Culture

Tu dois avoir si froid: La poésie de Félix qui réchauffe le cœur

le jeudi 24 novembre 2016
Modifié à 0 h 00 min le 24 novembre 2016
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

THÉÂTRE JEUNESSE. Félix, 5 ans, un petit poète, est convaincu que ses lunettes magiques lui permettent de voir en trois dimensions le monde qui l’entoure. Lors de sa rencontre de sa cousine Morgane, beaucoup plus vieille que lui du haut de ses 9 ans et accablée d’un grand chagrin, il se produira une transformation. Comme quoi on peut apprendre… de plus petit que soi!

Présentée au Théâtre de la Ville le 4 décembre, la pièce Tu dois avoir si froid est née d'un souvenir de Simon Boulerice qui, enfant, prenait plaisir à se faufiler dans les manteaux laissés sur le lit lors des fêtes de famille. «J'aimais fouiller dans les poches, sentir le parfum de ma tante dans son manteau de fourrure. C'est d'abord un souvenir sensoriel», constate l'auteur.

C'est avec ce souvenir et l'envie d'aborder le thème du divorce, et plus particulièrement le moment charnière où l'enfant, déchiré, sent que les parents vont se laisser, que l'histoire a pris forme.

Adressé au public des 5 à 9 ans, le récit se déroule dans une chambre, avec cette fameuse montagne de manteaux sur le lit. Seuls enfants de la fête, Félix et Morgane ne se connaissent pas. Les parents de Morgane l'ont envoyée pour divertir le petit garçon.

«Morgane prétend aimer les enfants, mais elle est assez agressive. Elle a tellement de peine qu'elle est froide et même méchante, détaille Simon Boulerice. C'est par le truchement du jeu qu'ils vont s'apprivoiser.»

Félix, aidé de sa belle naïveté, aidera donc Morgane à «fixer le temps», car elle se doute bien que ce sera le dernier Noël avec ses deux parents. Bien que l'histoire ne soit pas lourde, le drame que vit Morgane est bien réel. «Félix va la délester d'un poids, raconte l'auteur. Elle n'est pas capable de nommer sa tristesse.»

Peu friand des histoires à morale, Simon Boulerice mise sur les valeurs véhiculées par ses personnages. Dans toutes ses histoires, il y a la tendresse.

«Il y a de la tendresse, mais aussi beaucoup de cruauté, car les enfants sont cruels. J'essaie donc de tresser tendresse et cruauté, mais aussi avec une pointe d'espoir, décrit-il. Sans faire un happy end, qui n'est pas quelque chose qui me plaît, je m'assure qu'il y ait des craques de lumière.»

Poésie spontanée

Simon Boulerice décrit son petit héros comme un «poète de tissus, un capteur d'images et de légèreté». De cette belle folie peu terre à terre, le jeune public sait bien en capter le caractère ludique.

«Les enfants réagissent et rient beaucoup. Ça les fait rire quand Félix dit que, quand il sera grand, il devra porter un nom d'adulte et qu'il s'appellera Gaétan!»

Selon l'auteur, les enfants ont en eux cette finesse d'esprit. «La poésie imprévue, qui sort de façon spontanée, elle crée les plus beaux moments.»

Voix dissonnante

L'auteur des romans jeunesse Edgar paillettes et Les monstres en dessous s'est toujours intéressé aux voix uniques et dissonantes. «Je m'intéresse aux gens dans l'ombre, fait-il part. Je me reconnais plus dans la chute que dans la force.»

Celui qui a plongé dans le théâtre jeunesse d'abord avec le jeu affirme s'être toujours senti quelque peu décalé à plusieurs égards dans sa vie. «Et j'ai eu une enfance à cette image», poursuit-il.

Écrire pour le jeune public ne nécessite pas de se mettre dans la tête d'un enfant. Il suffit, selon Simon Boulerice, d'être honnête avec soi-même. «Mes huit ans sont toujours là. Parfois, il fait juste les dépoussiérer un peu.»