Triple meurtre à Brossard : le juge livre des mots durs envers l’accusée

Le juge Eric Downs a tenu des mots sévères envers Mohamad Al Ballouz, (Levana Ballouz), qui a écopé de la prison à vie après avoir tué sa conjointe Synthia Bussières et assassiné ses enfants Eliam et Zac. Il l’a qualifié d’une personne profondément narcissique qui n’a manifesté aucun remord.

«Sa personnalité, manipulatrice et historique, ne permet aucunement d’envisager à moyen ou à long terme une réhabilitation et une atténuation du risque de récidive», indique le juge Downs dans une décision de 28 pages rendue le 20 décembre au palais de justice de Longueuil.

Écopant déjà d’une peine de prison à vie pour les meurtres prémédités de ses enfants, Levana Ballouz ne pourra pas faire de demande de libération avant 25 ans. Elle a reçu une peine de 20 ans pour le meurtre non prémédité de Synthia Bussières et de 4 ans pour l’accusation d’incendie criminel, mais elles sont concurrentes.

Le magistrat écrit dans sa décision que le meurtre de Synthia Bussières est «particulièrement brutal et les circonstances l’entourant démontrent le caractère sadique de l’accusée et sa grande dangerosité». Il ajoute que le Tribunal doit plus particulièrement «dénoncer le meurtre répugnant d’une femme par son conjoint dans un contexte familial».

«Lorsque l’accusée est une personne non représentée et soumet une hypothèse contraire à la preuve matérielle, en présentant une théorie invraisemblable au juge des faits prétendant que la victime est l’auteure des meurtres des enfants et qu’elle a fait une mise en scène, l’horreur de la situation se perpétue […] De plus, le procès en raison de la stratégie de l’accusée a contribué à maintenir sinon à augmenter le traumatisme causé à la famille et aux proches des victimes.»

De plus, il condamne le comportement de l’accusée au moment de la détermination de la peine, lorsqu’elle a tenté de dénigrer la relation qu’entretenait Synthia Bussières avec sa mère Sylvie Guertin.

«[L’accusée] a abusé de son droit de soumettre des observations pour martyriser la famille de la victime et vilipender Synthia Bussières jusque dans sa tombe, souligne le juge Downs. Les propos que l’accusée tient dans sa lettre adressée au Tribunal sont totalement consternants et ahurissants. N’eût été l’intervention du Tribunal, les propos diffamatoires de l’accusée se seraient prolongés à un niveau exponentiel.»

Facteurs

Dans sa décision, les facteurs aggravants que le juge Eric Downs a retenus sont les circonstances dans lesquelles le meurtre est survenu incluant l’extrême violence et la brutalité de la force utilisée, le fait que le meurtre constitue un mauvais traitement à l’égard d’un partenaire intime dont la vulnérabilité était accrue, que le meurtre se soit produit à l’intérieur du domicile familial, le fait que les enfants se trouvaient à l’intérieur du logement ainsi que les comportements de l’accusée après le meurtre afin de cacher son crime.

Il ajoute le traumatisme extrême et les séquelles psychologiques énormes infligés aux proches de la victime et plus particulièrement les souffrances indescriptibles de Sylvie Guertin, mais aussi ceux causés aux premiers répondants qui ont été confrontés à une scène d’horreur.

«Plusieurs de ces répondants ont vécu un stress émotionnel et physique et ont subi des séquelles en raison de l’événement traumatique, explique le juge. Pour certains, les répercussions ont été encore plus significatives puisqu’ils ont été diagnostiqués avec des symptômes de choc post-traumatique et ont dû avoir recours à des traitements auprès des professionnels de la santé.»

Quant à la présence de facteurs atténuants, ils sont presque inexistants, si ce n’est que l’accusée semblait être quelqu’un d’actif pour la société avant les événements. D’ailleurs, Levana Ballouz s’est levée à la fin de l’audience pour mentionner qu’elle voudrait aller en appel, mais le juge Downs a dit que ce n’était pas le moment et l’endroit.