Un village sacrifié pour le pont-tunnel
La construction du pont-tunnel Louis-Hippolyte La Fontaine a entraîné la disparition de l’un des plus vieux villages de l’île de Montréal: Longue-Pointe. À LIRE AUSSI : Il y a 50 ans, le pont-tunnel était inauguré Le village aura vécu 220 ans avant qu’en 1964, il ne cesse d’exister pour faire place aux travaux du tunnel. Encore aujourd’hui, plusieurs citoyens déplorent cette disparition. «Les aînés demeurent attachés à l’appellation Longue-Pointe. Elle est encore utilisée et présente à leur mémoire», souligne Réjean Charbonneau, de l’Atelier d’histoire de Mercier – Hochelaga-Maisonneuve. La réalisation du pont-tunnel a nécessité l’expropriation de 150 maisons et d’environ 300 familles, dont les Vinet enracinés là-bas depuis deux siècles. «Pourtant, à l’époque, il n’y a pas eu de grandes manifestations. Il en serait probablement fort autrement aujourd’hui», croit M. Charbonneau. Des habitations datant de la Nouvelle-France sur la rue de Boucherville, l’épicerie de Philias Robert et de son fils Paul implantée à la fin du XIXe siècle ou encore l’église de la paroisse Saint-François d’Assise de la Longue-Pointe, fondée en 1724, ce qui en fait l’une des plus vieilles paroisses de l’île de Montréal, sont tombées les unes après les autres. «Le prix à payer pour les résidents du village a été élevé, estime M. Charbonneau. Les gens étaient attachés à leur village et le sentiment d’appartenance très fort. Ils y passaient leur vie entière. Ils y naissaient et y mourraient.» La population n’a d’autres choix. Elle se disperse alors vers Tétreaultville, Anjou et recrée une nouvelle paroisse Saint-François d’Assise un peu plus à l’est. Mais le mal est fait. Certains vestiges du village de Longue-Pointe subsistent toujours dans le quartier, dont le bâtiment de l’ancien hôtel de Beaurivage, situé aux coins des rues Notre-Dame et Lepailleur. Des résidences des rues Saint-Just et Curatteau témoignent également de cette autre époque. Et une des institutions marquantes de ces années demeure la création de l’Hôpital Saint-Jean-de-Dieu (aujourd’hui l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal) inauguré par les Sœurs de la Providence en 1875.