Un monument à Melocheville pour se rappeler des disparus du Vietnam
Pour Jacques Gendron qui a servi au Vietnam sous le drapeau américain, il est important de se souvenir des Québécois et des Canadiens qui ont été dépêchés lors de cette guerre pour se substituer aux Américains qui avaient fui.
« Les Américains prenaient les Québécois et Canadiens qui se présentaient parce que les Américains n’aimaient pas cette guerre et ne voulaient pas y aller. Cette guerre n'était pas populaire. Nous remplacions ceux des États-Unis qui de leur côté avaient fui, pour la plupart en Ontario. On parle d’au moins 50 000 déserteurs », lance le Campivallensien d’origine qui a passé un an au Vietnam de mars 1964 à mars 1965.
À son retour, il a subi du stress post-traumatique et ne trouvait pas vraiment d’oreille attentive. Il a décidé de fonder l’Association québécoise des Vétérans du Vietnam en 1989. « Il y a plus de 5000 Québécois et 30 000 Canadiens qui se sont battus au Vietnam et les gens d’ici n’avaient pas de sentiments par rapport à cette guerre. Nous ne pouvions en parler. Surtout de ceux qui sont disparus là-bas, qui sont morts sur le champ de bataille », plaide l’ancien maire de Maple Grove.
Un monument pour les disparus
Jacques Gendron décide alors de faire ériger un monument pour se souvenir. Celui-ci est d’abord installé à Saint-Bernard-de-Lacolle avant d’être déplacé à Sainte-Catherine. Peu de temps après, on décide de rénover le site et en 1989, c’est Melocheville qui accepte de recevoir la stèle.
« Il y a 146 noms d’inscrits, des gars missing in action, de jeunes soldats qui ont laissé leur vie là-bas ou dont les corps n’ont jamais été retrouvés », lance Jacques Gendron, en compagnie de Gilles Sauvé, qui lui donne un coup de main dans l’Association qui compte une centaine de membres et qui organise des manifestations pacifiques lors de jours où l’on doit se souvenir.
Le 11 novembre en est un. « Il y a aussi en juillet, une vigile au cours de laquelle on nomme les noms de chacun des 146 disparus. Il y a la Cross Border Run, une randonnée de moto qui permet aux Américains et aux Canadiens de se souvenir ensemble », plaide Gilles Sauvé, dont le père était américain et est venu travailler au Canada.
Un Châteauguois parmi les victimes
Alors que l’on peut maintenant, depuis la dernière année, se recueillir à Melocheville sur ce cénotaphe, dans un lieu solennel aménagé près de l’ancien Hôtel de Ville, il est bon de se souvenir qu’un enfant de Châteauguay a combattu au Vietnam, à Binh Dinh et qu’il est décédé le 4 mars 1971.
Gary Butt n’avait pas tout à fait 20 ans quand, entouré de soldats américains, il est mort au champ d’honneur. Le Sergent-chef Butt est maintenant enterré au cimentière Christ-Roi de Châteauguay. Il a reçu de manière posthume, la Médaille de l’étoile de bronze pour sa bravoure, avec la distinction de combat, en reconnaissance de son courage exemplaire au combat. Il a servi en tant que parachutiste.
Pour Jacques Gendron, le monument des Vétérans québécois du Vietnam est un devoir de mémoire et les gens devraient savoir qu’il existe. « Nous avons des projets pour mieux faire connaître l’endroit, mais tout est une question d’argent. Nous avons une Fondation pour récolter les dons et nous devons survivre pour ne pas oublier que les gens se sont battus et certains ont perdu leur vie », conclut-il.