COMPRESSIONS. Le 26 octobre, la direction du réseau des bibliothèques de Longueuil a annoncé une diminution du nombre d’heures de travail des commis à prévoir dans le budget 2019.

«La cible de la diminution du nombre d’heures de travail se situe entre 3 et 3,8% du nombre total actuel des heures effectuées par les commis en bibliothèque des comptoirs de prêt», a signifié la direction, dans un courriel adressé aux employés.

Cela représente entre 2180 et 2760 heures au cours d’une année, soit entre 42 à 53 heures par semaine, qui toucheront 69 commis affectés aux comptoirs de prêts.

L’objectif de cette coupe serait de revoir la répartition du personnel selon les périodes d’achalandage.

«Nous avons colligé et analysé les données des transactions effectuées afin de nous assurer de ne pas cibler les périodes les plus achalandées», peut-on lire dans la missive.

Impossible de connaître les détails des futurs horaires de travail et les postes touchés. La direction assure toutefois aux employés que cet exercice s’effectuera dans le respect de la convention collective.

Un autre chapitre pénible pour les commis, selon la SCFP

Les Syndicats regroupés des employés municipaux (SREM-SCFP 306), qui représentent les 1200 cols blancs de la Ville de Longueuil, dont les 70 commis de bibliothèque, dénoncent avec véhémence ces compressions.

Selon eux, cette décision est particulièrement surprenante. Lors de la dernière négociation, une rationalisation dans le secteur des bibliothèques avait été évoquée et face à cela, la partie syndicale avait proposé l’abolition de deux postes vacants pour réduire l’impact sur les employés actifs. La proposition aurait alors été acceptée par les représentants de la Ville.

«Toutefois, nous ne savions pas que le gestionnaire avait l’intention de détourner les salaires ainsi libérés vers la création d’un poste de cadre. La Ville veut faire payer le salaire du nouveau cadre par les employés les plus précaires», déplore le président du SREM-SCFP 306 André Duval.

En plus de diminuer la qualité du service offert aux citoyens, cette décision risque également d’accentuer cette violence bien documentée dont sont victimes les commis de bibliothèque de la Ville, croit la SCFP.

«Les gestionnaires ne comprennent pas la portée de leur décision sur la santé mentale de leurs employés. Ce n’est pas en réduisant les effectifs et en évitant de procéder à des remplacements lors d’absences que la situation risque de s’améliorer», conclut le premier vice-président du SREM-SCFP 306 Stéphane Simard.

Le syndicat n’a pas pour l’instant reçu les documents statistiques démontrant la diminution de l’achalandage ou les projets d’horaire.

Rencontre à venir

Cette réduction à venir des heures s’inscrit dans un souci d’efficience, afin d’assurer un contrôle des coûts sans affecter le service à la clientèle, assure la porte-parole de la Ville Louis-Pascal Cyr.

En ce sens, un portait de l’achalandage, à partir des données transactionnelles des comptoirs de prêts est effectué. «On va réduire les heures là où on a la capacité de le faire», indique M. Cyr.

Ainsi, la coupe d’heures affectera uniquement les cinq principales bibliothèques du réseau.

Le porte-parole répond également aux inquiétudes du syndicat quant à la sécurité des employés. «Jamais un commis se retrouvera seul à la bibliothèque pendant les heures d’ouverture à la suite du projet d’horaire», avance-t-il. Les bibliothèques où travaillent deux commis ne seront par exemple pas affectées durant les heures d’ouverture.

Les données statistiques d’achalandage seront dévoilées à la partie syndicale lorsque la Ville présentera son projet de nouveaux horaires, en voie d’être finalisé.

Nouvelle structure

Quant à la proposition de la partie syndicale d’abolir deux postes vacants pour réduire l’impact sur les employés dans un contexte de rationalisation, elle a bel et bien été faite, confirme Louis-Pascal Cyr, mais n’aurait pas été acceptée.

«La Ville souhaitait revoir les horaires en fonction de l’achalandage. L’idée n’était pas de dire «on va compenser un besoin de baisse en ne comblant pas deux postes», nuance-t-il.

Une nouvelle structure au sein des bibliothèques a été adoptée en juin. Dans cette nouvelle structure, un poste de bibliothécaire et un poste de commis en bibliothèque de l’unité des services techniques ont été abolis, à la suite de départs à la retraite.

Un poste de chef de division a aussi été créé pour le développement du concept de bibliothèque numérique, une tendance que l’on observe de plus en plus dans le milieu. Des heures ont aussi été ajoutées à l’animation, aux ressources en services professionnels (pour le Pixilab) et en services extérieurs, notamment dans des résidences pour personnes âgées.

«Tout ça s’inscrit dans une réflexion plus globale sur nos services en général. On est en train de vouloir parfaire nos façons de faire pour répondre aux besoins qui changent», expose Louis-Pascal Cyr, réfutant l’argument du syndicat voulant que les coupes d’heure servent à payer un nouveau poste de cadre.

Avec la collaboration d’Ali Dostie