Triple meurtre à Brossard : les plaidoiries sont terminées
Maintenant que les plaidoiries sont terminées dans le procès de Mohamad Al Ballouz, accusé du meurtre au 2e degré de sa conjointe Synthia Buissières, de meurtre au 1er degré de ses deux enfants et d’incendie criminel, le sort est dans les mains du jury. Ce dernier devra déterminer si celui qui habitait Brossard passera le reste de sa vie derrière les barreaux.
L’accusé, qui se définit en tant que femme, a tenté de convaincre le jury le 11 novembre que Synthia Buissières était l’auteure du meurtre de leurs enfants, qu’elle aurait fait une mise en scène pour l’inculper, qu’elle se serait elle-même infliger des blessures de défense et qu’elle aurait tenté de s’en prendre à l’accusée.
Mme Ballouz a mis en lumière les témoignages de plusieurs experts qui n’ont pas réfuté son hypothèse, sans toutefois la confirmer. Elle a accusé la Couronne de la peindre comme un meurtrier qui avait planifié ses gestes. De plus, elle n'a pas présenté de défense.
«Je vous demande de garder une ouverture et de se baser uniquement sur la preuve et rien que la preuve», a-t-elle dit à plusieurs reprises au jury.
L’accusée a contesté trois éléments dans les plaidoiries de la Couronne, soit la rigidité cadavérique, le témoignage de la voisine qui aurait entendu des cris ainsi que celui de la biologiste Dre Maria Fiorillo.
Dans un premier temps, Levana Ballouz a estimé qu’il est possible de douter de la fiabilité et de l’impartialité du témoignage des premiers répondants, puisque certains aspects différaient concernant la rigidité cadavérique.
«Certains témoins étaient alimentés par la haine envers moi», a-t-elle plaidé en rappelant que le juge Eric Downs était intervenu à quelques reprises auprès de témoins pour qu’ils s’en tiennent aux faits et non à l’opinion.
Elle a également statué que la preuve ne démontrait pas que ses enfants étaient morts après Synthia Buissières, martelant que le pathologiste Dr Yann Dazé ne pouvait pas déterminer la chronologie des décès.
Par la suite, Mme Ballouz a contesté le récit de la voisine du logement inférieur qui aurait entendu des cris, en stipulant qu’il est invraisemblable qu’elle ait entendu leur dispute en raison de la bonne qualité du bâtiment et non «un bâtiment des années 1850». Elle a ajouté qu’une dispute ne résulte pas nécessairement en un décès.
Finalement, Mme Ballouz a jugé que le témoignage de la biologiste Fiorillo a démontré que l’ADN de Synthia Buissières se retrouvait également sur plusieurs endroits où se trouvait le sien et qu’il était possible qu’elle ait perpétré les gestes qui lui sont reprochés. L’accusée a avancé l’hypothèse que Synthia Buissières aurait taché elle-même des objets avant de les déplacer pour créer une mise en scène.
Sur sa possible tentative de suicide avec du lave-glace, Mme Ballouz a expliqué «qu’elle l’a fait par amour pour ses enfants» et a demandé au jury «de se mettre à sa place» et de réfléchir à comment ils auraient réagi s’ils avaient vécu le drame qu’elle prétend.
23 coups de couteau
Lundi, la Couronne a débuté ses plaidoiries en rappelant sa thèse au jury que Levana Ballouz aurait tué sa conjointe en la poignardant à 23 reprises, qu’elle aurait assassiné ses enfants, qu’elle aurait tenté de camoufler son crime en allumant un incendie et qu’elle aurait tenté de s’enlever la vie.
Me Laurence Lamoureux, qui s’est chargée de la plaidoirie, a indiqué que les corps inertes trouvés par les pompiers, les 23 plaies par arme piquante et tranchante, les 11 plaies défensives aux mains, le nettoyage de l’unité, la consommation de bières de l’accusé après le meurtre, le changement de tenue vestimentaire après le drame ainsi que la tentative de suicide sont tous des éléments qui doivent être analysés par le jury.
«Mme Buissières était sur le plancher de la salle de bain sans défense alors que l’accusé lui assénait des coups de couteau, a-t-elle soutenu. Pas juste d’un seul, 23!»
La procureure de la Couronne a estimé que Mme Ballouz a pris un temps de réflexion après le meurtre de sa conjointe pour concocter un plan bien articulé pour le meurtre de ses deux enfants. Elle a rappelé qu’une taie d’oreiller tachée de sang figurait parmi les éléments que l’accusée aurait tenté de laver.
«Pourquoi enlever la taie d’oreiller sur cet oreiller précisément? Est-ce que ce serait pour détruire les preuves qu’il aurait enlevé la vie à ses deux enfants en les asphyxiant avec cet oreiller?», s’est demandée Me Lamoureux.
Elle a souligné que des projections et des frottements de sang se trouvaient sur la commode entre les deux lits des enfants.
«À notre questionnement, Mme Fiorillo mentionne que ce frottement est latéral […] et que cela peut être compatible avec quelqu’un taché de sang qui se faufile entre la commode et la tête de lit de l’enfant, a-t-elle raconté au jury. N’est-ce pas là une inférence que nous pouvons tirer à l’effet que l’accusé s’est faufiler entre la commode et la tête de lit afin de donner la mort à son 1er ou 2e garçon?»
Le juge rendra ses directives aux jurés dans les prochains jours avant de les séquestrer.