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Ville Jacques-Cartier: une riche histoire de solidarité à se réapproprier
le mercredi 02 août 2017
Modifié à 12 h 12 min le 14 août 2019
Ville Jacques-Cartier, haute en couleur, c’est le prochain projet d’envergure de la Société historique et culturelle du Marigot, retraçant l’histoire de cette ville ouvrière fondée en 1947 puis fusionnée à Longueuil en 1969. La soirée festive qui présentera le projet visitera la mémoire collective de Ville Jacques-Cartier, avec comme porte d’entrée l’univers d’André Forcier.
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La soirée animée se tiendra le 19 août, dès 17h30, à l’église Notre-Dame-de-Grâces, sur le boul. Sainte-Foy.
Le film Coteau rouge d’André Forcier, qui dépeint ce secteur de Longueuil, sera projeté à la belle étoile, en «la présence enthousiaste du cinéaste!» se réjouit la présidente de la Société historique et culturelle du Marigot, Louise Levac.
Le choix de l’église, située en face de la station-service Ékonogaz – en vedette dans le film – n’est évidemment pas un hasard. Mme Levac promet aussi d’autres clins d’œil au long métrage durant cette soirée qui plongera les participants dans l’ambiance des années 1950 et 1960. Le «célèbre» Vincent sous-marins offrira entre autre des repas à rabais.
Le lancement sera également l’occasion d’entendre des témoignages de personnes ayant résidé à Ville Jacques-Cartier, d’admirer l’exposition de photos d’époque et de visionner le court métrage Une enfance à Ville Jacques-Cartier. Le Marigot dévoilera certains volets du projet à venir, notamment la carte animée.
«On recense des photos, des témoignages et informations historiques sur une carte, détaille Guillaume Vallières, étudiant en histoire qui a travaillé sur le projet, en compagnie d’Ann-Émilie Lacerte, aussi étudiante en histoire. Dans certains cas, il y a aussi une animation qui permet de voir l’évolution avant-après. C’est de la géolocalisation d’archives historiques.»
«Avec cette soirée, on veut vraiment susciter l’intérêt des gens pour Ville Jacques-Cartier, ajoute Mme Levac. On veut leur donner le goût d’en savoir plus sur cette histoire peu connue et très intéressante.»
Ville Jacques-Cartier, haute en couleur – actuellement en recherche de financement – prendra véritablement son envol dans les mois à venir. Le Marigot lancera un appel aux témoignages et préparera entre autres une exposition itinérante, des visites animées et des activités scolaires, et ultimement – pour les 75 ans de Ville Jacques-Cartier –, un ouvrage.
Le Marigot diffuse également chaque mercredi sur sa page Facebook une capsule vidéo sur Ville Jacques-Cartier.
Les moyens du bord
Les frontières exactes de Ville Jacques-Cartier semblent toujours avoir été un peu floues, mais constituaient l’essentiel du territoire actuel de Longueuil, sans les arr. de Saint-Hubert et de Greenfield Park, puis allaient jusqu'aux limites de Boucherville et incluaient une petite partie de Saint-Lambert. Longueuil était davantage concentrée le long du fleuve.
Ville Jacques-Cartier est née de la crise du logement à Montréal après la Deuxième Guerre mondiale. Les ouvriers se sont tournés vers les champs et terrains vagues au sud de Longueuil et se sont construit un chez-soi. Le quartier Coteau rouge, l’un des plus connus, a été l’un des premiers à se développer.
«Ils ont construit avec ce qu’ils avaient, avec du "bois de char"!, relate Guillaume Vallières. On a trouvé aussi qu’un wagon en fin de vie utile a servi à construire des maisons. Il y avait une liste d’attente. Les gens prenaient du bois puis laissaient le métal à la compagnie.»
Dans les débuts, aucune rue. Puis, les services municipaux ont graduellement fait leur apparition.
«Ceux qui témoignent aujourd’hui de cette époque-là relatent des souvenirs d’enfance et d’adolescence, rappelle Mme Levac. Ils ont un souvenir de quelque chose d’amusant, d’un peu magique. Avec les champs autour, c’était un immense terrain de jeux!»
La solidarité du «Far West»
Le point commun qui ressort des témoignages jusqu’à maintenant recueillis est la solidarité qui unissait ces ouvriers et familles plus défavorisées. Guillaume Vallières relate par exemple que lorsqu’une maison a passé au feu, tous les voisins se sont mobilisés et ont déposé sur le terrain de la famille sinistrée des meubles, des jouets et autres articles. En un mois, ils avaient à nouveau une maison.
«C’est une histoire de courage, de résilience, résume Louise Levac. Ils ont fait face à plein de difficultés. Un autre mot qui revenait souvent, c’est la débrouillardise.»
Et les exemples de débrouillardise ne manquent pas. Celui d’une salle de billard transformée en salle de classe en est un éloquent.
Avec la pauvreté venait aussi la «petite criminalité», ce qui n’avait pas pour aider à la réputation de Ville Jacques-Cartier. «Il y a avait beaucoup de snobisme de la part des gens de Longueuil», souligne Mme Levac.
Voilà peut-être pourquoi l’écrivain longueuillois Jacques Ferron décrivait Ville Jacques-Cartier comme le «petit farouest» dans son roman La charrette.
«En découvrant cette histoire, nous aimerions que les gens retrouvent une certaine fierté pour Ville Jacques-Cartier», conclut Louise Levac.
L’entrée à la soirée festive est gratuite pour les membres du Marigot et de 5$ pour les non-membres. Inscriptions: marigot.ca, shm@marigot.ca ou 450-677-4573