Une famille crée des bières pour soutenir la Fondation Véro & Louis
Des bières pour le moins différentes ont fait leur arrivée sur les tablettes au cours des derniers mois: La Spectre TSA et La Spectre Asperger. Pour chaque cannette vendue, 0,15$ sont remis à la Fondation Véro & Louis, dont la mission est de créer des milieux de vie adaptés aux besoins des adultes de 21 ans et plus vivant avec un Trouble du spectre de l’autisme (TSA). Regard sur une initiative familiale. Vicky Hamel a un fils de 21 ans, Olivier, vivant avec un TSA. La maman fait partie des «chanceuses», dit-elle, puisque Olivier est autonome et capable de fonctionner par lui-même. «Je sais que ce n’est pas une chance que tout le monde a», reconnaît l’infirmière auxiliaire. [caption id="attachment_101571" align="alignright" width="454"] Vicky Hamel et son fils Olivier, en compagnie de Nathalie Hamel et Éric Buteau Photo: Le Courrier du Sud - Denis Germain[/caption] Sa sœur Nathalie, la tante d’Olivier, est enseignante en adaptation scolaire pour la clientèle TSA à l’école secondaire Gérard-Filion. Et le conjoint de cette dernière, Éric Buteau, travaille dans le domaine brassicole. Un plus un fait deux; en janvier, les trois compères ont amorcé un remue-méninge, duquel est né trois semaines plus tard leur compagnie Neuro Typique, puis leur première bière, La Spectre TSA. Début octobre arrivait sur les tablettes La Spectre Asperger. À ce jour, l’entreprise a remis 2000$ à la Fondation Véro & Louis. «C’est une réponse au-delà de nos attentes», mentionne Mme Hamel. «On n’a pas les moyens de donner autant d’argent de notre poche, mais il fallait trouver un moyen parce que la cause nous tient beaucoup trop à cœur, explique-t-elle. On a beaucoup d’enfants autistes autour de nous. Pour nous, c’était naturel d’aller dans cette direction-là.» La directrice générale de la Fondation Véro & Louis Katty Taillon a été particulièrement séduite par cette initiative visant à amasser des fonds et à sensibiliser les gens à la réalité de l’autisme, mais elle s’est dite «encore plus touchée quand nous avons découvert la magnifique histoire familiale qui se cachait derrière. On ne pouvait qu’accepter leur offre et les soutenir dans cette nouvelle entreprise familiale pleine de sens!» Les bières La Spectre TSA est une ale blonde de type kölsch. La Spectre Asperger est quant à elle une bière de type IPA. Elles sont brassées à Québec par la compagnie Malt Co et vendues un peu partout dans les épiceries, dépanneurs et microbrasseries du Québec. Pour Vicky, Nathalie et Éric, il allait de soi de nommer le produit ainsi. «Un spectre, c’est large, explique Mme Hamel. Les bières seront toujours nommées La Spectre, avec un mot qu’on va ajouter ensuite.» L’entreprise travaille sur d’autres projets, telle la création d’objets promotionnels, qui devraient être dévoilés au cours des prochains mois. «On veut augmenter les ventes pour donner plus, ajoute la femme de 45 ans. On veut l’instaurer dans le quotidien des gens pour qu’ils puissent donner tous les jours en consommant. Il faut que ce soit à répétition, pas juste une fois. Même si tu n’y penses pas, tu fais le don en achetant.» Sensibiliser à la différence Bien que son fils soit un adulte autonome, Vicky Hamel se dit rassurée de constater que de plus en plus de ressources sont disponibles pour les familles dont un enfant vit avec un TSA. En plus de la Fondation Véro & Louis, l’animateur Charles Lafortune et sa femme Sophie Prégent ont récemment annoncé la création de la Fondation Autiste & majeur. «Pour les parents dont l’enfant a plus de besoins, c’est un poids qu’on leur enlève de sur les épaules, souligne-t-elle. Ça sensibilise les gens. Ils sont plus ouverts. Il y a 20 ans, quand mon petit Olivier était jeune et faisait des crises, c’était difficile. Le monde disait qu’il était mal élevé. Mais non, il n’est pas mal élevé, il est juste différent.» «Je me dis que la journée où je ne serai plus là, si les gens sont plus sensibilisés, ils aideront mon garçon», conclut-elle. L’histoire d’Olivier [caption id="attachment_101572" align="alignleft" width="385"] Vicky Hamel et son fils Olivier[/caption] Olivier, le fils de Vicky Hamel, a été non-verbal jusqu’à l’âge de quatre ans et demi. «Il était dans sa bulle», se souvient la maman. Quand son fils a commencé l’école, Mme Hamel a dû arrêter de travailler afin de se consacrer à son développement. «Tous les jours, il était très colérique. Je devais aller le chercher à l’école. C’est une toute autre réalité, donc j’ai complètement arrêté le travail pour lui montrer des outils pour développer son côté verbal, pour exprimer ses sentiments», relate-t-elle. L’entrée au secondaire a été une étape «libératrice» pour Olivier, selon sa mère. «C’était comme une fleur qui s’ouvrait. Il est devenu mon Olivier que je connais aujourd’hui. Il a développé son côté leader positif. Il est incroyable. Il est persévérant, ne lâche jamais.» Cette année, à l’âge de 21 ans, Olivier a obtenu son diplôme d’études secondaires. Il a entamé ses études collégiales au cégep Édouard-Montpetit en août, à distance. «Étant autiste, il a ce côté où il est capable de se discipliner d’une façon incroyable. Il performe, ça n’a pas de sens. Il a eu 95% en philosophie», dit-elle avec fierté. Et puis récemment, Olivier a reçu toute une nouvelle: pour le récompenser de sa persévérance, l’Université Concordia lui a offert une bourse d’études qui paiera l’entièreté de son baccalauréat. Il pourra donc entreprendre des études en cinéma dans l’université et le domaine qu’il convoitait, en vue d’un jour être producteur de films. «Il avance, il va bien», souffle sa mère. Un projet «merveilleux» En vieillissant, Olivier a été dans plusieurs classes avec d’autres personnes vivant avec un TSA. «J’ai travaillé énormément parce qu’un moment donné, je me suis rendu compte que je ne voulais pas que le monde me voit seulement en tant qu’autiste, mais aussi en tant qu’individu. J’ai décidé de travailler super fort, de me développer sur plein d’aspects, pour me rendre au Cégep, où je suis aujourd’hui», relate-t-il. Quand sa mère, sa tante et son oncle lui ont parlé de leur projet de créer l’entreprise Neuro Typique, Olivier a tout de suite sauté dans l’aventure. Même s’il n’aura probablement jamais besoin d’habiter dans la maison que construit la Fondation Véro & Louis, il juge important d’appuyer le projet. «Pour les parents dont les enfants sont très atteints et qui ont vraiment besoin d’aide, ça va être merveilleux, dit-il. Ils s’assurent d’une place où ils pourront continuer de vivre en sécurité, où ils seront surveillés et vont pouvoir vivre comme ils veulent.»