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Transport scolaire : « La grève affecte les familles »

le jeudi 25 mai 2023
Modifié à 16 h 08 min le 26 mai 2023
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Victoria, entourée de sa grand-mère et de sa mère Amélie Corneault. Photo: Gracieuseté)

Amélie Corneault se considère «choyée» de pouvoir aller conduire sa fille handicapée à l’école Joseph-Charbonneau, à Montréal. Depuis la grève d’Autobus Rive-Sud qui prive sa Victoria de la berline qui la mène habituellement de Longueuil à cet établissement pour élèves ayant une déficience motrice, les répercussions se font néanmoins sentir. Pour elles et pour d’autres familles.

«Je suis une maman qui travaille heureusement de la maison, je peux donc aller la reconduire le matin. Mais je perds 2 heures chaque matin et 2 heures chaque après-midi pour faire le transport scolaire de ma grande», raconte Mme Corneault.

Sa fille étudie en secondaire 1, à l’école Joseph-Charbonneau, dans Villeray. Lourdement handicapée, elle est atteinte d’une paralysie cérébrale sévère. Elle se déplace en fauteuil roulant et ne parle pas. Elle est dépendante pour manger et boire. À l’école, elle acquiert des apprentissages pour la vie quotidienne, en plus d’un peu d’acquis académiques.

«Elle aime beaucoup son chauffeur et ses amis. Une grève, c’est abstrait pour elle, comme concept. Alors on lui a dit que la berline est au garage. Mais chaque fois qu’elle voit un autobus, elle veut l’arrêter pour embarquer. Ce n’est pas évident pour ma cocotte et son entourage», raconte Mme Corneault.

En kilométrage et en temps, elle estime à plus de 3000$ les dépenses encourues depuis le 24 avril, premier jour de la grève. 

«Il est hors de question que je prive ma fille de l’école, de ses services de réadaptation et de sa vie sociale. C’est une école extraordinaire.»

-Amélie Corneault, mère de Victoria

Mme Corneault reçoit aussi un coup de main de sa mère, après les classes. Elle essaie de voir le côté positif de cette situation. «Quand je vais conduire ma fille, c’est du temps que je passe avec elle», souligne-t-elle.

Privés d’école

Amélie Corneault constate toutefois que d’autres élèves n’ont pas cette chance. Depuis la grève, des élèves de Joseph-Charbonneau n’ont pas fréquenté l’école.  «Certains parents ne peuvent se permettre de manquer le travail ou n’ont pas la voiture requise pour transporter une chaise roulante», évoque-t-elle.

Le Centre de services scolaire Marie-Victorin, responsable du transport des élèves de son territoire incluant à l’extérieur de la Rive-Sud, confirme que trois des sept élèves qui se rendent en minibus à l’école Joseph-Charbonneau n’ont pas fréquenté l’école depuis la grève.

Trois élèves de l’école primaire Victor-Doré, aussi à Montréal, sont également privés de transport en raison de cette grève.

Dans un courriel transmis à Mme Corneault, le ministère de l’Éducation indique que «même si le transport scolaire accessible pour tous les jeunes est une volonté incontestée du Ministère et du réseau scolaire, il ne constitue pas un droit garanti par la Loi sur l’instruction publique. Le transport scolaire demeure un privilège. Il est donc important de vous assurer de garder le canal de communication ouvert avec le centre de services scolaire.»

Deux grèves

Des élèves de la Rive-Sud subissent les contrecoups de grèves touchant deux des cinq transporteurs mandatés par le CSS Marie-Victorin.

Celle d’Autobus Longueuil affecte près du tiers des élèves du CSS depuis le 17 mars, celle d’Autobus-Rive-Sud, près de 2000 élèves depuis le 24 avril.

Parmi ses mesures d’atténuation, le CSS offre un service de surveillance exceptionnel, et ce, sans frais, aux parents d’élèves du primaire qui ne sont pas en mesure de transporter leurs enfants pour le début et la fin des classes.
Les heures de surveillance sont de plus étendues au secondaire.