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Zèbre jaune: la danse et la création pour apaiser les maux
le samedi 25 novembre 2017
Modifié à 11 h 08 min le 25 novembre 2017
ARTS. Le pouvoir de la danse, de la musique et des arts, c’est ce sur quoi mise le jeune organisme Zèbre jaune, qui propose, en plus de spectacles et de créations, des ateliers créatifs à des personnes atteintes de Parkinson ou encore de troubles cognitifs comme l’Alzheimer.
«La danse, avec sa dimension symbolique, éveille beaucoup de choses. On assiste à de grands moment de lucidité», témoigne la danseuse thérapeute apprentie Carol Jones, au sujet des ateliers offerts à des personnes atteintes d’Alzheimer. L’activité est rendue possible grâce à une bourse du Bureau de la culture de Longueuil.
Elle raconte qu’une simple question demeurée sans réponse au début d’un atelier – quel jour sommes-nous? – a obtenu plus de succès à la fin. «Vendredi. Demain, c’est mon rendez-vous chez la coiffeuse!», avait lancé une des participantes.
Mme Jones pense également à un autre moment, vécu dans un atelier portant sur les bateaux et les voyages. Les participants sont stimulés au moyen d’images et de musique pour nourrir leur imaginaire. L’atelier se termine par une danse.
«Ça faisait trois ateliers qu’une femme ne bougeait pas et restait tranquille dans son coin. Puis, à la fin, elle s’est levée, elle est venue danser et chanter avec moi en me disant : "Tu ne pensais pas que je viendrais, hein? ". L’information est là, mais cachée. Et ça devient un super beau moment de création, touchant.»
Si de tels ateliers ne peuvent pas guérir des maladies incurables telles que l’Alzheimer, «on peut préserver les acquis», note Mme Jones.
Source d’inspiration
Le travail effectué en ateliers devient ensuite source d’inspiration pour des créations et spectacles proposés par le collectif d’artistes. «Les participants créent avec nous, explique Carol Jones. On se permet de vivre en tant qu’artiste des ateliers et faire de la création avec des gens que l’on ne rencontre pas souvent.»
Le fruit de ce travail avec des personnes atteintes de troubles cognitifs sera dévoilé à la bibliothèque Georges-Dor le 20 février. Pour l’occasion, le neuropsychologue Louis Bherer se joindra à l’activité et proposera une conférence.
«Quand on travaille avec un neuropsychologue, ça valide notre action, ça nous aide à rester dans la bonne voie», signifie la fondatrice du Zèbre jaune.
Les ateliers qui visent les personnes atteintes de Parkinson visent à alléger les symptômes comme la rigidité des muscles et les problèmes d’équilibre. «La danse, dans le plaisir, amène la légèreté. On est dans le moment présent et on envisage le lendemain plus aisément», conclut Mme Jones
L’histoire derrière le Zèbre jaune
Zèbre jaune est un tout jeune collectif d’artistes dont le principal partenaire est le Musée de la femme de Longueuil. Offrir des «spectacles théâtraux qui conjuguent rythmique, musique, texte, vidéo et gestuelle dansée», telle est sa mission, à laquelle se greffe une volonté de faire connaître la réalité de certaines personnes au grand public.
Il y a une quinzaine d’années, une expérience théâtrale avait fait prendre conscience à Carole Jones – métisse – qu’elle en connaissait peu sur ses racines, ce qui l’avait menée à entreprendre des voyages, dont en Haïti et en Sierra Leone, pendant une dizaine d’années.
Elle y a été marquée par l’expression rythmique des gens, ne serait-ce que dans leur façon même de se répondre d’un balcon à l’autre en passant le balai.
De retour au Québec, elle s’est lancée dans une maîtrise sur le rythme au théâtre. Elle a été de la première cohorte de danse thérapie au Canada, offert par le Centre national de danse thérapie, département des Grands Ballets canadiens
[caption id="attachment_42937" align="alignnone" width="521"] Johanne Fontaine[/caption]
Johanne Fontaine: on a toujours le choix
La conférencière, coach et comédienne Johanne Fontaine connait bien Carol Jones. Et étant donné la mission du Zèbre jaune, il lui était difficile de refuser de donner un coup de main en y présentant une conférence le 25 octobre.
Dans cette conférence, Johanne Fontaine a abordé les nombreux choix que l’on doit faire dans la vie et les «entités d’ombre et de lumières qui nous habitent».
Devant les épreuves, nous avons le choix de regarder ces défis sous l’angle que l’on souhaite, avance-t-elle. Il faut alors se demander à qui (à laquelle de ces parties de soi) l’on donnera le premier rôle.
«S’il me reste cinq ou dix ans à vivre, comment ai-je le goût de les vivre? En victime? En dépression? On a tout ce qu’il faut, tous les outils pour nous découvrir. L’art thérapie que propose le Zèbre jaune, ce sont des outils, il suffit d’ouvrir son cœur», explique celle qui a reçu un diagnostic de cancer il y a sept ans.
«Comment j’aborde la vie?, questionne celle qui est aussi coach en neurolinguistique. Je suis pleine de ressources, une entité pleine de qualités, évoque-t-elle. L’idée est de relier la tête, le corps et l’esprit par la danse, la méditation, l’hygiène de vie, le yoga, la vie spirituelle, …»
Les participants de ces ateliers et conférences viennent chercher de la vitalité, du courage, un certain enseignement, mais aussi une liberté d’être et d’expression.
Ces rencontres sont aussi très gratifiantes pour Johanne Fontaine; elles deviennent une source de motivation qui lui permettent de toucher à un sentiment de reconnaissance. «Je remplis ma mission», conclut-elle.
Un atelier de danse percussive est le prochain événement qui permettra au Zèbre jaune d’amasser des fonds, le 26 janvier, dès 19h.