Triple meurtre à Brossard : des blessures de défense aux mains
Selon le pathologiste Yann Dazé, qui a procédé au rapport médico-légal du corps de Synthia Bussières et qui a témoigné au procès de Mohamad Al Ballouz, a mentionné que la victime a subi des plaies de défense aux membres supérieurs en tentant de se protéger des assauts portés contre elle.
Un total de 23 plaies par arme piquante ou tranchante ont été retrouvées sur son corps, dont deux sur la main droite et neuf sur la main gauche. Le Dr Dazé a estimé que Mme Bussières aurait tenté d’agripper l’arme visée contre elle.
«C’est habituellement à l’endroit que des blessures peuvent survenir si jamais une personne essaie de se défendre d’une agression», a-t-il soutenu.
Une blessure à la base du cou a été mortelle puisqu’une veine et une artère majeure du cou ont été atteintes. Une plaie tranchante et profonde de 7 cm en arrière de la tête a également contribué à l’hémorragie, a souligné le Dr Dazé dans son rapport.
Des brûlures superficielles ont été identifiées sur les membres inférieurs de la victime, mais n’ont pas contribué au décès. L’absence de suie dans les voies respiratoires inférieures et l’absence de monoxyde de carbone dans le sang confirment que Mme Bussières était déjà décédée au moment de l’incendie.
Plusieurs premiers répondants qui ont transporté les corps des victimes le soir de l’événement ont affirmé que ceux des enfants étaient mous, alors que celui de Mme Bussières était rigide. Le pathologiste a détaillé davantage ce phénomène.
«Nos muscles après le décès sont mous en règle générale, a-t-il expliqué au jury. Toutefois, dans les minutes et heures qui suivent, des événements chimiques vont se produire dans le corps et vont faire en sorte que le muscle soit rigide.»
Il a précisé que cette rigidité survient plus rapidement chez les enfants étant donné que leur tonus musculaire est moins important.
En se basant sur cet aspect et sur le fait que Synthia Bussières serait morte entre 20h30 et 21h, selon le témoignage d’une voisine qui aurait entendu un cri, la Couronne a demandé s’il s’agissait d’une hypothèse raisonnable de déterminer que les enfants sont morts après leur mère. Le pathologiste a reconnu que c’était possible, mais ne pouvait pas l’affirmer.
Comme il l’avait fait avec la biologiste la veille, l’accusé a demandé au Dr Dazé de commenter l’hypothèse qu’il s’agirait de Synthia Bussières qui aurait tué ses enfants et tenté de s’en prendre à lui. Le pathologiste a indiqué qu’il ne pouvait pas déterminer la séquence des événements et que l’une ou l’autre des hypothèses pourrait s’être produite.
Dans la poursuite du contre-interrogatoire, l’accusé a demandé si le transport du corps de Synthia Bussières dans l’ascenseur lors de l’intervention des premiers répondants aurait pu causer la blessure majeure à l’arrière de sa tête.
«Absolument pas, a-t-il répondu. Aucune raison de croire qu’on a altéré ces plaies-là.»
Dans son rapport, le Dr Dazé a noté qu’il est impossible de préciser la chronologie dans lequel les différentes blessures ont été infligées, de même que la position qu’avait la victime au moment des faits.
Les photos des blessures Synthia Bussières font l’objet d’une ordonnance de non-publication.
Autopsie blanche
Le Dr Dazé s’est également affairé à déterminer la cause des décès des enfants Zac et Eliam. Ces derniers ne présentaient pas de marques de violence. Après avoir procédé à l’autopsie des corps et des analyses toxicologiques, la cause demeure inconnue, proprement appelée une autopsie blanche.
Le pathologiste a ajouté qu’il n’y a pas eu de suie ou de brûlure sur leur peau, pas de suie dans les voies respiratoires inférieures et pas de monoxyde de carbone en quantité significative dans leur sang.
«Le décès pourrait résulter d’une cause ne laissant que peu, voire aucune trace à l’autopsie (tel, par exemple, une noyade, une asphyxie par suffocation avec un article de literie, une hypothermie, etc.)», a-t-il conclu dans son rapport.