Texte du Brossard Éclair

SPECTACLE. «Tellement cave, tellement plate». «Épouvantable». L’équivalent de «se jeter dans la douleur». C’est en ces mots que Jean-Pierre Ferland, qui remonte sur scène avec Jean-Pierre Ferland arrive en ville, décrit la retraite, qui n’a rien pour lui convenir. Mais son retour sous les projecteurs n’est pas une raison pour fuir la retraite: il y replonge à pieds joints pour retrouver l’amour du public.

Jean-Pierre Ferland s’arrêtera à L’Étoile Banque Nationale le 10 avril pour y livrer le 4e spectacle de sa jeune tournée. Et ses 81 ans ne sont aucunement un obstacle à fouler à nouveau les planches des salles de spectacles du Québec. Il considère d’ailleurs, tout comme ses nouveaux musiciens, que sa voix est meilleure qu’avant.

Celui qui se dit «pas assez vieux et trop en forme pour la retraite» avoue que la scène aide à garder la forme. Pour le tonus, entre autres. «C’est le docteur le plus parfait; la scène est la plus magnifique des gardes-malades!»

Ce retour à la scène semblait écrit dans ciel. «J’adore le public. J’aime les entertainer, les faire rire. C’est ma famille. Une grande famille, direz-vous, mais belle! Une fois qu’on a goûté à ce contact chaleureux du public, on ne peut plus s’en passer.»

Voilà pourquoi chacun des spectacles du petit roi de la chanson québécoise est unique. Entre deux chansons, il improvise, il s’amuse et une interprétation comique le mène ailleurs.

Non seulement il s’est ennuyé de son public et son public s’est ennuyé de lui, mais ses chansons ont aussi trouvé le temps long sans lui, dira-t-il. «Elles m’ont dit « tu reviens vieux crisse »!», lance-t-il sans détour. Intransigeantes, ces chansons? «Je leur laisse beaucoup de latitude!»

Friand de risques

Néanmoins, après des décennies de carrière, la scène n’offre plus les mêmes papillons dans le ventre. «Il n’y a plus de challenge, plus de risque. Je m’ennuie du succès, c’est comme de l’énergie.»

Ce risque, il se l’offre avec sa comédie musicale La femme du roi, qui raconte l’histoire du duc et de la duchesse de Windsor, Édouard VIII et l’Américaine Wallis Simpson. «C’est tellement compliqué et c’est des millions de dollars. C’est moi qui les mets, mais je ne veux pas vendre ma maison pour ça!»

Pour ce qu’il a déjà qualifié de «projet de sa vie», les compositions sont écrites et les interprètes sont choisis – mais impossible de connaître des noms pour le moment! Le chanteur a tout de même révélé qu’il incarnerait le majordome, un ami de la famille. Pas un grand rôle, mais un rôle important. Et Ferland se disait près de ce «rôle de vieux».

Le projet verra le jour «avant que je crève», dit-il, prévoyant une première en 2016. D’ici là, Ferland offrira quelques aperçus de ces nouvelles compositions dans son spectacle solo actuel, histoire d’amener quelque chose de nouveau aux oreilles du public et de lui dire «voici ce que j’ai fait lorsque je n’étais pas avec vous!»

Les chansons jalouses

Même s’il continue à écrire, Jean-Pierre Ferland ne souhaitait pas un nouvel album, préférant consacrer ses énergies créatrices à sa comédie musicale. Sous l’insistance de son producteur de disque, il offrira tout de même un album, pour lequel il interprétera les Chansons jalouses, celles qu’il aurait rêvé d’écrire.

Oui, le père de l’album Jaune, considéré par plusieurs comme l’un des meilleurs albums québécois de tous les temps, aurait bien aimé signer d’autres pièces, comme Les vieux amants de Jacques Brel, Avec le temps de Léo Ferré et autres succès d’Aznavour, Bécault, Piaf.

L’amour, toujours l’amour!