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Ville de Brossard : un sondage peu reluisant 

le mardi 16 juillet 2024
Modifié à 15 h 01 min le 12 juillet 2024
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Extrait du sondage (Photo: document Ville de Brossard)

Les enjeux relevés par l’ensemble des témoignages au Courrier du Sud se reflètent dans un sondage organisationnel que la Ville a mené au printemps 2023. Un document qui a été refusé au Journal en vertu d’une demande d’accès à l’information, mais dont nous avons obtenu copie. 

Ce coup de sonde aborde l’organisation, les relations et l’épanouissement au travail.

La considération des employés, la communication (de la Ville et de la direction générale auprès des employés), la formation et la reconnaissance de la part de l’organisation sont des exemples d’indicateurs pour lesquels les voyants sont au rouge, signifiant un résultat de 59,9% et moins.

Ainsi, seulement 34% des répondants jugent que «la Ville consulte adéquatement les employés sur les enjeux qui les touchent». 

Moins de la moitié (48%) estiment que «la Ville est sensible au bien-être des employés».

De plus, une faible majorité d’employés (54%) jugent avoir les outils et méthodes pour bien effectuer leur travail. Les employés y ont aussi exprimé leurs inquiétudes quant à la charge de travail : seulement 53% ont dit que celle-ci est distribuée équitablement entre les employés.

L’affirmation «Le nombre d’employés est suffisant au sein de mon équipe de travail» a reçu l’appui d’un faible 36% des employés.

Les résultats au sujet de la progression de la carrière sont également marqués au rouge. 

Moins de la moitié (46%) des employés approuvent l’affirmation selon laquelle «Mon organisation me soutient dans mon développement de carrière».

Une seule affirmation du sondage a récolté un taux d’approbation de 75% et plus (vert) : «les gestionnaires de ma direction montrent l’exemple par leur comportement éthique, respectueux et civil» (75%).

Le taux de participation au sondage est de 63%.

Plusieurs des employés rencontrés reprochent qu’après la présentation de ces résultats qui témoignent que «les employés sont brûlés», aucun suivi n’a été fait pour améliorer les conditions de travail.

«On ne se cache pas que les gens n’allaient vraiment pas bien et je me disais que le sondage allait le montrer et peut-être qu’ils allaient faire quelque chose ensuite, mettre des mesures et ressources pour nous aider, mais pas pantoute», témoigne une ancienne employée.

«Ce que j’ai remarqué, qui s’est "amélioré", c’est qu’il y a une grosse boite de relation publique : on n’a jamais eu autant de beaux messages sur l’intranet, on se positionne publiquement… mais rien ne suit ces messages. On ne peut pas faire que des gestes d’apparence, mais ils veulent tellement contrôler l’information. Ils ont déformé les résultats du sondage pour que les journalistes ne l’aient pas. Ç’a été édulcoré.»

En «mode action»

Ce sondage s’inscrit dans une vaste démarche de la Ville de Brossard. Trois mois après son arrivée à la Ville en juillet 2022, le directeur général Guy Benedetti dresse un ensemble de constats, notamment en ce qui concerne la gestion corporative.

Il cible un manque de cohérence et d’équité dans les politiques de ressources humaines, un sentiment de méfiance et d’insécurité des employés, des enjeux de condition de travail et une grande demande pour le manque de ressources, entre autres.

Trois chantiers sont mis en branle, dont celui de «Réussir Brossard», qui s’attaque à ces enjeux. Un plan d’action est annoncé pour 2023.

Dans ce contexte, «il a été convenu de procéder à un vaste sondage auprès des employés afin d’avoir leurs constats et perceptions. Si on veut bâtir du solide, on veut savoir : qu’est-ce que les gens pensent?» exprime le directeur général. 

Chaque direction est invitée à prendre connaissance des résultats qui lui sont propres et de présenter une proposition de plan d’action. 

À la lumière des constats qu’il avait précédemment dressés, le directeur général n’a pas été totalement surpris des résultats du sondage. Surtout, la Ville est passée en mode action, insiste-t-il. 

«On ne s’est pas mis la tête dans le sable, assure M. Benedetti. On s’est dit : qu’est-ce qu’il faut faire? J’ai retenu trois axes d’interventions prioritaires : régler la question de l’organisation travail (l’adéquation entre le mandat et les ressources), régler la question des conditions de travail, et prioriser la question du développement organisationnel. Et quand on a dit, la mairesse et moi, on vous revient avec un plan d’action; en juin 2023, c’est ce qu’on a fait.»

En matière d’amélioration des conditions de travail, la Ville nomme entre autres les travaux entourant la Politique de rémunération des cadres. La Ville est actuellement en négociation avec ses cols blanc et cols bleus, dont les conventions collectives sont échues. Elle est accompagnée du Carrefour du Capital humain de l’UMQ dans les négociations. 

En matière d’organisation du travail, les directions ont aussi été appelées à se doter d’un plan organisationnel, qui définit la mission du service, son mandat, ses enjeux, ses orientations et ses besoins en effectifs, entre autres. Elles sont accompagnées d’un mandataire spécial pour accomplir ce travail. À ce jour, 5 directions ont présenté leur plan organisationnel

Enfin, depuis mars 2024, la Ville s’est dotée d’un service de développement organisationnel, qui représente les actions de l’employeur pour «créer et maintenir un environnement de travail reconnaissant, accomplissant et sécurisant», résume M. Benedetti.

«À partir du sondage, nous avons, lors de la rencontre de l’équipe de direction du 15 décembre dernier, élaboré les principales valeurs à privilégier dans l’organisation». 

Une autre rencontre et des ateliers ont été tenus, au terme desquels cinq valeurs ont été définies. «Cet exercice n’est pas une fin en soi mais plutôt le début d’une nouvelle dynamique à la Ville de Brossard, et tout ça est parti du sondage, puis de l’équipe de direction et de discussions».

«Souvent on va critiquer des organisations : elles font un plan toutes seules dans leur coin, mais ce n’est pas ça qu’on a fait, ajoute-t-il. On est parti de la base, et ensuite : comment on s’adresse à ça, où on a impliqué des gens. C’est de ne pas avoir peur de se mettre face à la réalité.»