José del Pozo est arrivé au Québec il y a 51 ans. Chaque fois que cet ancien professeur d’histoire de l’Amérique latine se rend dans une librairie, il se rend dans le rayon d’histoire. «Je me trouve devant 200 livres sur l’histoire de l’Europe versus 2 ou 3 sur l’Amérique latine! Et inévitablement, ce sont toujours les mêmes : Christophe Colomb, Fidel Castro et Che Guevara», raconte-t-il. Mais depuis quelque temps, on en retrouve au moins un de plus, sous sa plume.

Quand l’Amérique latine fait date vient certes augmenter le contenu latino-américain dans les librairies, mais surtout, il vise à souligner l’apport de cette région au monde sous plusieurs angles.

Au cours des 50 chapitres de quelques pages chacun, on y parle de la pomme de terre, de la révolte des esclaves, des coups d’État, de Mafalda, de Gabriel Garcia Marquez et de Coupe du monde de soccer, notamment.

«Je montre à quel point les latinos américains ont contribué à la culture universelle», résume M. del Pozo.

Le Longueuillois assure par ailleurs avoir écrit son livre pour un public général.

«N’importe qui peut le lire, même un adolescent! On peut facilement lire ça avant de se coucher ou prendre un chapitre au hasard. Chaque chapitre est une histoire en soi», indique-t-il.

L’intégration des Chiliens au Québec

Auteur d’une trentaine d’œuvres, M. del Pozo s’est toujours donné comme objectif de faire connaître l’Amérique latine, mais aussi l’immigration et la place de la communauté chilienne au Québec.

Lui-même immigrant chilien, il soutient que les Chiliens au Québec se sont démarqués par leur très bonne intégration à la société d’accueil.

«Je pense à l’époque des accommodements raisonnables. Les latinos américains, on en parlait nulle part! Ça veut dire que nous sommes une minorité, oui, mais qui est très proche de la majorité québécoise, un groupe qui s’intègre plutôt bien, surtout le Chili!» estime l’ancien professeur de l’UQAM.

Il explique le tout par une proximité dans les institutions – «le Chili est un pays régi par des institutions suivant le modèle européen et parfois américain», explique-t-il – et la religion entre autres.

«On s’intègre très bien au niveau culturel, social. Il y a énormément de couples mixtes, québécois-chilien. Le seul hic, c’est au niveau économique. Je l’ai vu avec mes études, les latinos américains ici sont au bas de l’échelle pour le revenu per capita. Ça demeure un peu un mystère pour moi, parce qu’au niveau scolarité, on est au-dessus de la moyenne», souligne M. del Pozo.

Celui-ci note par ailleurs «la très bonne intégration civique», avec comme exemple la nouvelle mairesse de Montréal, Soraya Martinez Ferrada, une immigrante chilienne.

Petite histoire de l’immigration chilienne

José del Pozo explique que la première vague importante d’immigrants chiliens au Québec est venue après le coup d’État de 1973 :

«Avant cela, il y a eu un certain nombre qui arrivent ici à partir de 1969, 1970. On dirait que c’est à cette époque que le Chili a découvert le Canada. C’était un pays presque inconnu avant.»

«Des liens s’établissent à travers les missionnaires, il y avait plusieurs communautés religieuses au Chili, qui tissent des liens avec certains groupes de la société, mais ce n’est pas tout le monde qui savait ça. Des liens universitaires se tissent également.»

«Bref, il y a une petite communauté d’environ 1000, 1500 personnes peut-être qui sont venues ici avant le coup d’État. Mais à partir du coup d’État, c’est massif, il y a des milliers de gens qui arrivent.»

«Avec la fin des dictatures vers 1990, dans les 30 dernières années, les gens arrivent ici comme immigrants ou parfois demandent le statut de réfugié, mais pour d’autres raisons que la dictature, soit pour de la discrimination ethnique, parce qu’ils sont menacés par les cartels ou parce qu’ils sont persécutés comme homosexuels.»

«Aujourd’hui, de ce que je sache, il y quelques centaines de Chiliens qui arrivent ici chaque année, mais pour des raisons strictement personnelles. Par exemple pour des études ou pour découvrir un nouveau pays.»

Élections au Chili

Le Chili est en pleine période électorale. Le premier tour de l’élection présidentielle s’est déroulé le 16 novembre, et comme M. del Pozo l’avait prédit durant l’entretien avec <@Ri>Le Courrier du Sud<@$p>, c’est la candidate de gauche, Jeannette Jara, qui est arrivée première, suivie de près par le candidat de droite José Antonio Kast.

«Au deuxième tour, c’est sûr que n’importe quel candidat de la droite va passer, parce qu’il va additionner tous les votes des autres candidats de droit. Je ne vois aucune chance pour Jeannette Jara», prédit-il.

Quels sont les principaux enjeux au Chili à l’heure actuelle? «Le problème éternel au Chili, ce sont les inégalités dans la distribution du revenu. Le manque de logement aussi. Mais le problème qui est devenu très actuel et qui peut décider l’élection, c’est la hausse de criminalité.»

Le deuxième tour de l’élection présidentielle aura lieu le 14 décembre.

José del Pozo sera au Salon du livre de Montréeal, au kiosque Septentrion, le vendredi 21 novembre de 18h à 19h.