Actualités

Une maison à l’abandon, au grand dam du voisinage

le mardi 27 août 2024
Modifié à 8 h 58 min le 28 août 2024
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Des résidents du voisinage du 472, rue Joliette dans l’arr. du Vieux-Longueuil sont découragés : la demeure en piteux état cumule les déchets et encombrants sur son terrain, la végétation envahissante déborde jusque sur le trottoir et les allées et venues d’itinérants, dont une dame qui y a érigé un abri de fortune, n’ont rien de rassurant.  L’état de délabrement suscite aussi des craintes de risques d’incendie.

«Le terrain est devenu un dépotoir, les itinérants y amènent leurs vidanges», illustre Germain Racicot. 
Le terme n’est pas exagéré : amoncellements de déchets, vieux vêtements, peluches, meubles brisés, oreillers souillés, résidus de vitre et même un tracteur jouet jonchent le sol.

L’un des résidents du secteur, qui a refusé de se nommer, craignant des répercussions de la part de la propriétaire de la maison abandonnée, est aussi critique à l’égard de l’état des lieux. 

«C'est une plaie!» exprime-t-il.

Le lieu n'est pas entretenu (Photo : Le Courrier du Sud - Ali Dostie)

De grosses branches d’arbres se sont affaissées sur le toit de la petite maison qui ne paie pas de mine.

« Ça dégénère »

La Ville de Longueuil a fait barricader la résidence, bien qu’une fenêtre demeure encore accessible. Une petite échelle placée en dessous laisse croire que des squatteurs ont tenté d’y pénétrer.

 (Photo : Le Courrier du Sud - Ali Dostie)

Marie-Claude Racicot, qui demeure dans l’immeuble à condo juste à côté, a entendu le vacarme qu’ont fait des itinérants lorsqu’ils ont découvert les fenêtres placardées.

Elle n’ose plus aller sur son balcon donnant tout près de ce voisin indésirable, par crainte pour sa sécurité.
«Ça fait au moins cinq ans que c’est comme ça, mais là, ça dégénère», constate Germain Racicot.

Une vue de la cour arrière.  (Photo : Le Courrier du Sud - Ali Dostie)

Ce dernier n’habite pas la rue Joliette, mais il est le père de Marie-Claude. Puisqu’elle est malentendante, il l’aide et multiplie les démarches dans l’espoir que la Ville de Longueuil agisse et nettoie le terrain.

Carine Saint-Laurent, qui habite le même immeuble de copropriétés, a lancé une pétition réunissant une trentaine de noms, afin de demander à la Ville d'agir. 

Celle qui réside à cet endroit depuis 11 ans constate une recrudescence de la présence d’itinérants dans le quartier, particulièrement cette année. 

Bien que les derniers jours aient été plus calmes, il n’est pas rare d’en voir et d’en entendre au 472, rue Joliette. La police est intervenue à quelques reprises, mais les squatteurs reviennent quelques jours après. Un itinérant a aussi dormi dans l’entrée de l’immeuble à condos.

«Je vis seule et je n’aime pas ça. Ce n’est pas sécurisant», relève Mme St-Laurent. 

Craintes

La végétation est si imposante qu’elle camoufle considérablement la borne-fontaine, à l’avant du terrain. Seul le poteau jaune qui y est hissé est légèrement perceptible de la rue, pour le moins qu’on s’y attarde.

Une situation qui, ajoutée à la présence d’itinérants autour de ce bâtiment très délabré, fait craindre les résidents d’un incendie.

«Ça n’a pas de sens, estime Mme St-Laurent. Il y a eu un feu à Saint-Hubert, dans une maison abandonnée. Il pourrait arriver la même chose ici.»

«La sécurité des gens en dépend, craint aussi le résident qui a préféré taire son nom. C’est préoccupant.»

«Le règlement dit que la borne-fontaine doit être dégagé, mais ils ne l’appliquent pas», ajoute Germain Racicot. 

Il a contacté le Service de sécurité incendie de l’agglomération de Longueuil, des élus et une requête à ce sujet a été ouverte à la Ville. On lui répond que la Ville ne peut intervenir dans ce type de situation et que le dossier suit son cours.

La borne-fontaine.  (Photo : Le Courrier du Sud - Ali Dostie)

Le résident qui n’a pas voulu être nommé se désole de l’inaction de la propriétaire. «La seule chose qui se passe, c’est lorsqu’ils sont forcés, une fois par année, de couper la haie en avant pour dégager le trottoir», remarque-t-il.

Mis à part durant les semaines suivant cette coupe, les piétons n’ont pratiquement d’autre choix que de marcher dans la rue tellement les arbustes et mauvaises herbes débordent en se frayant un chemin au travers d’une imposante haie de cèdres.

«Pourquoi la Ville tolère ça? lance-t-il aussi, à propos de la maison délabrée. Si ça, ce n’est pas un cas de démolition, je ne sais pas ce que ça prend!»

La maison, vue de la rue.  (Photo : Le Courrier du Sud - Ali Dostie)

23 visites en 2 ans

Le 472, rue Joliette, figure au Registre de bâtiments vacants que tient la Ville depuis 2022. 

«Des inspecteurs de la Ville visitent régulièrement les lieux afin de constater si tout est en ordre et ne représente pas un enjeu pour la sécurité publique, indique la Ville. Selon nos dernières informations, le bâtiment est barricadé et inaccessible depuis le 17 janvier 2024.»

Depuis 2022, la Ville y a effectué 23 visites.

Au fil du temps, de nombreux avis pour divers motifs ont été signifiés au propriétaire.

«De récentes infractions ont été constatées et des constats seront envoyés sous peu», confirme aussi Longueuil. Un constat avait été émis en 2019 en raison de débris de branches coupées. 

La Ville invite les citoyens à appeler le 311 si de nouvelles informations doivent être transmises.

Elle rappelle que son rôle, dans ce genre de situation, est d’évaluer s’il y a un risque pour la sécurité. «N’étant pas le cas ici, nous appliquons la règlementation en place», signifie-t-elle. 

Quant à la borne d’incendie, si les Travaux publics font un entretien sommaire des équipements au printemps, c’est au citoyen de s’assurer qu’elle soit dégagée comme l’exige la réglementation. 

Si la borne n’est pas dégagée adéquatement, la Ville remet un avis de non-conformité au propriétaire, lequel a sept jours pour corriger la situation. Sinon, elle émet un constat d’infraction et effectue les travaux aux frais du citoyen.

Dans ce cas précis, bien que la borne ne soit pas pleinement dégagée, elle demeure accessible aux services d’urgence. «Il n’y a pas d’enjeu de sécurité», assure la Ville, alors qu'un entretien a été fait dans les jours suivant le passage du Journal.

La propriétaire n’a pas répondu à notre demande d’entrevue.