La ministre de l’Économie, de la Science et de l’Innovation s’est de nouveau montrée avare de réponses quant aux engagements pris par Lowe’s envers Rona et le gouvernement du Québec afin de préserver les emplois et conserver le siège social à Boucherville.
Dominique Anglade a une fois de plus refusé de divulguer des informations à ce sujet après que la députée de Montarville Nathalie Roy lui ait fait parvenir une question par écrit.
Dans un document obtenu par La Seigneurie, Mme Roy questionne la ministre à propos de la nature des engagements pris par Lowe’s ainsi que des promesses spécifiques au siège social de Boucherville, notamment le nombre d’emplois qui y serait maintenu.
Dans sa réponse, Dominique Anglade se garde de révéler ou préciser une quelconque promesse, se limitant à dire que les «engagements de Lowe’s envers Rona ont été signifiés par écrit et l’entreprise doit s’y conformer». Elle ajoute que son ministère «s’est assuré du caractère stratégique du siège social de Boucherville».
Aucun engagement n’est spécifié dans la convention de vente qui a été présentée à huis clos aux actionnaires de Rona, le 31 mars.
Même si la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) détient 17% des actions de Rona et qu’elle est une société d’État, les renseignements concernant les transactions où elle est impliquée ne sont pas à la portée de la Loi d’accès à l’information puisqu’il s’agit d’investissements dans des entreprises privées.
Khadir demande aussi une commission parlementaire
Après le député fédéral de Pierre-Boucher–Les Patriotes–Verchères Xavier Barsalou-Duval, le député solidaire de Mercier Amir Khadir a lui aussi pressé le besoin de mandater une commission parlementaire afin de «faire la lumière» sur le rôle de la CDPQ et de son pdg, Michael Sabia.
Dans une entrevue au micro d’Alain Gravel, l’ex-chef de la direction de Rona Robert Dutton a tenu des propos laissant entendre à une possible ingérence politique de la société d’État qui aurait mené ultimement à son licenciement et à la vente à Lowe’s.
«Les déclarations de M. Dutton nous laissent croire que les institutions de l’État auraient pu jouer un rôle crucial pour non seulement permettre, mais encourager la vente de Rona à l’entreprise américaine Lowe’s, s’est indigné Amir Khadir. Si c’est le cas, ce serait plus que troublant! Il faut faire la lumière sur ces allégations avant que le Bureau de la concurrence et Industrie Canada ne donnent leur autorisation à cette transaction.»
Robert Dutton affirmait notamment avoir été poussé vers la porte par Michael Sabia puisqu’il n’était pas favorable à la vente de Rona, l’accusant aussi d’avoir remplacé plusieurs membres du conseil d’administration afin d’y greffer des gens favorisant la vente. L’homme de 61 ans a spécifié qu’il ne croyait pas que la CDPQ était à l’origine de la vente, mais croit qu’elle y a tout de même joué un rôle important, ajoutant même que le sujet serait digne d’intérêt pour l’émission Enquête.
«Y a-t-il eu de l’ingérence politique?, s’est questionné le député de Québec Solidaire. Est-ce que les dirigeants de la Caisse et d’Investissement Québec ont pris des décisions qui nuisent à notre contrôle collectif sur l’économie québécoise? Est-ce que des emplois ont été consciemment mis en péril en facilitant la vente de Rona? Est-ce que les fournisseurs québécois ont été sacrifiés au nom du soi-disant libre marché?»
