera réalisé en 2025. «C'est-à-dire analyser l'état intérieur du wagon et établit les travaux à faire pour rétablir l'état d'origine du salon, de la salle à manger et de la chambre à coucher dans toutes sa splendeur.»

À première vue, Exporail estime que le budget requis pour la restauration intérieure se trouve dans une fourchette de 50 000$ si les travaux sont exécutés par des bénévoles et jusqu'à 100 000$ sans bénévolat.

Construite en 1883, la voiture Saskatchewan était un wagon de luxe – l’équivalent d’un jet privé – réservée au vice-président du Chemin de fer Canadien Pacifique (Canadian Pacific Railway). «Mais quand Van Horne est devenu président, il a conservé cette voiture qu’il considérait comme son bureau», raconte M. Viaud. 

 

La seule photo connue de la voiture Saskatchewan avant sa modernisation en 1901, et l’une des rares à montrer Van Horne à bord de la voiture. La photo a été prise le 17 mai 1894 près du nouveau pont en acier de Stoney Creek dans les montagnes Selkirk. Van Horne est le cinquième sur la plateforme à partir de la gauche. La voiture devant la « Saskatchewan » est la « Earnscliffe » qui, par coïncidence, portera le nom « Saskatchewan » de 1917 à 1928. (Photo : R.R. Bruce. Archives de Glenbow-Alberta, photo NA-1459-54)

 

William C. Van Horne 
William Cornelius Van Horne a été président du Canadian Pacific Railway de 1888 à 1899. Il avait auparavant joué un rôle clé comme directeur général dans la construction du chemin de fer transcontinental, un projet crucial pour l'unification du Canada. Après son mandat de président, il est resté impliqué en tant que président du conseil d'administration. Une exposition sur ce personnage hors norme est en cours à Exporail.

La voiture Saskatchewan a longtemps été utilisée par William Cornelius Van Horne, président du Canadien Pacifique. (Photo : Bibliothèque et Archives Canada. Domaine public)

Luxe d’une époque révolue
Selon les informations disponibles, La Saskatchewan avait un extérieur et un intérieur en acajou, avec des moulures intérieures ornées. À une extrémité de la voiture se trouvait une pièce qui servait à la fois de bureau et de salle à manger pour Van Horne. Une table à dîner était placée au centre de la pièce, et derrière elle, un divan qui se transformait en lit. 

Un couloir longeait le côté gauche de la voiture. En parcourant ce couloir depuis la salle à manger/bureau, la pièce suivante à droite était la cuisine. Celle-ci était équipée d’un poêle à charbon, d’un garde-manger, d’un réfrigérateur à glace et d’armoires. 

Plus loin dans le couloir, derrière la cuisine, se trouvait la chambre privée de Van Horne. Cette chambre comprenait un lit double en laiton, une toilette privée et un lavabo.

Derrière la chambre, le couloir se courbait légèrement pour s’éloigner de la fenêtre et passait au centre de la voiture. À droite se trouvaient deux salles de bain, l’une pour hommes et l’autre pour femmes. À gauche, il y avait des placards de rangement.

Le couloir menait finalement à un grand salon situé à l’arrière de la voiture.

En entrant dans ce salon, on voyait une banquette près de la fenêtre à gauche et une autre à droite. Derrière chacune de ces banquettes se trouvaient des divans faisant face aux fenêtres, et derrière les divans, un total de quatre chaises. Au-dessus des banquettes et des divans, il y avait des couchettes. Les banquettes et les divans pouvaient également se transformer en lits.

Cette voiture a été utilisée sous ce nom jusqu’à la mort de Van Horne en 1915.

Convoi funèbre
Trois jours après la mort de Van Horne, La Saskatchewan accompagne sa dépouille lors d’un voyage funéraire jusqu’à Joliet, en Illinois, où il est enterré. À son retour à Montréal, elle reprend brièvement son rôle de voiture de réserve avant d’être renommée « Laurentian » en 1916, puis « Québec » la même année, en raison d’une réorganisation des districts. Elle reste assignée au district du Québec pendant 13 ans.

Le train funéraire de Van Horne dans le hangar de la gare Windsor de Montréal en 1915, avant son départ pour l’Illinois. Le wagon Saskatchewan se trouve à l’arrière du convoi pour l’usage de sa famille et des autres personnes en deuil, tandis que son cercueil est transporté dans le wagon à bagages. (Photo : Toronto Railway Historical Association)

En 1929, après 46 ans de service, elle est rétrogradée et devient la voiture numéro 38, affectée à la division de Trenton, près de Toronto. Elle perd son fini en bois verni, remplacé par une peinture rouge toscan, mais reste en service jusqu’en 1958, après 75 ans d’utilisation.

Sauvée in extremis
Alors qu’elle est destinée à la ferraille, l’Association canadienne d’histoire ferroviaire (A.C.H.F.), doyenne des organisations dédiées à la préservation et à l’interprétation du patrimoine ferroviaire canadien, intervient pour la sauver. La voiture est offerte par le Canadian Pacific Railway et entreposée à Lachine avant d’être déplacée au Musée ferroviaire canadien de Delson en 1963.

Jean-Paul Viaud, conservateur à Exporail. (Photo : Le Courrier du Sud – Sylvain Daignault)

«C’est en 1958 que l’A.C.H.F. a mis la main sur ce wagon de luxe qui a ensuite été entreposé temporairement dans une cour d’usine à Lachine entre 1958 et 1963 avant d’arriver sur le site du Musée», indique M. Viaud.

En 1982, une restauration extérieure a été effectuée afin de respecter l’apparence que la voiture avait entre 1901 et 1916. «Nous n'avons pas les détails sur les coûts de l'époque, mais seuls les matériaux ont eu un coût, le reste du travail a été réalisé par nos passionnés bénévoles du musée», précise le conservateur.